Vers une 7ème République ?

par Paul Canuhese
vendredi 19 avril 2013

S'il est un mot qui caractérise ce début d'année 2013, c'est bien le mot : "crise" ! Crise économique, avec son cortège de misère, de drames, de revendications plus ou moins justifiées et d'insatisfaction quasi générale. Crise politique également, via des électeurs de plus en plus mécontents de leur propre choix mais aussi via des élus "brebis galeuses" qui mettent à qui mieux-mieux des scandales sur le feux. Toute cette cocotte-minute étant bel et bien en train d'engendrer une crise institutionnelle.

Non pas que les institutions ne soient pas respectées mais, dans l'esprit de nombreux citoyens, qu'elles ne soient plus respectables ! Mais qu'est-ce donc qui est en cause ici ? Guère besoin d'aller très loin dans les fondements de la démocratie, c'est tout bonnement la représentativité des élus qui laisse désormais à désirer. Car il ne s'agit pas d'un terme comme les autres ! Le mot "représentant" (du peuple) contient toute la démocratie en soi. Ceux qui sont portés tout en haut portent à leur tour le message du peuple, par définition inaudible sans organisation. Tout naturellement, l'organisation qui semblait la plus adéquate jusqu'à maintenant consistait à désigner des hommes chargés de porter la parole du peuple et à en débattre entre eux. Déjà sans doute hasardeux, quant à la dilution de la parole venant du bas vers le haut, dans une société auparavant fondée sur les classes et relativement fermée sur le monde extérieur, ce système porte aujourd'hui la parole du peuple, ce que chacun pense et souhaite, de manière probablement très fantaisiste jusqu'à l'hémicycle des Lois !

De nos jours, la société française est plus complexe que jamais. Les problèmes à résoudre et les décisions à prendre concernent désormais non seulement la France et les Français, mais aussi la France dans le monde et les Français dans l'Humanité. Face à cet imbroglio de paramètres qui régissent la vie des citoyens, on peut aisément imaginer que les électeurs d'un même "représentant" pensent tantôt la même chose tantôt son exact opposé. Peut-on alors encore parler de représentants ?

Un exemple parmi mille : Les Français se posent-ils la question de savoir s'ils préfèrent 5 000 morts et 10 000 radars sur les routes ou bien l'inverse ? Quand on les prend séparément, avec leur seul impératif quotidien de conserver leur permis de conduire pour tenter de conserver leur emploi, nul doute qu'ils se prononceraient pour la suppression des affreuses "boites à fric" ! La VOLONTE du peuple serait donc, dans ce cas, de ne pas être soumis à la loi de ces radars... mais alors pourquoi leur représentants proposent-ils et mettent-ils en place exactement et de plus en plus l'inverse ? Au delà de l'aspect moral (ou immoral) de cet exemple, force est de reconnaitre que la simple "représentativité" des élus est loin d'être assurée par le système actuel. Le moyen d'y parvenir ? Le recours au referendum pour les "grands" projets et les "grandes" orientations politiques, sociales et sociétales !

Resterait alors à définir et circonscrire le mot "grand" ! C'est évidemment une condition sine qua non ! Car le peuple ne peut pas non plus décider de tout directement, ne serait-ce que pour une question de réactivité lorsqu'il y a urgence. Mais à contrario, on ne peut plus l'écarter systématiquement des grandes décisions et orientations. On peut imaginer qu'aujourd'hui, du fait de pressions morales, comme dans le cas de notre exemple ci-dessus, ou d'un éventuel sentiment de supériorité des élus quant à savoir ce qui est bon ou non pour le peuple, nombre de décisions sont prises qui s'avéreraient peut-être, si l'on s'en assurait, contraires à la volonté du peuple ! Nos représentants auraient alors littéralement perdu leur vocation, justifiant dès lors le passage à de nouvelles institutions faisant la part belle au referendum ! J'entends déjà les craintes... mais point d'affolement, bien pensé, ce système ne créerait pas plus d'instabilité que l'actuel, au contraire, il permettrait de dépasser, de transcender les clivages simplement partisans ou stupidement idéologiques.

Je ne parle nullement d'un recours au "tout referendum", mais à une sorte d'équilibre entre moins de représentants et plus de referendum. Avant d'avoir à nouveau confiance dans leurs institutions et leurs représentants, ce qui est une véritable demande aujourd'hui, il faudra proposer aux français un nouveau modèle de participation à la vie publique, dont ils se sentent non seulement exclus mais trop souvent les faire-valoir. Ce n'est plus possible !

Or le fossé est tel qu'il nous faut faire un grand écart d'imagination pour nous mener directement à une 7ème république, sans même passer par la 6ème, rien que de nom encore trop proche de l'actuelle !


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