Vive Abraracourcix, notre chef !

par Voris : compte fermé
vendredi 25 août 2006

Tout semblait perdu pour Abraracourcix, le chef. Depuis qu’Astérix et Obélix étaient partis très loin en expédition, il perdait confiance, et se montrait coléreux.

Ses porteurs le faisaient chuter de plus en plus souvent de son pavois. Alors, le séditieux Sarkozix profita de la situation, s’en moqua et contesta sa légitimité. Il se rendit de maison en maison. Habile parleur, il promit à chacun la sécurité, le renforcement des murs de défense avec interdiction pour tout barbare de les franchir sans son autorisation. Sarkozix voulait des lois, beaucoup de lois, et des règles, beaucoup de règles, ainsi que des hommes armés jusqu’aux dents aux quatre coins du village pour veiller à leur stricte application.

Comme sa popularité allait grandissant, les femmes du village, qui rêvaient de voir un jour l’une d’entre elles monter sur le pavois, décidèrent d’aller convaincre Falbala qu’elle pourrait elle aussi revendiquer le pouvoir. Elles savaient que Falbala ne manifesterait aucun scrupule à se poser en rivale de son compagnon Hollandix, qui était candidat lui aussi, et qu’elle n’avait jamais voulu épouser, précisément pour cette raison qu’un jour une telle opportunité se présenterait. Falbala accepta sans hésiter mais se dit : « Par Toutatis et Toultoutim ! Je n’ai rien à proposer aux villageois. » Alors, elle s’en alla de maison en maison pour demander aux gens ce qu’ils pensaient qu’elle pourrait faire comme promesses, et comment s’y prendre pour les réaliser.

Bientôt l’exemple fit boule de neige, et l’on recensa presque autant de prétendants au trône que d’habitants. Même Cétautomatix et Ordralfabétix, qui déclenchaient continuellement des bagarres générales à propos de l’état de fraîcheur du poisson, ne voyaient pas en quoi leurs prétentions à siéger à la place du chef pourraient leur être contestées.

Aucun prétendant ne prévalait. Il y avait bien le vieux Jospinix, mais il était parti vexé à la suite d’une rixe qui avait tourné en sa défaveur, et vivait depuis en ermite errant sur une île où il passait ses journées à pêcher sans dire un mot. Comme nul n’aurait songé non plus à rappeler Giscardix, l’ancien chef qui avait écrit un traité que tout le monde avait rejeté par vote à mains levées faute d’en avoir compris le sens ; la situation tourna vite à l’impasse.

C’est alors que, lassé de ces embrouilles, Abraracourcix voulut pour se distraire organiser des joutes et des jeux. Très vite, les exploits de Davidedouillix et de Zidanix enflammèrent les passions. Ces festivités furent à peine ternies par une affaire de pot-de-cervoise entre le chef et Guidrutix. La situation internationale empira, et Rome fit appel à Abraracourcix pour ses qualités réputées de bons offices, lui demandant de porter secours à un pays opprimé pris entres les feux ravageurs de deux peuples ennemis jurés. Il accepta solennellement la mission, et fit à cette occasion un discours rassembleur sur le thème de la paix dans le monde.

Chacun se rappela comment il avait combattu à Gergovie et aussi qu’il possédait le prestigieux bouclier de Vercingétorix, que celui-ci avait donné en cadeau à César en signe de soumission à la défaite d’Alésia. Ses concurrents, jeunes, inexpérimentés et ne détenant pas d’objet fétiche, commencèrent à faire pâle figure, et la situation évolua en sa faveur.

Bien qu’il tombât encore plusieurs fois de son pavois, la confiance de son village lui fut de nouveau acquise.

C’est alors que Jospinix songeait à revenir...

P.S : Le président Jacques Chirac gagne onze points en un mois avec 38% de bonnes opinions, selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche.


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