Voter Hollande : une nécessité stratégique pour... la « vraie gauche »

par Fergus
mardi 18 octobre 2011

On désigne ces électeurs sous les appellations de « vraie gauche », de « véritable gauche » ou de « gauche de la gauche ». Comme moi, ils aspirent à un renouvellement profond de la politique et à la prise en compte des justes revendications des classes populaires. C’est pourquoi, comme moi, ils voteront nombreux pour Mélenchon au 1er tour de la présidentielle en 2012. Et après, que devront faire ces électeurs ? La réponse est simple et paradoxale : voter massivement pour Hollande au 2e tour. Explication :

L’éclatante réussite de la primaire citoyenne vient de placer François Hollande sur orbite en vue de la présidentielle de 2012. Dès le samedi 22 octobre, une convention intronisera officiellement le Corrézien dans le rôle du candidat PS, avec l’appui de tous les caciques du parti et celui, logistique, de l’appareil socialiste, fût-il dirigé par Martine Aubry.

C’est donc une redoutable machine de guerre qui sera lancée contre les troupes de Nicolas Sarkozy en vue de conquérir l’Élysée puis, dans la foulée, la majorité à l’Assemblée nationale. Á côté du mastodonte, que peuvent espérer le Front de Gauche et EELV ? Unis, peut-être auraient-ils pu entrevoir un score à deux chiffres au 1er tour de la présidentielle. Désunis, d’une part EELV aura probablement bien du mal à franchir la barre des 5 %, au risque d’entraîner de graves difficultés financières chez les écologistes ; d’autre part le Front de Gauche devrait logiquement, et j’en suis désolé, limiter ses ambitions à un score dont je serais fort étonné qu’il puisse atteindre les 10 %.

Deux raisons à ces pronostics peu encourageants : d’une part, la sociologie française ; de l’autre, la frustration engendrée dans les rangs du « peuple de gauche » par l’accumulation de trois échecs consécutifs lors des dernières élections présidentielles.

La sociologie française est en effet de plus en plus caractérisée par une droitisation de la population qui n’est contestée ni par les politologues ni par les éditorialistes (on estime généralement à un peu plus de 40 % le total des voix de gauche). Quant à la frustration, bien réelle chez les électeurs de gauche comme l’ont clairement montré les enquêtes d’opinion, elle se traduit désormais par une farouche volonté de victoire en 2012, une volonté exacerbée par la personnalité cynique de Sarkozy et l’injustice d’une politique délibérément mise au service des classes aisées, du patronat et des marchés.

Deux facteurs déterminants qui vont avoir pour conséquence d’engendrer au 1er tour de la présidentielle un vote utile probablement pénalisant pour le Front de Gauche et EELV. Encore une fois, j’en suis d’autant plus désolé que je soutiendrai les candidats situés à gauche d’un Parti Socialiste par trop aligné sur la pensée libérale dominante. Tout devra donc être fait pour que le Front de Gauche et EELV réalisent les meilleurs scores possibles au 1er tour de la présidentielle afin de peser sur les orientations politiques du candidat socialiste s’il l’emporte.

Après quoi, Front de Gauche et EELV devront apporter, pour le 2e tour, un soutien sans réserve à Hollande, et cela qu’il y ait ou non des accords législatifs avec le PS. Objectif : débarrasser notre pays du président le plus nuisible qu’il ait connu et provoquer du même coup l’implosion de l’UMP. Conséquence prévisible après la tenue des élections législatives, eu égard au fait que les Français sont légitimistes : un bouleversement de l’Assemblée nationale caractérisé par la disparition d’un grand nombre d’élus de droite.

Et c’est là que nous avons un rôle à jouer, nous tous qui voulons promouvoir une gauche réellement au service des classes populaires et moyennes : en votant le plus massivement possible pour les candidats du Front de Gauche lors des législatives afin d’envoyer à l’Assemblée nationale le plus grand nombre d’élus de la « vraie gauche », fût-ce en mettant ici et là en difficulté les candidats du PS, coupables de ne pas s’être libérés d’un modèle socioéconomique par trop libéral.

Mais cette réaction électorale des forces de progrès n’a aucune chance d’aboutir à quoi que ce soit si le candidat socialiste est battu lors de la présidentielle car l’UMP reprendrait alors le contrôle de l’Assemblée avec une majorité de godillots serviles du sarkozysme. D’où la nécessité stratégique d’un vote Hollande sans réserve au 2e tour. Et peu importe qu’il ne s’agisse pas d’un vote d’adhésion mais en l’occurrence d’un vote purement pragmatique. La politique est en effet une sorte de billard où il convient de savoir jouer avec les bandes pour atteindre un objectif : Hollande est, pour le Front de Gauche et ses électeurs, l’une de ces bandes, le point sur lequel il conviendra de rebondir lors des législatives afin d’obtenir, à son corps défendant, la plus forte participation possible sur le nom des candidats de la vraie gauche.


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