Vincent Peillon sur un siège éjectable

par Bernard Dugué
mercredi 2 octobre 2013

La question du moment, qui n’apparaît pas encore sur les radars médiatiques, concerne le sort du ministre Peillon après la calamiteuse mise en place des rythmes scolaires. J’avoue ne pas avoir suivi ce dossier depuis le début. Je constate une chose, c’est la chienlit dans le monde éducatif et chez les parents d’élèves, sans ajouter les maires des communes concernés. Alors, monde enseignant signifie base électorale socialiste ; eh oui, il en reste, depuis que les ouvriers sont allés chez Marine ; puis maire signifie élections municipale. L’équation est aisée à résoudre. 2014, élection des maires et combien de mairies perdues à gauche ? Une élection aura toujours des inconnues. C’est juste l’équation qui change en fonction des conjonctures. Alors le président Hollande surveille de près le dossier Peillon, ô combien plus sensible que les Roms du point de vue de l’opinion publique. Les Roms, c’est juste un arbitrage entre deux ministres pour des paroles médiatiques. Peillon, ce sont des actes et pour les Français du concret, qui touche l’éducation de leurs enfants. Alors, je ne sais pas, mais à Londres, les bookmakers pourraient parier sur le maintien de Peillon au gouvernement d’ici Noël, ou disons février 2014, moment approprié pour un remaniement avant les municipales.

La France avait pourtant un système d’éducation performant, avec les maternelles que nous enviaient bien des pays. Et puis les choses se seraient gâtées. Alors les pédagogues du ministère ont consulté très peu les parents et les enseignants mais beaucoup les chronobiologistes. Quand la science se mêle d’éducation, ce n’est jamais bon. Le chronobiologiste n’utilise qu’un paramètre, le temps. Qui plus est, le temps passé à l’école pour apprendre. Les enfants sont fatigués avec cette réforme. C’est logique. Après les cours, ils sont dirigés vers des activités périscolaires. Parfois jeux de ballon ou de société. De mon temps, les jeux de ballons, on faisait ça sous le préau, parfois après la classe, et les jeux de société, avec les copains qui venaient à la maison. Mais si on était fatigué, eh bien on ne jouait pas, ou alors quand on n’avait pas envie. On faisait autre chose. Avec cette réforme, les activités périscolaires risquent plus de fatiguer l’écolier en lui imposant un temps d’activité qui, s’il n’est pas d’apprentissage, demande quand même un éveil du mental. C’est simple à comprendre. Tout aussi simple que la question du maître d’école qui avant, était l’unique adulte référent alors que maintenant, le gosse est un peu perdu, entre le maître qui fait autorité avec ses savoirs et l’animateur qui ressemble au bon copain ou au moniteur de colo. Du coup le gosse est désorienté. On se souvient tous de la nouveauté lorsqu’en sixième, il n’y avait plus un maître d’école mais dix professeurs.

Ces constats venus du bon sens ont semble-t-il été écartés par les chronobiologistes qui ont décidé de mesurer le temps scolaire avec un cerveau transformé en chronomaître à penser ! D’ailleurs, sur le site de l’éducation nationale, on trouvera un laïus très argumenté sur le rythme scolaire, sorte de bulle papale laïque destinée à organiser la vie scolaire. Bref, cette réforme risque d’être l’un des plus retentissants fiascos du gouvernement. Qui en plus coûte cher aux contribuables dans un contexte de réduction budgétaire. Alors le citoyen de base est très mécontent. Cette affaire des rythmes scolaires est bien plus sérieuse que l’habituelle grève des enseignants qu’on voit à chaque rentrée. Pour l’instant, le ministre Peillon joue l’autiste, autrement dit le déni de réalité. Les hussards du socialisme y vont de leur discours idéologique ancré dans le stalinisme du bien vivre, fustigeant les parents qui ne couchent pas bien leurs enfants le soir, louant la rencontre du milieu associatif et de l’école dans les moments périscolaires.

La conclusion, qui ne va pas de soi, c’est que l’enfant est instrumentalisé par le politique. Quant à la fatigue, il faut noter que dans les années 60, le temps de présence dans la classe était de 30 heures, contre 24 heures actuellement. Pourtant, les enfants étaient moins fatigués. Chercher l’erreur. C’est assez simple. En 1960, l’enfant regarde très peu de télé, il n’y a pas de smartphone et d’ordinateurs, pas de jeux vidéo, de play station. L’enfant organise sont rythme et parfois s’ennuie mais l’ennui repose. Si les enfants sont fatigués, l’école n’est pas responsable.

Je n’ai pas vocation à jouer les coupeurs de tête mais je pense honnêtement que Vincent Peillon risque de quitter le gouvernement s’il s’avère que cette réforme confirme globalement ses méfaits sur la vie des écoliers. Après, tout se jouera dans une bataille de situations. Dans certaines communes, ça se passe bien, pas dans d’autres. Tout dépend alors des pourcentages. S’il s’avère que seuls, quelques maires sont les mauvais élèves de la réforme, ça pourra passer, sinon, c’est le siège éjectable.

 


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