Une génération militante sacrifiée

par CHALOT
vendredi 12 août 2011

Ils ont cru au « socialisme réel »...Certains sont partis étudier en Allemagne de l'Est pour en apprendre plus et s'armer pour les combats futurs...

Les plus endurcis ou les plus crédules ont continué jusqu'au bout à croire qu'ils servaient la cause de l'humanité et que le système stalinien n'était là que pour défendre les acquis sociaux et politiques menacés par l'impérialisme...

D'autres ont été broyés, laminés.... éliminés ou cassés...

C'était une génération communiste sacrifiée....

Aujourd'hui, des livres comme « L'homme du lac » d'Arnaldur Indridason lèvent un peu le voile sur cette période où un étau puissant empêchait toute une génération de comprendre que le stalinisme n'était pas une perversion du communisme mais sa négation !
 

« L'homme du lac »

roman policier d'Arnaldur Indridason

mai 2009

Editions Métaillé

405 pages

 

« Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru »

Cet auteur de romans policiers occupe une place originale.

Il sait très bien et avec efficacité redoutable construire un suspense tout en se livrant à une réflexion sur l'histoire et l'actualité de la société islandaise.

L'Islande, petit pays peuplé de 320 000 habitants a joué un rôle important au moment de la guerre froide . Il est vrai que sa situation géo-politique la prédisposait à ne pas rester en dehors de la guerre des services secrets américains et soviétiques....

L'histoire commence dans ce livre par la découverte d'un cadavre vieux de quelques décennies dans un lac où l'eau s'est retirée sous l'effet d'un tremblement de terre.

Quelle est l'identité de cet homme ?

Comment est-il mort et pourquoi ?

La présence d'un émetteur radio russe est un indice précieux qui permet à l'équipe d'enquêteurs de faire actionner la machine à remonter le temps.

C'est ainsi que le lecteur est projeté à la fin des années 50 dans ce milieu de jeunes étudiants socialistes envoyés à l'université de Leipzig en Allemagne de l'Est....dans une époque où l'idéalisme était confronté avec la caricature de socialisme.

Tout le monde n'a pas participé au choeur de louanges et certains payent le prix de la clairvoyance...La Stasi est toute puissante.

Que sont devenus aujourd'hui ces étudiants islandais à leur retour au pays ?

Quel est le lien entre leur vie là bas et le cadavre retrouvé un demi siècle après ?

Comme dans tous les bons polars, le lecteur attend le dernier chapitre, voire les dernières pages pour que la lumière lui vienne.

Arnaldur Indriason est à la fois implacable dans sa critique de la société islandaise et à la fois lucide. En revenant sur cette époque de la guerre froide, il ne se laisse pas aller à la caricature facile :

« Le socialisme n'a rien à voir avec l'ignominie absolue qu'en ont fait Staline ou les infâmes dictatures qui s'étaient développées en Europe de l'est. »

Voici un bon « polar » bien écrit et qui ne se contente pas d'amener une intrigue criminelle.

Jean-François Chalot


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