Voie royale pour Ségolène
par Henry Moreigne
vendredi 7 février 2014
En politique, tant qu'il y a un souffle de vie il y a de l'espoir. Ségolène Royal voit aujourd'hui peu à peu se réunir les conditions de son grand retour sur la scène politique nationale. Sa modernité dans les pratiques politiques mais à contrario son conservatisme sur certaines valeurs sociétales constitue un attelage susceptible de répondre aux attentes d'une majorité de français.
Elle a connu le sort d'Icare. Une incroyable chute après avoir approcher de trop près le soleil. Plus que la peau dure, la présidente de la région Poitou-Charentes a cette fascinante capacité à ne jamais baisser les bras et à sortir plus forte des épreuves traversées. En période de crise où beaucoup de français sont ballotés et maltraités par la crise, cette capacité au courage qui est un peu sa marque de fabrique a tendance à générer de la sympathie à son égard.
Alors qu'aujourd'hui l'électorat de gauche est de plus en plus désabusé et déboussolé par un exécutif dont la trajectoire est insaisissable, Ségolène Royal par sa solidité et sa lisibilité apparaît comme un recours potentiel, comme un élément de stabilité pour la chaloupe de l'exécutif.
C'est en effet la surprise du dernier baromètre CSA pour « Les Echos » et Radio Classique. L'ancienne candidate socialiste aux élections présidentielles recueille 40 % d’opinions favorables chez les Français et 61 % d’image positives chez les sympathisants de gauche, en troisième position, derrière Martine Aubry (76 %) et Christiane Taubira (64 %) mais à égalité avec Manuel Valls.
Rien en effet n'est plus déstabilisant et angoissant que de ne pas avoir la moindre visibilité à court et moyen terme. Or la gouvernance façon Hollande est marquée par un pragmatisme aux allures d'adaptation permanente qui donne le tournis à ses propres partisans.
Parallèlement, les questions sociétales font voler le clivage traditionnel gauche-droite. C'est une véritable recomposition qui s'effectue entre deux nouveaux camps. Ceux des libéraux d'une part favorables à l'évolution des mœurs et à la mondialisation parce qu'ils en bénéficient et d'autre part, des conservateurs issus d'une France plus rurale et plus âgée qui ne se retrouve pas dans les grands bouleversements actuels vécus non comme des progrès mais comme un déclin.
Or, en se positionnant par exemple en 2007 pour des services publics de qualité présents sur tout le territoire, pour le développement des centres éducatifs renforcés, si besoin avec un encadrement militaire et, un service civique pour les jeunes et une politique familiale marquée pour ne citer que ces exemples, Ségolène Royal répond aux attentes de cette France social-conservatrice. Plus qu'une niche électorale, ce pourrait être un important gisement de voix pour les prochains scrutins.