#Valls : ce Javert qui casse du salarié

par syd93
vendredi 15 février 2013

Manuel Valls est, sans aucun doute possible, un redoutable casseur du salariat français. Pour ceux qui en douteraient, ou qui refuseraient d’admettre cette froide réalité en raison de leur proximité avec le parti social libéral dont Valls est un des membres essentiels, il suffit d’observer qui le ministre de l’intérieur a décidé de protéger, qui le ministre de l’intérieur a décidé de réprimer. Alors on comprend que le ministre de l’intérieur devient le bras armé des patrons du CAC 40 qui, pour des logiques financières, licencient, délocalisent et détruisent le tissu économique. Alors on comprend qu’il prend pour cible ceux qui cherchent à protéger l’outil de travail français, ces salariés, ces représentants syndicaux qui luttent contre la désindustrialisation du pays et qu’il devrait pourtant, en théorie, protéger, puisqu’il est de gauche. 

Mais plus question d’être de gauche pour le gouvernement que Manuel Valls défend avec ses compagnies de CRS. Seulement il ne faut pas que cela se voit. Il faut, coûte que coûte, faire durer l’illusion que François Hollande est un président qui fait la guerre à la finance, il faut entretenir coûte que coûte cette illusion selon laquelle Jean-marc Ayrault n’est pas le premier ministre de Laurence Parisot. Dès lors, il convient d’entretenir l’idée qu’il existe deux types de salariés, deux types de représentations syndicales. D’un côté les responsables qui acceptent l’accord Medef que le gouvernement entend faire valider par une assemblée aux ordres. De l’autre, les irresponsables, casseurs, voyous qui refusent d’entendre la raison de l’accord Medef.

Dans un premier temps, il faut marginaliser les luttes sociales et les syndicats en pointe de la défense du salariat. Ces luttes sont nécessairement violentes et le fruit d’hommes et de femmes extrémistes. Leur méthode est l’affrontement, pas la négociation. Sinon, ils auraient accepté un accord que seule Laurence Parisot qualifie d’historique. Et il l’est en vérité. Mais pour le grand patronat français qui pourra lancer des PSE sans contrôle, sans garde fou. 

Aussi, l’envoi par dizaines de compagnies de sécurité pour faire face à des salariés désemparés par le chômage qui les guette n’a qu’un objectif. Les faire apparaitre comme bien plus menaçantsqu’ils ne le sont pour l’ordre social, par un simple effet de contraste. S’il est nécessaire d’envoyer des centaines de gardes mobiles pour canaliser des ouvriers, c’est bien la preuve qu’ils sont hystériques et prêts à tout casser. Les médias mordent à l’hameçon et dépêchent sur place des reporters spéciaux comme ils le feraient pour couvrir des scènes de guerre. Ensuite on gaze, on tire, on fait des victimes. C’est la preuve ultime qu’il fallait rétablir l’ordre.

Toujours par contraste, Valls, au nom de son gouvernement, infuse l’idée qu’il existe des syndicats responsables et sérieux. Car les lieux choisis pour “restaurer l’ordre” sont toujours des lieux où les syndicats impliqués dans la défense des salariés sont des organisations non signataires de l’accord Medef. Dans le collimateur, la CGT et FO. Ainsi, les émissions TV et articles de journaux de dénigrement de la CGT ou de FO se multiplient. C’est bien connu, avec eux il est impossible de parler, il est impossible de discuter. Mieux, ou plutôt pire, ils défendent des luttes d’arrière garde préjudiciables à la modernisation de l’économie et à sa libéralisation, préjudiciables à la lutte contre le chômage. Ainsi, les responsables de la crise et du chômage finissent par être les représentants du salariat. Ainsi, les responsables du grand patronat n’y sont pour rien, ils modernisent. 

Dès lors, l’échiquier est en place. En envoyant la force contre les salariés on défend “l’avenir et la modernité” contre une vision passée et obsolète de l’économie. Et la modernisation ça produit inévitablement des dégâts collatérraux qu’il faut admettre. Le grand patronat, son accord et ses alliés protègent l’outil de travail, les vieux syndicats le détruisent. La mécanique est limpide. Elle est surtout révélatrice de ce qu’est la réelle nature du gouvernement Ayrault sous la présidence Hollande : la conservation d’un système. En agitant la menace du désordre, le péril du chaos, on justifie l’utilisation de la police pour maintenir l’ordre. On entend ainsi soulever la réaction et ses forces dans le but de légitimer une violence radicale et injustifiable à l’encontre de salariés en lutte pour leurs emplois et leurs conditions de travail. Et tant pis si en jouant avec le feu certains périssent par le feu. L’histoire est vieille, aussi vieille que la révolution industrielle. En ce temps là, un socialiste aurait eu pour nom Jean Valjean. Aujourd’hui c’est un Javert.

Sydne93


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