Carcassonne : caillassage en pleine messe
par Catherine Segurane
vendredi 5 novembre 2010
Mardi 3 novembre, église Saint-Jacques, dans le quartier sensible du Viguier à Carcassonne : une soixantaine de fidèles qui assistaient à la messe des défunts ont été la cible de caillassages qui ont également endommagé une statue de la Vierge située à l’entrée de l’édifice. Deux jeunes de 13 ou 14 ans sont entrés en pleine messe et ont jeté des pierres et des pignes de pin sur l’assistance, avant d’être mis en fuite par un fidèle qui les a poursuivis mais n’a pas pu les rattraper. Une personne a été touchée.
Les investigations policières s’attachent à identifier les deux auteurs, mais du ménage aurait été fait et aurait effacé des indices. Un enquêteur, cité par Midi Libre, qualifie le caillassage de "bêtise de gamins’, et le même article révêle qu’il y en a eu d’autres, toujours qualifiées de "bêtises de gamins". Il y a quand même eu un blessé (léger).
Plus grave encore : sur le blog du Front National de l’Aude, nous lisons avec stupéfaction que, depuis plusieurs mois au moins, les fidèles de cette église devraient sortir de la messe sous protection policière. Ce genre de révélations met très mal à l’aise car nous n’avons trouvé cette information nulle part ailleurs. Or, de deux choses l’une : soit l’article du blog est faux et il mériterait un démenti vigoureux, soit l’omertà des médias officiels va très très loin, car ce n’est pas une chose banale que cette nécessité récurrente de protection policière simplement pour assister à la messe.
Voici donc ce qu’on pouvait lire sur ce blog dès le 16 février 2010 :
"La Conte, Ozanam, Grazailles, Fleming, Le Viguier sont des quartiers sensibles à forte population immigrée où la pression communautariste sur les habitants blancs-chrétiens-français est avérée.
L’appel à la protection de la Police des fidèles catholiques les dimanches en fin d’office en sortant de l’église du Viguier en est l’exemple le plus scandaleux. Sans parler des graffitis Anti France qui ternissent les murs des immeubles."
Les dimanches ... au pluriel !
Aucun ministre ne s’est déplacé, aucun n’a condamné ! Vous m’entendez, Monsieur Hortefeux ?
Quelques réactions des lecteurs de l’Indépendant nous apportent des précisions quant au au contexte ; celle-ci, par exemple, confirme le caractère répétitif des incidents :
Benvoyons, 15 heures 04 : "Ca ne m’étonne pas du tout, il y a déjà des années qu’ils ne respectent plus cette église, j’ai entendu des bruits de jets de pierres en pleine cérémonie d’enterrement, c’est inadmissible. Il ne faut pas s’étonner que cette paroisse soit désertée au profit de Saint-Michel"
Le quartier du Viguier est classé en Zone Urbaine Sensible . Il a connu des émeutes urbaines en 2007. En mai 2010 encore, il était au bord de l’explosion, principalement du fait d’une bande de jeunes connus de tous mais dont l’éloignement était réclamé en vain. De nouveaux arrivants, considérés comme des intrus, furent violemment agressés à coups de hachoir et de sabre par des "jeunes" qui en entraînèrent ensuite une centaine d’autres si bien que tout le quartier bascula. Des habitants convoquèrent la presse, et le frère du présumé agresseur au hachoir donna une interview .
Une plainte a été déposée pour les incidents de l’église du Viguier.
L’abbé Garrouste, desservant de la paroisse, qui célébrait la messe ce soir-là, prend l’affaire au sérieux : "C’est grave, c’est une véritable profanation".
Nous éviterons, quand à nous, des termes tels que profanation, sacrilège, blasphème, qu’on entend beaucoup trop en ce moment. Nous dirons simplement que la liberté de culte est assurée par la loi de 1905. L’article 32 de cette loi prévoit des peines pour "ceux qui auront empêché, retardé ou interrompu les exercices d’un culte par des troubles ou désordres causés dans le local servant à ces exercices". Et, bien sur, les dégradations telles que celles de la statue de la Vierge sont sanctionnées comme toutes les autres atteintes aux biens.