Après la mort, l’âme voyage dans un autre « monde »

par Bernard Dugué
mercredi 2 novembre 2022

 

 1) Le premier novembre, les chrétiens honorent les saints puis les défunts le lendemain. Cette période se prête au recueillement, à la réflexion philosophique ou religieuse sur la mort. Auparavant, une fête païenne héritée des celtes sera célébrée. Halloween désigne la veille de tous les saints. Cette fête fut importée en Amérique pendant le XIXe siècle par des migrants Irlandais ; elle est devenue une fête païenne, sorte de défoulement ostentatoire dont on ne sait plus quelle est la finalité, d’autant plus que cette fête est maintenant récupérée par la marchandise qui l’instrumentalise pour générer un chiffre d’affaire conséquent. Toutes les civilisations et sociétés se sont souciées des défunts, organisant des rites funéraires visant à accompagner les morts vers le passage, ou alors à permettre aux vivants de se rassembler pour se rappeler chaque vie perdue et d’entamer la période du deuil. La mort sépare deux catégories d’humains, les vivants qui restent et les défunts qui ne sont plus parmi les vivants sans pour autant avoir disparu. Car dans pratiquement toutes les sociétés et civilisation anciennes ou même récentes, la mort n’est pas considérée comme le terme définitif d’une existence mais un passage.

 La Chine ancienne vouait un culte appuyé aux morts. En Inde, la réincarnation est prévue après la mort. Les Egyptiens étaient préoccupés par le passage vers un autre lieu. Les Africains invoquent les défunts pour résoudre divers problèmes liés à la communauté. Les Grecs avaient une position plus contrastée, liée à l’activité de la raison qui, si elle se base sur des réalités incomplètes, mène vers des conclusions fausses. La résurrection des morts figure dans les trois religions du Livre, judaïsme, christianisme, islam. Pratiquement l’humanité dans son intégralité croyait à un passage des défunts dans un autre monde et par conséquent, la mort n’était pas considérée comme un point final. Les anciens ne croyaient pas qu’après un décès, il n’y a plus rien, juste une dépouille corporelle livrée à la corruption. Les modernes ont une position contrastée avec deux options s’excluant mutuellement. Après la mort il n’y a rien ou il y a quelque « chose ».

 L’idée qu’il n’y ait plus rien après la mort suscite des réactions contrastées. Les uns laissent de côté cette idée, n’y pensent pas, s’investissent le plus possible dans les activités accessibles en ce monde quitte à se perdre dans le divertissement et les plaisirs répétitifs. En revanche, cette même idée en effraie d’autres et suscite un sentiment de crainte. L’homme s’attache à sa conscience, son égo et conçoit avec la raison et la science matérialiste une fin de vie s’achevant dans le néant, dans un sommeil définitif, une inconscience totale, comme si c’était un retour à l’état avant la naissance, lorsque l’égo n’était pas encore présent. La mort suscite deux craintes, celle de ne plus exister si l’on ne croit pas en un au-delà ; et pour les croyants convertis à une des religions du Livre, la crainte de ne pas aller vers la destination radieuse, le paradis, et de finir en « enfer ».

 

 2) La peur du néant est assez récente, elle s’est répandue dans les sociétés occidentales depuis deux siècles, après la philosophie des Lumières et surtout les sciences mécanistes et matérialistes avec comme fond un athéisme qui en réalité est une croyance formulée par la thèse d’une absence de Dieu. La peur du néant repose sur la thèse d’un seul monde, éclairé par les astres avec une vie générée par l’énergie manifeste, la complexité mécanique, qui prend fin lorsque les mécanismes sont usés, fatigués. La fin de vie est alors une panne définitive, les cellules vivantes ne produisent plus d’énergie, vous n’êtes plus animés. Vous n’êtes plus rien disent les matérialistes, plus rien excepté un défunt subsistant dans le souvenir des proches et une dépouille livrée à la terre ou au feu.

 La science est restée ambivalente sur la question de l’après-mort. La religion s’avère plus consensuelle, même si des divergences assez profondes séparent les théologies. Pour la science, cette question est d’ordre ontologique ; que dit la physique sur un éventuel passage, une extraction de l’âme vers un autre monde, une « trans-location » vers un autre lieu ? Pour les religions du Livre, cette question ne se pose ; l’interrogation est alors d’ordre sotériologique ; où vont les âmes, comment et pourquoi sont-elles condamnées ou sauvées ? Les considérations sotériologiques occupent des milliers d’ouvrages. Mais peu d’études sur ce qui pourrait expliquer la science afin de rendre crédible, sinon vrai, le récit d’un passage et d’un voyage dans un autre monde que l’on pressent comme étant sacré et divin.

 Pour les uns, la science penche en faveur de l’existence d’un Dieu, attestée par la théorie du big bang et le fin réglage des constantes et mécanismes moléculaires. D’autres penchent vers un athéisme appuyé, convaincu que la science est compatible avec la doctrine sur l’inexistence de Dieu. Ces controverses ne disent rien sur ce qu’il advient après la mort. La survie de l’âme spirituelle repose sur une loi surnaturelle décrivant comme une source transcendante parvient à conserver une partie de la psyché une fois le corps décomposé. Procédé connu en tant que résurrection des morts et non des corps. Si la science doit intervenir dans ces questions, c’est en fournissant des connaissances permettant d’expliquer cette résurrection après la mort ; le passage, la transition vers un état non corporel, avec un déplacement et un voyage de l’autre côté, dans des lieux cachés gouvernés par une autre cosmologie.

 La cosmologie contemporaine est maintenant en mesure de modéliser ce cosmos caché et la mécanique quantique est capable d’expliquer comment la matière vivante est plus complexe que les apparences, faite de stratifications, de champs quantique superposés, ouverts, dynamique, composés de formes et substance. La survie de l’âme incorporelle devient accessible à la science, de la même manière que la vie corporelle est maintenant expliquée avec les molécules, les génomes, les mécanismes électromécaniques, et que les actes mentaux ont comme support les neurones et les signaux électriques. La science est en mesure d’expliquer le voyage de l’âme vers un autre monde. Encore faut-il décider de faire des recherches pour en donner un récit ou un discours crédible.

 Ces propos paraîtront présomptueux. Ils sont énoncés sur la base d’investigations savantes que j’ai menées et que je n’ai pas encore décidé de publier. J’ignore si la mort a encore sa place et se prête à un dialogue dans le domaine public et médiatique ; ou si la mort est définitivement enterrée dans le monde profane et réservée à l’espace privé. Quoi qu’il en soit, je pense avoir réuni suffisamment d’indices convergeant vers la thèse d’un passage après la mort devenu crédible et plus certain que la thèse d’un point final pour l’âme humaine. 

 


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