Un duol parapluie
par alinea
mardi 30 mai 2017
pardonnez ce drôle de titre que je vous explique tout de suite :
Duo/duel, protection.
J’ai écouté en direct avec attention la conférence de presse de Vladimir Poutine et Emmanuel Macron. J’ai trouvé Poutine très retenu, et Macron très à l’aise. Certes ils n’ont pas annoncé une révolution des mœurs internationales, mais j’ai ressenti pour la première fois depuis longtemps une franchise, plutôt de la part de Macron, bienvenue. Il m’a, non pas épatée, mais positivement impressionnée, au sens propre de l’impression.
Vladimir Poutine m’a paru plus opaque, je dois avouer que son attitude m’était indéchiffrable. Aussi me garderai-je d’en tirer la moindre supposition. L’avenir, et les analyses qui suivront pourront peut-être porter quelques éclaircissements. Affirmer la volonté d’un dialogue franco-russe, insister sur l’amitié historique entre nos deux pays, n’est, bien sûr, pas fait pour me déplaire. Comme je n’associe pas, ni de près ni de loin, Macron à Trump , disons que je porte une confiance à ses affirmations, tout en sachant que d’autres influences pourraient bien ternir ces belles paroles.
Cependant m’est venu à l’idée que cet homme avait des chances d’être plus libre que je ne pouvais le croire tout au long de sa campagne. ( J’ai entendu par exemple qu’il n’allait pas voté CETA des deux mains sans réflexion).
Si bien que j’en viens à penser qu’en duol avec Jean-Luc Mélenchon, ce ne serait pas blocage à tous les étages mais bien possibilité de redonner à la France une posture internationale dont on a eu l’habitude naguère, et qui peut de ce fait nous paraître légitime, Macron étant le parapluie qui la protégerait des marchés et des débordements politiques ultralibérales, avec un Mélenchon, parapluie du peuple contre les mêmes débordements, garantissant et accentuant une ligne internationale toute à l’honneur de la France vis à vis de la Russie et du reste du monde.
Pas la révolution anarchiste dont je rêve, pas la révolution marxiste dont certains rêvent, mais un « rattrapage » des molles erreurs passées qui nous ont mis dans le pétrin.
Nous pourrions imaginer une bonne opposition à l’Assemblée Nationale, avec une majorité FI, et des groupes parlementaires FN, LR, qui mettent Macron en minorité.
Je voudrais juste expliciter quelque chose qui arrive et que je n’ai pas encore eu le temps de digérer : le désir d’une opposition FI majoritaire à l’Assemblée, non pas comme frein aux délires macronistes, mais comme possible complémentarité, comment dire, pragmatique, qui n’empêche pas l’avancée d’une politique mais qui la recadrerait, au moins pour cinq ans, dans quelque chose de vivable, aussi bien matériellement pour la population, que moralement, au niveau d’une nation qui retrouverait non seulement sa dignité, mais sa cohésion intérieure.
J’ai ressenti cela comme possible ; brut de décoffrage bien sûr puisque cette conférence de presse vient de se terminer et que je vous en exprime les idées qui me traversaient au cours de son écoute.
J’ai, par l’attitude de Poutine, soudain envisager les choses à venir tout autrement. Il semblait, non pas aiguillé par une quelconque convenance, ni excité par une quelconque révélation, je l’ai vu comme je l’ai vu avec Obama ou d’autres , au cours de toutes les vidéos que j’ai pu visionner, mais puisqu’il s’agit de nous, j’ai senti chez lui une porte ouverte, quelque chose qui ne roule pas sur les habitudes et le savoir vivre idoine en pareilles circonstances. J’ai eu le sentiment que dans l’avion qui le ramènera à Moscou, ou après y être arrivé, il réfléchira à cette ouverture pas tout à fait sur le même ton que d’habitude. Peut-être a-t-il été étonné.
Une porte s’ouvre je crois, il ne faut pas la laisser toute ouverte sans garde-fous, donner au pouvoir tout pouvoir, -quelles influences viendraient le durcir ?-, mais au contraire lui poser les balises d’une cohabitation bienfaitrice parce que sans duel, mais qui ne laisserait pas l’avenue ouverte devant un duo. Notre vigilance doit toute entière être attentive, prompte à s’exprimer, mais si on y pense, quel bel exercice politique nous est offert là.
Je regardais ces deux hommes derrière leur pupitre et on ne peut pas dire que la virilité de l’un et la féminité de l’autre nous sautaient aux yeux ! C’est curieux d’ailleurs cette répulsion de la virilité qu’arborent beaucoup d’hommes ! C’est curieux cette manière de cataloguer Poutine homophobe par son refus de faire de l’homosexualité une belle idée qu’on donnerait en publicité aux jeunes !
Je ne crois pas que l’étude ait été faite, et il m’intéresserait de la faire ou la connaître : le rapport d’un homme politique à la Femme, la mère, l’épouse, le sexe. On peut déjà en faire un croquis, de ceux qu’on connaît. Et cela donne un début d’idée.
En écoutant « notre » président, dont je ne pouvais pas imaginer qu’il pût l’être, et que je ne soutiens pas, je réalisais que ma génération n’est pas la seule à n’avoir jamais eu un gouvernement à « notre goût », nous autres de gauche, et que cela fut d’une telle évidence tout au long de ma vie : le pouvoir en place est à combattre.
Seulement, depuis deux lustres, nous avons connu pire : la honte. Et soudain, en voyant ce gamin qui pourrait être mon fils, je n’ai pas ressenti de honte. Ce fut comme quelque chose de très nouveau qui advenait, quelque chose dont je ne suis pas sûre que cela perdurera mais qui pour l’heure était comme un soulagement, inespéré et pas pressenti.
En tous les cas, chers concitoyens, ne négligez pas la démocratie qui, si elle n’est pas duel n’est pas duo, pas consensus, pas pouvoir absolu, mais dispute, mais rapports de force, et faisons que l’opposition soit musclée, ce n’est qu’ainsi que nous retrouverons notre dignité.