UMP : Les sondages et les médias sont aussi les perdants

par REMY Ronald
samedi 1er décembre 2012

Comme pendant la campagne présidentielle de Sarkozy, on a assisté à un lynchage médiatique de Copé, sur la base de sondages qui se sont avérés complètement erronés. Copé aurait pu faire un scandale pour ce spectaculaire déséquilibre en faveur de Fillon. Il s'est contenté de travailler avec acharnement, de creuser son sillon et de préparer méticuleusement sa victoire. Il est utile maintenant de bien comprendre ce qui s'est passé en réalité, par delà les accusations et les médisances toutes aussi nombreuses et erronées après l'élection qu'avant.

Vu l'avalanche de propagandes de mauvaise foi contre Copé, bien que non membre de l’UMP, j'éprouve l'envie de prendre sa défense.

1°) Fillon et son camp ont été endormis par les sondages et les médias qui les annonçaient gagnant à 70 contre 30. Comme lors de la présidentielle où Sarkozy a remonté et a failli battre Hollande à 15 jours prêt, c'est en tout premier lieu l'échec des sondeurs et des médias qui ont largement perdu la face (comme Fillon lui-même d'ailleurs).

2°) Fillon se croyant gagnant quoiqu'il arrive, a sous-estimé l'importance logistique de l'appareil UMP laissé entre les mains de Copé. C'est une grossière erreur de sa part et Fillon ne peut que s'en prendre à lui-même.

3°) Pendant que Fillon se trompait complètement d'élection (s'adressant déjà à de futurs électeurs ne votant cependant pas à ce scrutin), Copé a tactiquement affuté son discours vers les militants de base UMP, soigné le travail de terrain et intensivement recruté des adhérents, les faisant systématiquement venir voter ou donner des procurations. Au point d'en récolter 3 fois + que Fillon. Lorsque l'on s'est endormie sur une victoire prétendument assurée, il est un peu facile ensuite de crier à la fraude !

4°) C'est Fillon qui a exigé l'archaïque, long et coûteux vote papier (surtout avec les 180 huissiers payés 300 Euros de l'heure en moyenne) contre le vote numérique plus rapide, plus pratique, bien moins cher et réglant d'un coup le fameux problème des procurations. Fillon a payé pour son assurance et aussi pour son archaïsme.

5°) C'est le clan Fillon qui gérait la majorité des urnes où il y a eu des litiges. Les fillonnistes ayant mal fait leur travail doivent assumer leurs responsabilités.

6°) C'est Copé qui a organisé la création des Mouvements internes à l'UMP contre l'avis du conservateur Fillon qui préférait maintenir la stérile violation des statuts. Les mouvements ont recruté pour eux-mêmes (qu'ils soit centristes, libéraux, humanistes, etc.) et ont donc recruté pour l'UMP, et indirectement pour Copé. Les médias ont oublié de dire que c'était la victoire des mouvements contre "Fillon le facho" qui refusait l'expression des courants internes.

7°) Le clan Fillon était membre de la commission électorale Cocoe. Il aurait du voir, lui aussi, dès le début, l'oubli des 3 fédérations (au lieu d'attendre 2 jours).

8°) Le clan Fillon était membre de la commission des recours et aurait pu jouer à fond ses réclamations, huissiers à l'appui. Envoyer un huissier APRES le travail de la commission de recours était bien pathétique (pour un ancien premier Ministre), alors qu'il fallait utiliser les huissiers pendant le vote, pendant la Cocoe et pendant le recours.

9°) Les continuelles tentatives de putsch anti-statutaires de Fillon (contre la création des Mouvements, contre l'élection inattendue de Copé, contre la commission des recours, contre le référendum sous contrôle de la commission (également statutaire) des sages, contre le rassemblement en fin de scrutin (en créant un groupe parlementaire RUMP), ont discrédité cet homme pour la future présidentielle.

10°) Les flots continus de médisances et d'insultes publiques médiatisées contre les instances de l'UMP et Copé, ont inutilement aggravé l'ambiance, alors que Fillon n'avait pas besoin de s'abaisser à cela pour agir efficacement et à temps avant, pendant et après l'élection.

Navré de vous contredire tous, mais je ne vois vraiment rien de rassembleur chez Fillon (ayant rejeté avec entêtement le vote électronique, les courants puis le référendum interne). La mobilisation du tribunal d'Instance et le lancement du RUMP en pleine médiation Juppé était 2 cassus bili malhonnêtement prémédités (sortez vos calendriers et montres pour vérifier ces 2 points précis) lui a enlevé toute crédibilité éthique pour se présenter à une présidentielle.

Copé va donc continuer son travail et maintenant pousser les Mouvements internes à recruter des centristes, des humanistes, des libéraux voire des écolos indépendants (y compris au sein de l'UDI et du RUMP !) en prévision des prochaines municipales. Car, contrairement aux affirmations médiatiques, Copé est un joueur d'échecs intelligent et ne se laissera absolument pas enfermer "à droite de la droite". C'est un populiste pragmatique qui se pliera souplement à toutes les ouvertures opportunistes nécessaires pour enfin gagner des élections (Lui et les militants en ont plus que marre de les perdre à cause de l'archaïsme Filloniste).

Ais-je été, ici, un "avocat neutre" convainquant ? A+ pour le débat. Cordialement.


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