Ce qui relève vraiment du blasphème …
par C’est Nabum
lundi 19 janvier 2015
"Tu ne tueras point !"
L'escalade de l'horreur ..
Parfois, il est bien compliqué de comprendre les circonvolutions de l'esprit de nos amis croyants. Un simple dessin, une œuvre de papier et de pure imagination leur fait pousser des cris d'orfraie. Ils s'indignent, réclament l'interdiction de l'immonde chose, ils interdisent et parfois décrètent l'excommunication, ou pire encore, déclenchent les foudres de Dieu contre le coupable.
On les devine alors très chatouilleux sur le respect de leur foi, sensibles à l'image de leur religion, au respect de leur croyance. On perçoit alors qu'ils sont touchés au plus profond d'eux-mêmes par une fiction, un pauvre gribouillage censé représenter celui que personne n'a vu. Le décalage entre l'offense supposée et la réalité est si manifeste, que les mécréants ne parviennent pas à comprendre leur indignation.
Nous pouvons faire des efforts et admettre que le sacré suppose des principes qui nous échappent, exigent un respect sans limite des préceptes et des fidèles, une ligne philosophique ou liturgique (qu'importe la formule sans faille ni dérive) Tout cela nous pourrions l'admettre si, dans le même temps, il y avait une cohérence forte dans la pratique de la foi.
Mais voyez-vous, ces gens, si chatouilleux pour un croquis, semblent ne jamais s'indigner qu'au nom de leur Dieu si vénéré, qu'au nom d'une doctrine de paix et d'amour, des monstres puissent pratiquer le pire de l'inhumanité, la plus effroyable barbarie. Là, l'émotion, la colère, les oukases laissent place à un silence étrange.
Qu'on égorge au nom d'Allah, qu'on trucide les infidèles, qu'on viole à tour de bras, qu'on élimine des populations entières se réclamant parfois de la même foi, qu'on assassine des collégiens et des élèves, qu'on enlève des jeunes filles innocentes, qu'on confie une bombe à une enfant de 9 ans, qu'on porte le feu, le glaive, la peur et le sang sur toute la planète en se réclamant d'un Dieu vengeur, ne provoque aucune réaction outragée.
Le blasphème pour un pauvre petit dessin et aucune fatwa pour les montres. Il faudra nous expliquer ce décalage absurde, cette escalade dans la mauvaise foi. Qu'est-ce à dire ? Qu'il n'est rien à interdire à ceux qui ont le bonheur immense de croire en un Dieu guerrier ? Que nulle autorité religieuse ou morale ne peut se permettre de condamner sous le seul prétexte de la coreligionnarité ?
Notre bon pape en personne, qui jusque là avait un parcours irréprochable, vient rappeler qu'il faut respecter le fait religieux. La caricature est à ses yeux, un péché mortel, une crachat à la face pure des porteurs d'espérance. Soit, retenons ce point de vue qui fait peu de cas de la liberté d'expression tout en semblant donner raison à certains. Les dessins, jusqu'alors, n'avaient pas tué grand monde …
Mais quand allons-nous assister à une immense internationale des cultes, un grand symposium de l'œcuménisme triomphant : le concile des sages et des purs pour déclarer hors la foi les bourreaux, les montres, les terroristes et les fous, les croisés du prophète, les cinglés du Christ, les extrémistes de Yahvé ? Messieurs les religieux, tirez les premiers ; non pas sur les innocents, les gentils, les impies et les agnostiques : ceux-là ne sont pas vraiment un danger pour votre fonds de commerce mais sur ceux qui se réclament injustement d'une transcendance mystérieuse.
Dénoncez sans réserve ceux qui traînent l'idée de Dieu dans le sang, la peur et l'effroi. Ceux-là sont des envoyés du diable, des antéchrists et des Djinns. Mais ces mots sont sans doute insupportables : vous n'êtes pas enclins à regarder balayer dans vos jardins. L'Eden ne peut être pavé que de bonnes intentions et l'enfer c'est forcément les autres : ceux qui ne se prosternent pas devant une idole ou une divinité évanescente.
Faudra-t-il vous faire un dessin pour que vous preniez enfin le diable par la barbe, que vous dénonciez d'abord ceux qui offensent vraiment votre Dieu, quel qu'il soit ou non ? Celui qui tue un homme, tue l'humanité tout entière. Un dessin n'a jamais fait autant de dégâts.
Irrévérencieusement vôtre