Woerth et la légion d’honneur

par Imhotep
jeudi 24 juin 2010

L’honneur est un mot qu’il faut manier avec précaution tant ceux qui en manquent l’usent avec violence. Nicolas Sarkozy qui a beaucoup lu, dont la Bible, et bien que n’ayant pu marcher sur l’eau en a retenu la multiplication des petits pains, ce qu’il fait avec la breloque qu’il distribue comme la semeuse de Larousse. Et dans la pelote qu’est cette affaire, Bettencourt pour la nommer de laquelle il suffit de tire un fil pour la dévider en son entier, on parle de milliardaire comme ceux-là mêmes du Fouquet’s dont deux amitiés furent légionnées d’honneur, sans qu’on sache pourquoi un Canadien et un Belge qui n’eurent d’autres services à rendre à la France que de ramasser pour une poignée de cacahouètes Gaz de France afin d’en faire une machine à cash (nouvelle augmentation du gaz dans les tuyaux, après 10 % c’est maintenant 5 %, ce n’est plus du gaz mais de l’or liquide que distribue Suez) eurent l’honneur de recevoir les honneurs de notre Hexagone en déconfiture (11é pays de l’Europe pour le PNB par habitant, ce pays qui selon le pouvoir en place s’en sort mieux que les autres).

Nous apprenons par Le Point que l’immaculé Woerth, alors tout nouveau ministre du budget de l’ère sarkozyaque décide de remettre à un certain Maistre, héritier d’une longue et historique famille, une rutilante (dans son sens rouge et non brillant, rouge de la honte d’être distribuée comme des bonbons à la sortie de l’école) décoration au revers de sa veste en laine peignée de mouton australien. L’immaculé Woerth décide le 13 juillet 2007, sur son propre contingent, de rendre hommage à un homme dont on se demande en quoi il a rendu de fiers services à la France si ce n’est de faire remplir les caisses de l’UMP dont il est, et toujours, le trésorier depuis 2002, et d’aider la ci-devant Bettencourt à frauder le fisc, ce qu’elle a implicitement reconnu en déclarant vouloir rapatrier des sommes soustraites à la vigilance du ministère du budget de la belle Helvétie, selon les enregistrements diffusés par Médiapart.
 
Il se trouve que la coïncidence a de l’humour, puisque France Inter n’en a plus, car, selon Le Point : Signe du destin : la cérémonie officielle de remise de la décoration avait été initialement fixée au 19 novembre 2007, soit au moment même où Florence Woerth faisait son entrée au sein de la société Clymène, l’une des structures chargées de la gestion des avoirs de Liliane Bettencourt, dont M. de Maistre est le directeur général. Mais ce jour-là, André Bettencourt, ancien ministre et époux de la milliardaire, décédait des suites d’un cancer et la réception fut annulée. Elle ne put finalement se tenir qu’au début de l’année suivante, au ministère. Éric Woerth prononça alors l’éloge du récipiendaire.
 
L’immaculé Eric nous raconte que ce Maistre n’est qu’une simple connaissance, une simple connaissance qui l’appelle son ami dans les enregistrements, une simple connaissance qui engage à la demande du ministre l’extrême compétente épouse de celui-ci, une simple connaissance qui a l’honneur de recevoir les honneurs de la main du ministre du budget. Comme je l’ai écrit ce monsieur Woerth prend les Français pour le peuple le plus bête de la terre. Il est à noter, comme quoi l’humour va se nicher dans les détails où il discute avec le diable, que la réception fut donner à Bercy. On a reçu l’organisateur de la fraude de la fortunée dame dans les salons du temples de sa chasse à courre. Cela ressemble furieusement à un certain Richard, actuellement à la manœuvre commandée par le château avec Orange pour racheter Le Monde, qui était le directeur de cabinet de Christine Lagarde, imposé par Nicolas Sarkozy, son ami, alors qu’il avait été condamné pour fraude fiscale à 660 000 € dont 5 % de pénalité pour mauvaise foi, et qu’il l’avait réglé au fisc en automne 2007, faisant sans doute son chèque de son bureau du ministère !
 
L’Eric immaculé veut donc nous faire croire que les poules ont des dents. Le trésorier de l’UMP qui reçoit les dons les plus importants de façon personnalisée venant des plus fortunés, comme ce fut le cas en Suisse lors de ce fameux dîner qui rend amers les donateurs se demandant si à l’époque ce cher naïf Woerth se posait la question de savoir si les liquidités qui coulaient à flot du lac Léman venaient ou non de banques qui accumulaient frauduleusement les avoirs de Français indélicats, le ministre du budget qui doit s’occuper personnellement des plus gros contribuables français, l’homme qui fait engager son épouse par le gestionnaire de la plus grosse fortune de France, l’homme qui pique la breloque sur la poitrine du même gestionnaire veut nous faire accroire qu’il l’a à peine croisé ! Il ne manque pas de culot.
 
Nous assistons également à une autre défense de son épouse : dans ces officines dont le dernier des imbéciles sait qu’elles ont pour vocation première à éviter de payer des impôts et si possible de soustraire le maximum de blé au regard inquisiteur de Bercy, elle aurait été mise au secret et aurait ignoré tout de tout. On peut effectivement supposer qu’elle ignorât les détails ou les actions menées mais pour une si grande compétente en matière financière elle ne peut jurer sur la Bible de son époux qu’elle ne pouvait supposer une seconde qu’il y avait une possibilité que ce cabinet cherchât à frauder le fisc. C’est le principal jeu des riches et elle, la seule en France, n’émettrait pas la plus petite suspicion quant au rôle joué potentiellement dans ce jeu de l’oie de l’ultra fortuné. Et c’est cette suspicion, la plus petite fût-elle, qui aurait dû lui dicter de ni demander ni d’accepter de place dans cette officine ayant un mari trésorier de l’UMP et ministre du fisc.
 
L’immaculé Woerth a clamé qu’il était l’Attila des fraudeurs et qu’il avait divulgué les noms des fraudeurs. Cette défense était fausse et qui ment ici, ment là, non ? Or voilà qu’à une question de savoir si la fortunée dame était sur la liste des 3 000 fraudeurs, l’immaculé Eric répond secret défense. Ceci donc prouve qu’il a menti en se réclamant d’avoir fait œuvre de salubrité publique en dénonçant les voyous. Mais, si nous réfléchissons un peu plus qu’un miroir sous le soleil, nous pouvons, au moins en émettre l’hypothèse, nous pourrions dire que si la fortunée dame n’est pas dans cette liste, le dire n’est pas divulguer un secret puisqu’elle n’y est pas. Divulguer serait si elle y était, non ? Concluez-ce que vous voulez.
 
Cette pelote Bettencourt n’en finit pas de se dévider et il y a le fil rouge de la justice. Car en plus du scandale que ce même Woerth fut tout à la fois ministre du budget et trésorier de l’UMP ne peut qu’entraîner un conflit majeur d’intérêt, que les journalistes ne découvrent qu’à l’occasion de cette affaire et que j’ai dénoncé il y a déjà 3 ans, il y a celui du rapport de l’Elysée et de la subordination de la justice. Dans les enregistrements sont cités Sarkozy, Courroye, Marin (indirectement), Ouart celui qui conseillait Sarkozy pendant le procès Clearstream alors qu’il officiait au ministère de la justice ce qui était là aussi un conflit inimaginable dans un procès en cours. On apprend donc que Maistre rencontrait régulièrement Ouart et parfois à la demande de celui-ci. Evidemment ceci est gravissime. C’est une immixtion insupportable du château dans les affaires judiciaires.
 
Aujourd’hui le peuple est dans la rue, espérons que ce ne sera pas seulement pour les retraites mais pour un ras le bol généralisé.
 
 

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