Vivement que ça se termine, la campagne présidentielle de 2017 est devenue sans intérêt

par Bernard Dugué
jeudi 20 avril 2017

Je me demande ce que retiendront dans un siècle les historiens lorsqu’ils examineront le déroulement de l’élection présidentielle française de 2017. Ce jeudi 20 avril nous fêtons la saint Odette et nous sommes à trois jours du scrutin décisif et du résultat. Le déroulement des sondages et des reportages a joué un drôle de tour aux citoyens. Le duo prévu depuis deux mois entre Macron et Le Pen ne plaisait pas au médiacrates car il n’offrait pas de prise pour les commentaires sportifs. Il fallait mettre en scène deux remontadas improbables, celle de Fillon et celle de Mélenchon qui stagnait au dessus de quelque 10 points. Les citoyens répondant aux sondages ont été dociles et ont joué le jeu tels des machines cybernétiques. La finale n’est pas encore jouée. Il reste les demi-finales. Un premier tour avec quatre prétendants dixit la voix des médias de masse.

Quelques millions de Français se passionnent pour ce match à quatre mais la grande majorité commence à être fatiguée. J’avoue ne plus trouver d’intérêt à une campagne qui se joue avec des meetings télévisés orchestrés comme des concours d’éloquence avec des maîtres camelots fort doués. Après le temps des meetings il a y celui des plateaux médiatiques. Les candidats et leurs lieutenants occupent le temps d’antenne, offrant l’impression de voir une horde de représentants entrer dans la maison pour nous vanter les qualités de l’aspirateur ou du robot ménager qu’il essaient de nous vendre.

Beaucoup de commentaires de bistrot sur les plateaux et bien peu d’idées ou de vision de l’avenir. Pour l’instant, le futur est encadré par les normes et progrès technologiques. Les avantages matériels des gens sont déterminés par les débats, les conflits d’intérêt, les négociations, les syndicats, les lobbies, les lois votées à l’Assemblée, les décisions administratives, les élus locaux, les conflits sociaux. La vie en société ne peut pas supprimer les antagonismes et les luttes de toutes catégories. Le futur président devra faire avec ce déterminant anthropologique, avec le contexte international et les évolutions technologiques. Les citoyens manquent d’intelligence politique car ils ont été déformés par les médias de masse et les intellectuels surmédiatisés. Ils ne comprennent pas le système mais ils se disent anti-système. Allez comprendre !

Les médias peuvent être contents, le suspense est garanti compte tenu des marges d’erreur dans les sondages et des indécis. Au moment où j’écris ces lignes, nous en sommes au décompte suivant. Macron et le Pen à 23 points. Mélenchon et Fillon à 19 points. Avec 2 points de marge d’erreur, les fourchettes des candidats se rencontrent, avec en plus les impondérables que constituent les indécis. Personne ne peut prévoir l’issue. Néanmoins, on peut penser que Mélenchon a atteint un seuil et ne peut pas monter plus haut. Que le Pen a fait son marché et ne peut descendre plus bas. Les surprises de cette élection reposent sur une fluctuation de 5 points au moins. L’effondrement de Mélenchon à 14 ou de Macron à 18 pourrait être des surprises. Dans l’autre sens aussi. Mélenchon à 24 points, bien improbable, et Macron à 28, pas impensable. Quant à Fillon, je ne vois pas une progression mais un Fillon à 15 points n’a rien d’impensable. Ce qui n’exclut pas une autre surprise, c’est qu’il n’y aura pas de surprises et que les résultats du premier tour seront conformes aux prédictions des sondages.

Le seul point important de cette élection, c’est la recomposition politique qui se dessine. Et c’est le fait majeur à analyser pour les philosophes et autres observateurs de la politique. Le monde se transforme et amène un changement dans la direction du monde. Les droites restent solides, les populismes montent et la social-démocratie décline. Néanmoins, aucun programme n’est en mesure de répondre aux attentes et problèmes de notre société. Les Français vont devoir se faire à l’idée qu’il faut s’attendre à mal vivre tout en agissant pour essayer de mieux vivre. Et s’ils n’acceptent pas cette fatalité, il leur faudra s’instruire, pratiquer l’introspection et l’attention au monde, comprendre les choses. Telle est la règle universelle. Croire et subir ou connaître et se libérer !


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