Une promotion délicate pour Najat Vallaud-Belkacem

par Tanéléo
mercredi 27 août 2014

Après la démission du Gouvernement Valls hier, lundi 25 août 2014, le nouveau Gouvernement a été annoncé ce jour en fin d'après-midi. Pas vraiment de grands changements, mais il est à noter la nomination de Najat Vallaud-Belkacem à la tête de l'éducation nationale. Une promotion qui s'annonce toutefois délicate compte tenu de ce ministère et des positions de notre ministre.

Une ascension au sein du Gouvernement

Najat Vallaud-Belkacem s'est fait connaître du grand public après l'élection présidentielle de 2012 remportée par François Hollande. Elle est alors nommée ministre des droits des femmes mais aussi porte-parole du Gouvernement. Il n'est pas exagéré de dire que la fonction de porte-parole fut difficile face à une UMP amère et vindicative suite à sa défaite et à l'élimination de son "chef" N. Sarkozy. D'autant plus amère que la droite a perdu toutes les élections sous le mandat précédent.

Mais Najat Vallaud-Belkacem, dont certains imaginaient qu'elle allait se faire "manger" par les tenors de la politique du parti d'opposition, a su faire face et se montra digne de sa fonction lors de ses passages télévisuels.

Ce qui explique très probablement sa nomination en tant que ministre des droits des femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports en avril 2014 dans le Gouvernement Valls 1 ; et ce qui explique probablement tout autant sa promotion en tant que ministre de l'éducation nationale aujourd'hui.

Une promotion délicate

C'est donc à peine âgée de 37 ans que Najat Vallaud-Belkacem arrive à la tête d'un important ministère, de surcroit réputé difficile. Mais ce n'est pas uniquement pour cette raison que sa promotion va être délicate.

En effet, notre ministre s'est dernièrement attirée les foudres d'une partie de la population pour son positionnement face à la "théorie du genre", selon laquelle, en substance, les caractères féminins et masculins seraient davantage culturels que biologiques.

Aussi sa nomination à la tête du ministère de l'éducation nationale inquiète. La présidente de la "Manif pour tous" a d'ailleurs déjà appelé à manifester en réaction à cette nomination. Des manifestations qui risquent toutefois de se noyer parmi les habituelles manifestations de la rentrée, et parmi toutes celles qui innondent notre vie citoyenne, la culture de la manifestation étant bien ancrée en France.

La promotion de Najat Vallaud-Belkacem énerve aussi certains pour d'autres raisons. Tout d'abord parce qu'elle est la première femme à la tête de ce ministère et qu'il est encore bien difficile pour les femmes de se faire accepter à des postes importants ; ensuite parce qu'elle est née au Maroc. Bref, une femme d'origine marocaine à la tête d'un ministère, cela certains Français ne sont pas encore capables de l'accepter.

Cette nomination ne doit pas être perçue comme une provocation mais comme une continuation. Compte tenu de la détresse intellectuelle dans laquelle s'est trouvée la France après le mandat de N. Sarkozy, il fallait réhausser la mentalité française. Une première étape fut faite avec le "mariage pour tous" ; aujourd'hui une seconde s'accomplie avec la nomination de N. Vallaud-Belkacem.

Il s'agit donc, non pas d'une provocation, mais d'une continuation du processus pédagogique qui vise deux objectifs : d'une part rappeler que ce n'est pas avec l'état d'esprit emprunté au bistro du coin que l'on gouverne un pays et qu'il faut cesser d'écouter et donner de l'importance aux mentalités d'un autre temps ; d'autre part, il s'agit de façonner la culture et la mentalité de la France de demain. Ou pour le dire plus simplement : il est question de changer les mentalités et la mentalité dominante.

La tâche s'annonce donc délicate pour notre ministre. Et elle s'annonce même double : réussir à faire quelque chose à la tête de ce ministère, tout en incarnant le changement de mentalité que la France se doit d'opérer si elle veut se constuire un avenir.

Crédits image : Wikipédia


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