Xavier Darcos dégraissera-t-il le mammouth ?
par Mehdi
lundi 14 avril 2008
La réforme menée de front par Xavier Darcos ne lui attire pas beaucoup de sympathie parmi les étudiants et les professeurs ! Rien d’étonnant, direz-vous, les réformes ont toujours eu un succès mitigé en France... à moins que ce soit les ministres de l’Education qui s’y prennent définitivement mal !
Depuis une vingtaine d’années, la plupart des observateurs font le même constat : le niveau scolaire en France est désespérément bas :
- primaire : trop faible niveau à l’arrivée en classe de sixième, lecture et calcul ne sont que trop rarement maîtrisés : il semble même que certains ne maîtrisent ni le passé antérieur ni la règle de trois (voir notre ministre au grand journal) ;
- collège
: trop de jeunes quittent le système scolaire à 16 ans sans les bases
fondamentales qui leur permettront d’affronter la vie ;
- lycée : les lycéens sont à la fois mal préparés à la vie professionnelle et au cursus de l’enseignement supérieur.
Ayant fait ce constat, deux conceptions de l’éducation s’opposent :
- celle
qui met l’accent sur l’efficacité de l’Education nationale : on doit
obtenir des résultats proches des objectifs qu’on se fixe, quelles que
soient les dépenses nécessaires => Efficacité = résultats / objectifs ;
- celle
qui met l’accent sur l’efficience de l’Education nationale : on doit
obtenir des résultats à la hauteur des moyens engagés
=> Efficience = résultats / moyens engagés.
Dans un contexte de rigueur ou en tout cas de forte attention portée aux dépenses publiques, c’est la deuxième conception qui prend naturellement le pas sur la première. Le gouvernement aimerait en effet une Education nationale dont les résultats seraient meilleurs (ou au moins identiques) pour des moyens mobilisés plus faibles (et notamment moins de professeurs). Tel est le credo de Xavier Darcos !
Le ministre justifie ce choix de diminuer le nombre de professeurs en observant nos voisins européens. De cette observation, il tire le syllogisme suivant :
- la plupart des pays européens ont beaucoup moins de professeurs que nous ;
- or, les résultats de ces pays en matière d’éducation sont bien meilleurs qu’en France ;
- donc on va réduire le nombre de professeurs en France.
« Le syllogisme est bancal », s’étonnerait Aristote ! Car le niveau scolaire dépend de bien d’autres variables que le nombre de professeurs par élève. Et c’est là que la démonstration de Xavier Darcos s’essouffle : comment compte-t-il améliorer la performance du système éducatif ? De quels pays allons-nous nous inspirer ? Quelles sont les mesures qui vont permettre, malgré une diminution du nombre d’enseignants, d’augmenter le niveau scolaire ?
Autant de questions qui restent en suspens aujourd’hui... et qui pourraient laisser penser aux principaux intéressés (profs et élèves) que la diminution du nombre de professeurs est une fin en soi !