Une autre droite peut libérer la France de Sarkozy

par Georges Yang
vendredi 17 avril 2009

Encore, ou plutôt seulement trois ans avant les prochaines élections présidentielles. Au niveau de la vie politique d’un pays, il s’agit tout juste d’un instant, d’une parenthèse. Au niveau du vécu individuel, cela peut paraître une éternité pour ceux qui subissent l’actuel président et ses incohérences. Or, on ne sort pas aussi vite un nouveau candidat présidentiable qu’un lapin d’un chapeau. Cela demande du temps, des tentatives, des discours, des expérimentations et des recherches d’alliances.

Le Parti Socialiste a toutes les qualités requises pour sortir ce nouveau lagomorphe de son couvre-chef. Hélas, ou heureusement, selon que l’on apprécie ou non ce parti, il est assez mal parti pour présenter quelqu’un en position de battre Sarkozy en 2012. Pour tous ceux qui n’en peuvent plus de l’histrion de l’Elysée, il ne reste d’espoir que dans François Bayrou ou un candidat issu de la Droite présentable. Cette année devrait être celle de l’émergence d’une opposition de droite.

En 2002, l’union sacrée s’était faite autour de Jacques Chirac en une France épouvantée par l’arrivée de Jean Marie le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Dominique Strauss-Kahn s’était bouché le nez, mais il avait voté pour le grand Jacques comme une immense majorité d’électeurs. En 2012, les narines de la gauche seront peut-être habituées aux odeurs, mais elles devront à nouveau faire un choix. Donner un second mandat à Sarkozy ou accepter de voter au second tour pour Bayrou ou soit Juppé ou Villepin. Dans l’hypothèse peu probable où Sarkozy ne se représenterait pas, le choix serait donc entre l’un des trois déjà cités face à un des domestiques, séides ou bouffons de l’ancien maitre, c’est-à-dire Bertrand, Fillon ou Copé. Triste perspective pour le peuple de gauche incapable de se trouver un leader à la fois compétent et présentable à l’opinion publique.

Les candidats potentiels à gauche sont légions et ce n’est pas le manque de compétences mais le trop plein qui pose problème. Strauss-Kahn, Fabius, Aubry, Delanoe ont les qualités mais passent mal dans les magazines people et les émissions de variété. Ils feront un honorable 45% avec des débats tenus dans la dignité et la compétence. Les Vals, Montebourg, Hamon, Bové, Mélenchon et autres plus ou moins jeunes loups sont soient trop jeunes soit insuffisamment fédérateurs.

Quant à Besancenot, il est l’assurance d’une victoire écrasante de Sarkozy si jamais, suite à une dégradation énorme du climat social il arrivait à atteindre le second tour. Il prend doucement et surement la place qui était dévolue à Marine le Pen. 

Reste Ségolène Royal, la plus populaire dans l’opinion publique, mais hélas la moins compétente, la plus inconsistante et la plus frivole. Elle est la seule qui peut encore faire pardonner les erreurs, les mensonges et les outrances de Sarkozy par simple effet de comparaison. Ségolène Royal est la meilleure chance de victoire pour Sarkozy en 2012, il le sait et il fera tout pour qu’elle soit là, au second tour !

 

Alors, il est probable que de nombreux démocrates, d’électeurs attachés aux valeurs de la République, à l’honneur de la France, qui ne croient pas aux pitreries et aux inconséquences de Madame Royal, se disent à quoi bon voter pour quelqu’un qui sera obligatoirement vaincu par Sarkozy au second tour. Pourquoi le peuple de gauche n’accepterait-il pas ne pas s’en débarrasser en favorisant un candidat du Centre ou de la Droite raisonnable, même s’il ne correspond pas exactement aux souhaits qu’inspirent la crise et au renouvellement désiré depuis l’avènement de Sarkozy. Les Français sont las de leur président, ils sont souvent désemparés et ceux qui ne sont pas anesthésiés par les vocalises de Royal se sentent désespérés.


François Bayrou était le choix d’une majorité d’intellectuels modérés, mais il a déçu beaucoup de ses électeurs potentiels. Il peut se réveiller d’ici 2012, mais pour parvenir au sommet, il lui faudrait affronter un candidat socialiste incolore, issu d’un consensus mou sorti d’un congrès bancal et qu’il n’y ait aucun autre anti-sarkosiste consistant à droite.

Le peu télégénique mais très retors et futé Holland l’a très bien compris. Il tend la main au Béarnais pour au choix, mieux l’assassiner le moment venu, tel un Ravaillac de la Creuse, ou l’aider à se faire élire s’il s’aperçoit que le PS est moribond et qu’un geste pas trop tardif permettait en retour quelques ministères octroyés par le candidat du Modem une fois élu.


La solution, le moindre mal pour tous ceux qui n’en peuvent plus de l’actuel président serait donc de se reporter sur un candidat issu de la droite classique non exubérante, bling-bling et m’as-tu vu. Sarkozy le sait et fera aussi tout pour empêcher la résurrection de Dominique de Villepin ou d’Alain Juppé à coups d’intimidation, de renseignements généraux, de tous les coups bas possibles et imaginables. Sarkozy est assez pervers et fin politique pour jouer Juppé contre Villepin et éviter toute alliance entre les deux en flattant l’ego du Bordelais.

Dominique de Villepin a beaucoup de sympathisants à droite, mais peu osent se déclarer de peur de viles vengeances de la part de l’UMP. Ces potentiels partisans d’un changement à droite visent le maintien de leurs privilèges et veulent s’assurer un fief électoral. Nombreux édiles, maires ou députés se rallieront à Villepin s’ils le croient capable de gagner, c’est à dire de les mettre à l’abri des représailles et des coups bas de Sarkozy et de ses sbires, mais pas avant d’en avoir la certitude. En attendant, à de rares exceptions comme François Goulard, Georges Tron, Jacques le Guen ou Jean Pierre Grand, les autres « courageux adversaires » de Sarkozy font profil bas mais sont une potentielle armée des ombres au sein ou en périphérie de l’UMP avec d’anciens chiraquiens actuellement tapis derrière Jean-Louis Debré.

 

La pilule sera amère pour la gauche qui a honni Chirac (devenu si sympathique depuis qu’il a quitté le pouvoir). Dur aussi pour la jeunesse manipulée qui a combattu Villepin lors des manifestations contre le CPE. Mais si la haine envers Sarkozy est encore plus forte, ils se rallieront par choix politique et contre mauvaise fortune bon cœur.

Sarkozy qui encourageait en sous main les manifestations anti CPE pour couler Villepin trouvera-t-il d’ici les trois années à venir un nouveau cheval de Troie pour l’abattre à nouveau ? Rien n’est moins sur, mais Royal sera sa meilleure alliée en cette tâche. Alliance de médiocres, double hommage du vice à la (très relative) vertu.


L’élan républicain de la gauche serait d’éviter le piège du ridicule avec Royal et de se concentrer sur 2017 en passant la main au Centre ou à la Droite respectable pour 2012, avec pour objectif principal, la défaite de Sarkozy et par conséquences la disparition de ses arrogants second-couteaux du paysage politique français. Ce n’est guère gratifiant, mais il faut savoir quelquefois faire des sacrifices pour mieux rebondir. 


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