UMP : ŕ l’insu de leur plein gré…

par Michel DROUET
mardi 27 mai 2014

On l’avait quitté au bord de la piscine d’un homme d’affaire sulfureux, puis retrouvé dans le rôle de Président autoproclamé de l’UMP sur fond d’arrangement avec les votes et le revoilà dans le rôle qu’il affecte : celui de l’indigné. On aurait pu croire que cette posture permanente d’indignation cachait une filiation avec Stéphane Hessel tant J. F. Copé affectait ce comportement indigné pour tout et pour rien, l’essentiel étant qu’on parle de lui.

Devant Jean Jacques Bourdin, hier matin, avec ses yeux de cocker triste, il a essayé de reprendre le rôle de victime laissé vacant par Cahuzac et Virenque avec ses dénégations : non, il n’était au courant de rien, tout cela s’est fait à l’insu de son plein gré, il laissait ces sombres histoires comptables aux gens « compétents », ce qui en creux met en lumière sa propre incompétence de président d’un mouvement qui brasse de l’argent, beaucoup d’argent. Pour un peu, il nous referait le coup de la théorie du complot en disant que tout cela est le fait de malveillants du parti qui veulent briser sa trajectoire présidentielle et prendre sa place voire d’un coup fourré des socialo-communistes et de l’extrême gauche.

Bref, il nous prend pour des imbéciles et le second rôle dans cette affaire, M. Lavrilleux, fait déjà office de victime expiatoire, en couvrant ses supérieurs, à l’instar d’un Juppé qui servit de fusible pour Chirac en d’autres temps et s’exila temporairement au Canada.

Même l’ex Président, pourtant très concerné par cette affaire, puisqu’il s’agit d’un dépassement supplémentaire de 10 Millions de ses frais de campagne, déclare « tomber de l’armoire ».

Que c’est beau cette naïveté en politique ignorée du plus grand nombre, cette confiance aveugle en des collaborateurs qui feront bientôt l’actualité des palais de justice et l’objet de mises en examen, alors que les « grands hommes » de cette affaire bénéficieront du statut de témoin assisté, entouré d’avocats médiatiques qui feront le procès en direct et acquitteront leurs clients prestigieux chaque soir au 20 heures des chaînes télé.

A chacun sa trajectoire : pour le voleur de pommes à l’étal du primeur, la comparution immédiate et pour les célébrités, le procès qui dure dix ans et qui se termine en eau de boudin noyé dans la procédure, voire abandonné suite à des négociations en coulisse et au final une condamnation symbolique pour le lampiste, celui qui n’a pas vu venir le coup, qui s’est fait enfumer, ou qui a accepté par avance par pure abnégation, bien sûr, la sentence, au prix d’un parachutage doré.

Voilà, la justice est à l’œuvre, et on espère que sa marche ne sera pas entravée. Jusqu’à présent on ne peut qu’être abasourdi par le système de défense des protagonistes de cette affaire qui en dit long sur leur incompétence, à eux, ces hommes à qui on a confié, un jour, les rênes d’un pays : pas étonnant que le déficit se soit creusé.

En ce moment terrible pour la vie d’un parti, on aura une pensée émue pour tous ses adhérents et ses militants, en particulier ceux qui ont mis avec enthousiasme la main à la poche pour prendre à leur compte les frais de campagne non remboursés pour cause de dépassement du plafond. Les finances de leur parti, après cette malversation, vont sans doute bientôt nécessiter qu’ils mettent à nouveau la main à la poche, à moins qu’ils ne prennent les jambes à leur cou et rejoignent les rangs de Mme Le Pen qui promet monts et merveilles en matière de transparence.

Voilà le bilan du passage de son président à la tête de l’UMP, parti moribond, endetté, tiraillé par des dissensions internes et des ambitions démesurées. Nul doute que si ce parti survit à cette tornade, il aura du mal à trouver un successeur gérant de tutelle dépourvu d’ambitions présidentielles.

L’avenir s’annonce morose pour ce parti et au-delà de cette considération, cette affaire fera des ravages dans l’opinion publique et favorisera encore plus l’avènement des extrêmes : beau bilan ! 

 


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