Vers une démocratie digne de ce nom

par Herbert Sogno
jeudi 7 février 2019

Vers une démocratie digne de ce nom

 

Une chance à saisir

 

Nous vivons actuellement une période mouvementée à l’issue incertaine et qui représente peut-être un tournant décisif de l’Histoire de France, sinon du monde. Néanmoins, en dépit de revendications extrêmement nombreuses et précises autour des thèmes de la fiscalité, du monde du travail, des rémunérations, de l’éducation, de la souveraineté et autre secteurs particuliers de la politique, l’aspiration la plus importante et profonde du peuple en colère concerne le renouvellement démocratique et sa participation réelle à l’exercice du pouvoir. Bien qu’elle s’exprime essentiellement par la réclamation d’un Référendum d’Initiative Citoyenne, on perçoit lors de nombreux débats que cette requête pourrait être le préambule à une nouvelle ère où le sens du mot démocratie prendrait toute sa valeur. Le mouvement insurrectionnel qui se développe depuis quatre mois dans toutes les régions de France peut déboucher grosso modo sur cinq situations différentes, sans doute pas toutes aussi probables les unes que les autres, mais toutes radicalement divergentes les unes des autres quant au destin qu’elles conditionnent :

 

1°) Macron reste à la tête du pays, il a réussi à vaincre le mouvement des GJ par essoufflement, violence policière, propagande médiatique, détournement d’attention via grand débat, contre-feux diverses comme des redistributions de miettes recyclées passant pour des réformes miraculeuses, vote de lois liberticides bridant le droit de manifester ou celui de s’exprimer sur internet etc… C’est évidemment l’un des moins souhaitables des scénarios, la victoire de l’oligarchie, des banques, de la mondialisation, de l’islamisation et la fin des peuples, des libertés et de toute chance d’accéder un jour à une véritable démocratie. Je pense qu’il est inutile d’évoquer une sixième configuration dans laquelle il resterait en ayant concédé le RIC puisque le premier référendum réclamerait son départ.

 

2°) Macron dissout l’Assemblée pour se maintenir, et y parvient éventuellement en échange d’une concession sur le mode proportionnel de l’élection législative. On se retrouve avec une forme de cohabitation difficile à gérer avec possiblement un partage à plusieurs du pouvoir exécutif, à l’italienne ou à la belge, qui n’amène rien de réellement innovant sur le plan de la république, en dehors du mode de scrutin. Une belle occasion loupée mais un scénario malgré tout préférable au précédent.

 

3°) Macron démissionne et on organise de nouvelles élections qui ont peut-être une chance désormais de voir un dirigeant de parti patriote être mis à la tête du pays parce que certains électeurs de gauche auraient compris dorénavant que le « plus jamais ça » est plus fort encore que le « tout sauf eux », d’autant plus que les partis patriotes sont économiquement très à gauche et également que MLP était par ailleurs la candidate la plus démocratique dans son programme, et de loin. Elle et elle seule en effet y proposait le RIC en plus d’une bonne dose d’alignement avec la volonté du peuple sur de nombreux sujets. Mais rien n’est certain concernant cette éventualité qui fait pourtant languir tant d’entre nous depuis si longtemps.

 

4°) Macron démissionne face au chaos que son obstination et la colère du peuple massacré par ses soins à tous égards auront engendré mais l’extrême gauche détourne cette fureur à son profit. Son ADN a toujours été la révolution par la violence pour s’emparer du pouvoir et imposer ses règles liberticides, utopiques, spoliatrices, anéconomiques, et désormais aussi remplacistes et racistes. Elle réussit à s’approprier l’orientation du mouvement de révolte et à l’entraîner - par l’entremise de sujets interdits de débats et autres injures lapidaires dont elle a le secret, ostracisation pavlovienne, verbe autoritaire courroucé et scandalisé, malhonnêteté congénitale par chape de plomb / mensonges plus ou moins énormes / diffamations en série, violence hyperfa ou en provenance des cités de casseurs / pilleurs, actions syndicales et judiciarisation de la vérité et des lanceurs d’alerte - vers une 6ème république concoctée à sa sauce par ses soins dans laquelle le patriotisme aura été interdit au motif d’anticonstitutionnalité inscrite dans la nouvelle constitution ( sic ! ). Le pire cauchemar pour l’Histoire de l’humanité, la fin du monde en direct en bas de chez vous !

 

5°) Le peuple se dit qu’il est temps d’exercer le pouvoir dont il a besoin pour maîtriser son destin, mais avec la sagesse que 5000 ans d’Histoire ont su lui apporter, et entend bien trouver la solution idéale pour se débarrasser de la dictature des banksters et autres ploutocrates et/ou prébendiers sans pour autant céder à l’anarchie ou à l’empire de la subjectivité qui décide sans connaissance de cause.

 

C’est dans le cadre de cette perspective que je vous expose ci-dessous mon modèle idéal de démocratie pour la France, évidemment transposable ailleurs, et présenté seulement au titre de boîtes à idées discutables autant que nécessaire, ou réfutables à loisir avec toute l’humeur qu’elles vous inspirent ; c’est seulement mon inclination personnelle. Mais c’est aussi l’occasion d’un sain débat sur la question qui peut vous amener à faire émerger des solutions géniales et fructueuses dans les commentaires ou dans des articles en réponse.

 

 

Trois corps pour voter, la technologie au secours de la démocratie

 

L’Histoire l’a prouvé à maintes reprises, mais l’expérience de chacun le confirme, ou même les lois de la physique et certainement aussi celles de la nature, la stabilité est synonyme d’équilibre. Et la stabilité est un état où la situation n’évolue plus, soit parce que les contraintes sont trop fortes, ce qui peut être le prélude à un basculement violent tel que celui motivant ce texte, soit parce que les tensions sont équipartagées avec subtilité de sorte à maximiser l’ensemble des degrés de liberté en jeu dans le système concerné. Lorsqu’il y a des partisans d’une option donnée et ceux d’une option alterne, c’est le plus souvent qu’il y a de bonnes raisons de soutenir l’une et l’autre, chacune ayant des avantages et des inconvénients. Dans la mesure du possible, la solution idéale est toujours de chercher à combiner les deux options pour tirer le meilleur de chacune en s’épargnant le pire. Ainsi en va-t-il de la démocratie qui doit pouvoir harmoniser le régime représentatif et le mode direct pour éviter les écueils que chacun d’eux présente ostensiblement en profitant de tous leurs avantages respectifs. Je propose ici d’étudier point par point un exemple d’un tel fonctionnement.

 

1°) On garderait toujours deux chambres d’élus, l’une de vocation nationale, à la proportionnelle stricte, de 400 représentants, ce qui permet d’affiner la représentativité au quart de pourcent près. L’autre reflèterait les sensibilités locales en s’ancrant dans les anciennes régions avec une vingtaine d’élus par région en moyenne, au prorata de leur population, lesquels seraient aussi élus à la proportionnelle au sein de celle-ci. Elle permettrait en particulier de faire le lien législatif entre l’état et les problématiques locales. Les deux chambres auraient le droit de proposer des lois, et lorsqu’on voudrait s’adresser à « son député », ce serait vers les membres de cette deuxième chambre correspondant le plus à nos opinions au sein de notre région qu’on pourrait se tourner, sans être condamné comme aujourd’hui à « faire avec » l’élu de notre canton, même lorsqu’on le déteste, ce qui est absurde.

 

2°) Un troisième corps serait requis pour valider le vote d’une loi : celui du peuple. Et cette révolution serait permise essentiellement parce qu’il serait appelé à donner son avis par voie télématique. C’est en effet le moment de constater qu’un nouveau monde, supportable, est enfin possible, en permettant à l’évolution technologique d’enfanter un miracle qu’on n’osait plus espérer : LA Démocratie, la vraie. Une application serait créée par les services de l’état et disponible sur smartphones, ordinateurs et tablettes qui donnerait l’accès au vote sur chacune des lois proposées par l’un quelconque des 4 organes susceptibles de le faire : le conseil des ministres, chacune des deux chambres et les citoyens qui via cette application, moyennant certaines dispositions attribuant poids et crédit à leurs suggestions, pourraient également être à l’origine d’une loi. Tous les problèmes techniques que pourraient soulever une telle organisation sont sans aucun doute solubles et ne doivent pas servir de prétexte à son empêchement.

 

3°) Pour des raisons de sécurité et de secret du vote, l’accès à son compte d’électeur serait très verrouillé : numéro de CNI, numéro d’électeur, numéro d’INSEE, coordonnées et date et lieu de naissance seraient demandés à chaque connexion. Il faudrait bien sûr aussi renseigner en plus un mot de passe fourni par l’état sur une vingtaine de caractères, et une « phrase de passe » choisie par vous entre 100 et 120 caractères, avec par exemple 2 majuscules, 2 chiffres et 2 signes de ponctuation au moins, et interdiction juridiquement contraignante de révéler aucun d’eux à qui que ce soit. Le fichier qui enregistrerait le résultat de votre vote serait totalement disjoint de celui qui liste les votants, lequel contiendrait quant lui néanmoins les informations binaires relevant si vous avez voté ou pas associées à chacune des lois ayant été déposées, dans chacun de vos comptes.

 

4°) Le script du code source de l’application serait ouvert à chacun des partis représentés dans les hémicycles, non pour modification mais seulement vérification qu’il n’a été piraté par aucun parti concurrent ou même un organisme tiers, et les fichiers des résultats de vote, réduits à trois nombres entiers en réalité ( pour / contre / blanc ), ne seraient en aucun cas inscriptibles par quelque autre source que l’application elle-même.

 

5°) Chaque loi serait soumise au vote du peuple pendant une dizaine de jours et le résultat ne serait entériné que si un pourcentage donné, disons une quarantaine de pourcents, du corps électoral s’est décidé à faire un choix dessus, à défaut de quoi, une nouvelle période de mise au vote serait déclenchée. Si elle essuie un nouvel échec, elle serait à nouveau débattue en vue d’être modifiée ou amendée avant d’être reproposée.

 

6°) Chaque parti serait tenu d’écrire une synthèse de son opinion, ou un ensemble d’arguments favorables ou bien de réserves sur chaque loi proposée, tenant sur 2000 à 3000 caractères, et chaque votant serait obligé de rester 3 minutes sur la page allouée à chaque parti sur chacune des lois pour avoir accès au vote. Bien sûr, lorsqu’on sait d’avance dans quel sens on va voter, on sera tenté d’en profiter pour faire autre chose le temps que ça se passe, mais si on a le moindre doute, ou simplement la curiosité de savoir ce qu’en pensent ceux d’en face, on sera beaucoup plus enclin à voter en réelle connaissance de cause en étant soumis à cette obligation d’information que si on peut voter au hasard ou en suivant le parti de son cœur par fidélité aveugle.

 

7°) Le RIC serait naturellement inclus dans les protocoles législatifs par la seule création du troisième corps, celui du peuple, car il suffirait d’ajouter à l’application décrite un système pétitionnaire pour introduire un référendum proposé par les citoyens. Aussitôt qu’une personne pourrait réunir par exemple un millier de signatures de façon externe autour d’une proposition de loi quelconque, il serait autorisé à la présenter dans le système pétitionnaire de l’application. Tout le monde pourrait le consulter à volonté et même y commenter, afin de valider par un nombre de signatures requis apposées pendant un temps idoine la présentation de cette loi en référendum au peuple. Ce système, en quelque sorte à deux tours, aurait pour but d’éviter de saturer la plate-forme de l’application de propositions erratiques. La page des référendum en attente pourrait être consultée par ordre chronologique, ou inversé, et par ordre croissant ou décroissant du nombre de signatures recueillies. Si une proposition n’atteint pas le nombre de signatures exigé dans le temps imparti, elle est exclue de la liste des référendum en attente. Dans le cas contraire, elle est soumise au vote exclusif du peuple aussitôt le nombre de signatures atteintes.

 

8°) Pour éviter les candidatures fantaisistes aux élections présidentielles, plutôt que de confier le parrainage de celles-ci à des élus locaux influençables et désormais tenus à une transparence qui les soumet à une pression introduisant un biais, on s’assurerait simplement que les candidats sont accompagnés par un appareil partisan suffisamment important en terme d’effectifs et opérationnel en termes de disponibilité, et dont le champ programmatique couvre l’ensemble des domaines investis par la politique. A titre personnel, je serais enclin à rêver aussi qu’un test de QI et même un test de moralité soient imposés à toute personne se présentant à une élection quelconque, mais je ne suis pas sûr que la proposition d’une telle mesure suscite la moindre adhésion, c’est juste une aspiration que je cajole les yeux fermés, les paumes pressées l’une contre l’autre.

 

9°) Il va de soi qu’une organisation aussi peu orientée vers l’émergence d’une majorité nette et imposante présente le risque de ne permettre que le vote de lois fortement démagogiques mais qui pourraient avoir des effets indésirables à long terme, voire même être totalement nuisibles dans le pire des cas. Il y a souvent conflit d’intérêt entre le court terme et le calcul stratégique dans un futur plus lointain, ou même entre un bénéfice relativement faible pour une majorité mais qui ne peut pas justifier un tort comparativement important infligé à une minorité de façon immorale. C’est pourquoi l’intégration du peuple à la prise en main de son propre destin s’accompagne obligatoirement d’une révolution parallèle dans les médias. L’équipartition des temps de parole doit être permanente, le débat politique beaucoup plus présent et beaucoup moins théâtral, il ne peut pas s’inscrire dans le but de faire un show mais dans la seule vocation d’informer, toute subvention doit disparaître, aucun groupe de presse ne doit servir d’intérêt particulier annexe - exit donc les magnas milliardaires -, un groupe de presse ne doit pas pouvoir appartenir au capital d’un trust qui gère aussi d’autres activités, et les chaînes de télévision doivent être rendues totalement indépendantes du pouvoir politique. Enfin la déontologie des journalistes doit se soumettre à des règles de neutralité juridiquement contraignantes encore à concevoir ; on est loin du compte aujourd’hui.

 

Encore une fois, cette réflexion personnelle faisant part de mes aspirations propres n’a pas la prétention de se présenter comme un modèle idéal simplement soumis au jugement des lecteurs, mais comme l’occasion d’ouvrir un débat sur le devenir de notre république dans une ère post-macronique que j’appelle de mes vœux, afin surtout d’introniser enfin l’avènement d’une civilisation réellement démocratique, qui n’a jamais été qu’un mirage jusqu’à présent. C’est pourquoi je vous invite avec insistance, si vous souhaitez commenter cet article, à ne pas vous contenter, dans le cas où vous ne seriez pas d’accord avec moi sur tel ou tel point, de donner simplement un avis négatif sur ce que je propose. Ça n’a pas véritablement d’intérêt constructif, je vous suggère plutôt d’essayer de proposer les solutions qui vous conviennent le mieux comme alternative. Il faut que nous avancions, le temps presse, la dictature bruxelloise des hypercapitalistes, des ultralibéraux et des sans-frontiéristes qui considère les humains comme des marchandises*, des capitaux et des esclaves tente de resserrer son étau sur la liberté des peuples chaque mois un peu plus. Si nous ne prenons pas en main notre destin maintenant, il sera peut-être à jamais trop tard ensuite. *( pour les multinationales qui vivent grâce aux publicitaires, nous somme le stock dont les données sont à vendre ).

 

N’oublions pas également de considérer chaque obstacle sur la route d’une mise en œuvre quelconque comme un problème à résoudre plutôt qu’un mur infranchissable.


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