UMP : changer la forme pour ne rien faire sur le fond

par Laurent Herblay
vendredi 17 avril 2015

Nicolas Sarkozy a tranché : pour tenter de faire oublier les affaires associées à son nom, le parti dont il est le président va en changer pour prendre celui des Républicains. Outre le caractère bien optimiste de croire que cela fera oublier le passer, ce choix est significatif à plusieurs titres.

Communiquer pour ne pas réfléchir
 
Le plus incroyable depuis le retour de Nicolas Sarkozy, c’est de constater combien l’UMP a tout simplement renoncé à réfléchir. La campagne pour la présidence du mouvement avait plus à voir avec l’élection du vainqueur d’un Loft Story vaguement politique que de l’élection du premier parti d’opposition. Tout semble s’être joué sur l’équation personnelle des candidats et quelques postures bien davantage fondées sur leurs caractères plutôt que le fond de leur programme. C’est d’ailleurs la triste pente que prend le combat à venir des primaires, entre un Alain Juppé qui présente un visage plus modéré dans les Inrocks quand Nicolas Sarkozy semble vouloir suivre la voie de 2012.
 
En revanche, sur le fond, c’est l’encéphalogramme plat. Le président de l’UMP semble préférer les colloques grassement payés à la réflexion. Les quelques idées qu’il a avancées ne sont qu’une resucée de ses campagnes passées, certaines appliquées pendant son quinquennat, d’autres pas. Nicolas Sarkozy n’a pas avancé le début d’une véritable réflexion nouvelle, se contentant de surfer sur les vagues de l’actualité et le mécontentement à l’égard du président actuel. Et Alain Juppé est également en service minimum, semblant uniquement compter sur son équation personnelle, ainsi que celle de son principal adversaire, pour être élu candidat de son camp fin 2016. Bienvenue au Loft de l’UMP.
 
Le peu de sens qui émerge
 
Bien sûr, le nom qui a été choisi ne l’a pas été au hasard. « Les Républicains » s’appuie sur deux atouts pour les communiquants de la rue de la Boétie. D’abord, il est enraciné puisque le terme de Républicain a fait partie du nom du parti gaulliste dans les années 50, jusqu’à sa dissolution dans l’UMP. Et la principale composante, plus libérale, de l’ancienne UDF était le Parti Républicain. Les centristes pourraient même y voir un clin d’œil à leur ancêtre du MRP, en fouillant dans notre histoire politique. Mais ce choix s’explique aussi sans doute comme une volonté de marquer une différence avec le FN en disant que la descendance de l’UMP est républicaine, au contraire du parti lepéniste.
 
Néanmoins, il est probable que cette affirmation, ni claire ni compréhensible pour la plupart des électeurs, n’aura pas le moindre impact sur leurs votes. En outre, on peut penser que l’image de Nicolas Sarkozy est plus abîmée que celle de l’UMP quand on juge les résultats des élections de 2012 et 2015. On peut penser qu’il s’agit d’une faute de communication de changer aussi tard de nom, ne laissant pas assez de temps pour l’installer d’ici à 2017. En outre, il est aussi difficile de ne pas y voir l’expression d’un surmoi étasunien, peu surprenant pour un président qui courrait dans un tee-shirt NYPD… Ne lorgne-t-il pas outre-Atlantique en rebaptisant son parti du nom de la droite des Etats-Unis ?
 
L’avantage de ce changement de nom pour l’UMP, c’est qu’il permet de s’occuper de la seule chose qui semble désormais intéresser nos politiques : une communication complètement coupée de toute réflexion sur le fond. Difficile de ne pas y voir une bulle qui pourrait exploser en 2017.

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