Apostasie & Débaptisation

par Patrick Lefèvre
vendredi 1er avril 2011

Une des spécialités des religions (et particulièrement de celles dites « du Livre ») est d’embrigader les êtres humains dès leur plus jeune âge ; pour ce faire, deux méthodes sont utilisées : l’appartenance automatique dès la naissance en fonction de la religion d’un ou des parents et le baptême.

Ce système leur permet de quantifier des effectifs importants (et de communiquer abondamment sur cet élément) sans se soucier des choix ultérieurs qui pourraient être faits par les personnes devenues adultes.

Que peut-on faire quand, arrivé à l’âge de raison, on ne souhaite plus appartenir officiellement à une organisation religieuse ?

La réponse n’est pas évidente car s’il est très facile d’y entrer involontairement, il est quasiment impossible d’en sortir volontairement… La renonciation officielle à une confession a pour nom APOSTASIE et on touche, là, à quelque chose qui a le don d’irriter au plus haut point tous les chefs religieux puisque certains, même encore au XXIème siècle, condamnent encore l’apostat tout simplement de la peine de mort…

Une recherche sur Internet permet de trouver des informations sur quelques sites et particulièrement sur ceux-ci : http://atheisme.free.fr/Themes/Debaptisation.htm ou http://www.fnlp.fr/spip.php?article74 mais les informations recensées concernent essentiellement les chrétiens (et particulièrement les catholiques).

Un catholique peut donc sortir de la religion par une procédure appelée DEBAPTISATION.

Il est à noter que cette sortie n’est toutefois que relative puisque, en contradiction avec les lois relatives à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, l’effacement total des données ne peut être obtenu ; ci-dessous à titre informatif, la réponse de la hiérarchie catholique à une demande de débaptisation et d’effacement total du registre des baptêmes :

La CNIL, à l’issue de l’instruction de cette demande, a considéré que les dispositions de la loi du 6/01/78 applicables aux fichiers tant informatisés que manuels avaient été respectées : le requérant avait pu exercer ses droits d’accès et de rectification et ne pouvait exiger l’effacement de la mention de son baptême qui constituait un fait dont la réalité historique n’était pas contestable, interdisant de la considérer comme une information périmée (in Liberté religieuse et régimes des cultes en droit français, p.591)

Et à la page suivante, résumant la démarche, on lit « la CNIL a admis que la loi était satisfaite lorsque les églises apposaient une mention de renonciation au baptême dans le registre et en informaient l’intéressé, en lui remettant, à sa demande, une copie de la page du registre concernant la mention de la renonciation et, s’il y a plusieurs baptêmes sur la même page, copie des seules parties de la page concernant le requérant ».

L’argument développé par la CNIL laisse quelque peu perplexe puisque l’inscription dans un fichier (peu en importe la raison) est par nature un fait dont la réalité historique n’est pas contestable… « L’assignation à résidence » n’est donc jamais périmée…

Notons aussi une réaction fréquente et médiocre de la hiérarchie catholique qui consiste à indiquer en marge du paragraphe « a renié » au lieu de « a renoncé » : cette différence n’est pas anodine quand on connaît la connotation négative liée au reniement et la culpabilisation que cela pourrait entraîner chez certaines personnes.

A titre anecdotique, on peut également relever que les informations indiquées par la Libre Pensée (second site indiqué précédemment) sont partiellement erronées puisqu’elles insistent sur l’effacement alors que c’est actuellement impossible. Les dirigeants de cette association confirment d’ailleurs l’impossibilité dans une motion d’août 2009 (http://www.fnlp.fr/spip.php?article405) en indiquant que la Libre Pensée soutiendra tout citoyen engageant une action en justice pour obtenir l’effacement des données : n’y aurait-il aucun membre qui soit baptisé ?... Cela serait surprenant et dans ce cas, pourquoi ne pas commencer en interne au lieu d’envoyer de simples citoyens au « casse pipe »…

Comme on le voit, le culte catholique (largement soutenu par les institutions de la République) a bien du mal à accepter la liberté du citoyen. Mais on doit lui reconnaître le fait qu’il communique a minima sur cette question, ce qui est loin d’être le cas pour les autres cultes…

On peut par exemple trouver des informations sur le site http://recherche.catholique.fr/?q=apostasie&sites=tous alors qu’aucun renseignement sur l’apostasie n’est disponible sur les sites du CFCM (Conseil français du culte musulman) et du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France)…

De même, une demande directe sur cette question par courriel à ces deux institutions est restée sans réponse…

Pire, un courriel sur le même thème adressé à la LDH (Ligue des droits de l’homme) est resté également sans réponse alors que la DUDH (Déclaration universelle des droits de l’homme) précise « la liberté de changer de religion ou de conviction » dans son article 18…

On note d’ailleurs que le site de la LDH ne comporte pas de chapitre « Religions » dans la rubrique « Libertés » alors que cette association a pour référence la DUDH et que les règlements intérieurs des religions sont généralement très loin de respecter les idéaux définis dans la DUDH…

Le plus surprenant dans cette affaire est l’attitude des pouvoirs publics (et ce, quelles que soient leurs couleurs politiques) qui reconnaissent et financent allègrement des idéologies religieuses plus proches de mouvements sectaires qu’autre chose, alors qu’il devrait y avoir belle lurette que les religions qui n’adaptent pas clairement leurs textes à la déclaration des Droits de l’Homme ne devraient pas pouvoir bénéficier de financements publics directs ou indirects (rappelons d’ailleurs à cette occasion que ces financement sont interdits par l’article 2 de la loi de 1905, mais courants depuis de nombreuses années et maintenant en développement exponentiel…).

Pour en terminer, quelques lignes sur la circoncision (signe d’appartenance religieuse pour certains) et pratique souvent liée au baptême, sauf qu’à la différence d’une annotation dans un fichier, cette mutilation rituelle a des conséquences physiques (et certainement psychiques) irréversibles pour les petits garçons qui la subissent… Et que ce « tatouage » (ou plutôt, à l’instar du bétail, ce marquage) identitaire est donc à vie…

Comme pour les interdits alimentaires, les laudateurs de cette mutilation en appellent parfois à des raisons sanitaires pour justifier cette tradition archaïque, barbare et superstitieuse. A cet argument, la réponse de bon sens sera toujours la même : il suffit de regarder autour de soi pour se rendre compte du caractère fallacieux d’une telle position puisque la majorité des hommes vivent tels que « Dame Nature » les a créés et s’en portent très bien…

On n’oubliera pas non plus l’autre raison invoquée et encore plus imbécile liée au puritanisme et à la volonté de certains de vouloir empêcher un acte tout à fait naturel et normal, à savoir la masturbation.

Sur ce problème de circoncision, on ne peut être à nouveau qu’atterré par le silence coupable et complice des autorités de notre pays alors que parallèlement elles se targuent de tout mettre en place pour protéger les enfants…

Les textes internationaux ne sont pas en reste puisque, par exemple, la déclaration de 2008 de dix institutions soutenues par les Nations Unies se concentre uniquement sur les mutilations sexuelles féminines qui sont bien sûr à bannir également mais pas seulement.

Accessoirement se pose d’ailleurs la question de la prise en charge par la Sécurité sociale : certes, il ne s’agit que d’une goutte d’eau dans l’océan de gabegie dans lequel baigne cette institution mais il est fort curieux qu’il y ait depuis quelques décennies une augmentation exponentielle de petits garçons souffrant de phimosis impliquant une intervention chirurgicale sous couvert médical – donc remboursée - (serait-ce uniquement le résultat d’une prédisposition génétique et héréditaire ?…).

En conclusion, une république laïque digne de ce nom se devrait de protéger les enfants en rappelant avec fermeté et en déclinant concrètement et clairement dans ses textes juridiques le fait que tout être humain naît LIBRE et ne saurait donc être assigné à une quelconque appartenance identitaire ou communautaire supposée.

Dans un tel cadre, il ne s’agirait nullement d’empêcher complétement le baptême et la circoncision mais de les interdire pour les enfants (avec un contrôle strict et des sanctions dissuasives et ce, particulièrement pour les parents et médecins transgressant l’interdiction de toute mutilation).

Les personnes majeures, elles, doivent disposer de toute liberté sur ces deux questions : dans l’esprit du courant anabaptiste sur ce point précis, le baptême à l’âge adulte ne pose assurément aucun problème et en ce qui concerne la circoncision, la tolérance doit être de rigueur au même titre que pour toutes les autres extravagances qu’une partie des êtres humains est capable d’infliger à son propre corps (mais cela, évidemment sans aucune prise en charge médicale tant au niveau de l’acte par lui-même que des éventuelles complications).


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