Un désir d’avenir socialiste encore limité

par François Kraus
mardi 10 octobre 2006

Alors que le dernier baromètre BVA - L’Express confirme la large avance de la gauche dans les souhaits de victoire des Français en 2007 (10 points d’avance), un sondage CSA pour "Le Bleu de profession politique" vient tempérer ce “désir d’alternance” socialiste.

Malgré une droite au pouvoir depuis plus de quatre ans, une majorité des sondés n’est guère convaincue de la capacité du PS à faire mieux que l’actuelle majorité.

Moins d’un Français sur trois (31%) pense que le parti de François Hollande, quel que soit son candidat à l’élection présidentielle, mènerait une meilleure politique que l’UMP s’il parvenait au pouvoir. Ils sont même légèrement plus nombreux (33%) à penser que les socialistes conduiraient une politique moins bonne que ce parti. A noter que 12% d’entre eux ne se prononcent pas, et qu’un quart (24%) répondent spontanément que la politique du PS ne serait "ni meilleure, ni moins bonne" que celle de l’UMP.

Cette incapacité du PS à apparaître comme une solution alternative au gouvernement actuel révèle les difficultés des Français à voir dans son projet des idées nouvelles et suffisamment distinctes des politiques menées depuis des années. Il est vrai que la surexposition médiatique de ses querelles de personnes durant la course à l’investiture a fait passer second plan les propositions contenues dans son programme présidentiel. Mais plus largement, il doit faire face à la concurrence de Nicolas Sarkozy qui a su s’imposer comme une force de proposition alternative au sein même de la majorité. Contribuant à un certain brouillage du clivage droite/ gauche, ce tour de force n’est certainement pas étranger aux difficultés qu’éprouvent les socialistes à faire passer leur message. Mais après l’investiture de leur candidat, ils peuvent espérer que la défense de leur projet par une seule voix le rendra plus clair et plus audible.

Cela semble d’autant plus important qu’actuellement, les questions les plus prégnantes (immigration, insécurité, banlieues...) ne leur sont pas favorables. En effet, l’enquête révèle que si le PS apparaît comme le plus à même de lutter contre le chômage (37% contre 34%), d’améliorer le système éducatif (41% contre 31%) ou d’assurer l’avenir de la protection sociale (51% contre 27%), il est distancé par l’UMP pour la lutte contre l’insécurité (53% contre 26%), le contrôle de l’immigration (46% contre 30%) et aussi pour la relance la croissance économique (40% contre 33%). Si la baisse du chômage continue, l’UMP risque ainsi de se trouver en position de force dans le débat présidentiel.

Comme l’explique Mathieu Doiret, de l’Institut CSA, l’enjeu pour chacun des deux partis est donc d’imposer ses thèmes privilégiés dans la campagne : « Si l’UMP impose les thèmes de la sécurité et de la croissance, elle bénéficiera d’un réel avantage et pourrait interrompre le cycle continu de l’alternance. Si le PS réussit, comme en 1997, à mettre en avant les thèmes de la protection sociale et de la priorité à l’emploi, il pourra s’appuyer sur sa crédibilité dans ces domaines pour susciter le désir d’alternance, sans lequel il ne pourra pas l’emporter. »


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