Comment Jacob, auteur de malversations antiques a transmis sa punition à sa descendance

par L’apostilleur
mercredi 1er juillet 2020

 Abus de faiblesse, abus de confiance, mensonges, trahison intrafamiliale, jalousie… sont les ingrédients d'une saga aux conséquences hors pair.

L’histoire a pour enjeu la prérogative promise à un peuple sur un autre, sur fond d’héritage. Au centre de l'intrigue trône un patriarche, sa femme et leurs deux garçons dont l'aîné est le préféré du père et le cadet, celui de la mère. Les deux frères sont chacun promis à une destinée extraordinaire à la tête d’une nation « …dont l’une sera plus puissante que l’autre », en conséquence de ce que « …l’aîné obéira au plus jeune ».

Les dés semblaient jetés dès leur naissance. Mais contre toute attente la préséance du peuple du cadet fut remise en cause par l’accomplissement de ses propres méfaits encouragés par sa mère.

 

Deux privilèges annoncés se croisent dans cette histoire alambiquée, sans qu’il soit dit qu’un bénéficiaire puisse les cumuler ;

Le film se déroule il y a environ trois mille ans et met en scène des acteurs célèbres connus du monde entier et notamment de leurs innombrables héritiers. Le scénario est raconté dans le livre de la Genèse, composant fondateur pour trois religions qui y puisent leurs origines.

L’épisode qui suit ne concerne pas les musulmans qui en réfutent une partie avec leurs écritures plus tardives (*), quand juifs et chrétiens s’entendent eux sur le même texte original qui étaye notre sujet dans l’Ancien testament et la Torah.

Après que les siècles soient passés pour l’accomplissement de la prophétie, une relecture de ce passage biblique alambiqué aide à en démêler l’écheveau.

 

Cette histoire commence avec Abraham qui réunit sur son nom les trois religions. Dès après lui, elles trouvent leurs distinctions avec ses descendants.

Ismaël, premier fils d’Abraham avec une servante égyptienne (**), a été écarté et n’intervient pas dans cette histoire qui commence plus tard avec sa femme Sara, dont la stérilité a été surmontée grâce à l’intervention de Dieu ; « …je la bénirai, en ce qu'elle produira des nations et que des chefs de peuples naîtront d'elle. »

 

Sara présentant sa servante à Abraham. Matteus Stom XVIIe s.

 

S’ensuivit la naissance d’Isaac, héritier d’Abraham qui se marie avec Rebecca. A quarante ans sans enfant, il demande à Dieu d’intervenir pour que sa femme stérile (comme sa mère), lui en donne et « … implore l’Éternel au sujet de sa femme … l'Éternel accueillit sa prière et Rébecca, sa femme, devint enceinte. »

S’ensuivit une grossesse gémellaire qui fit s’interroger Rebecca alors que « … les enfants s'entre poussaient dans son sein … Si cela est ainsi, à quoi suis-je destinée… Le Seigneur lui dit : "Deux nations sont dans ton sein et deux peuples sortiront de tes entrailles ; un peuple sera plus puissant que l’autre et l’aîné obéira au plus jeune. » Genèse (25,23),

Deux garçons naîtront (***) à qui se rattacheront deux peuples et leur religion ; avec Esaü les édomites (fidèles à Jésus) et le judaïsme avec Jacob renommé Israël après avoir « lutté et vaincu Dieu et les hommes ».

A ce stade des écritures, le peuple de l’aîné Esaü (chrétien) devait obéir à celui du cadet Jacob (juif). Alors pourquoi les événements au cours des siècles ont-ils démontré le contraire ? Le Seigneur ne pouvant se tromper, par quel imbroglio la prééminence s’est-elle donc inversée ?

On trouve dans les quelques lignes de la Genèse qui suivent les étapes de l’intrigue expliquant pourquoi la prophétie a pu se réaliser malgré l’ordre des naissances.

Avant, il convient de rappeler que le droit d’aînesse chez les juifs apporte encore aujourd’hui pour certains, des privilèges sur les suivants. Rebecca aura certainement eu en considération ce bénéfice pour conseiller son fils préféré Jacob et l’encourager à user de turpitudes envers son père Isaac pour y parvenir.

Revenons donc à la Genèse qui nous instruit sur le stratagème qui aboutit à l’usurpation.

 

La célèbre histoire du « plat de lentilles », raconte l’opportunisme de Jacob pour spolier son frère Esaü de son « droit d’aînesse ».

 « Un jour Jacob faisait cuire un potage quand Ésaü revint des champs, fatigué.

Ésaü dit à Jacob : "Laisse-moi avaler, je te prie, de ce rouge, de ce mets rouge, car je suis fatigué." …

 Jacob dit :  "Vends-moi d'abord ton droit d'aînesse."

Ésaü répondit : "Certes ! Je marche à la mort ; à quoi me sert donc le droit d'aînesse ?"

 Jacob dit : "Jure le moi dès à présent." Et il lui fit serment et il vendit son droit d'aînesse à Jacob.

Jacob servit à Ésaü du pain et un plat de lentilles ; il mangea et but, se leva et ressortit ... »

 

A ce moment de l’histoire, Jacob a donc déjà ravi le droit d’aînesse à son frère affamé, contre un plat de lentilles. Mais pour parfaire sa légitimité, Jacob doit encore tromper son père pour obtenir la bénédiction qui doit aller à son frère Esaü.

Pour la suite on se rappellera la préférence d’Isaac pour son fils aîné « … Ésaü parce qu'il mettait du gibier dans sa bouche ; mais Rébecca préférait Jacob.  »

La Genèse -27 nous instruit sur ce qui suit, un complot organisé par le cupide Jacob et sa mère Rebecca.

« Comme Isaac était devenu vieux… sa vue s'obscurcit.

(S’adressant à Esaü) Et maintenant, je te prie, prends tes armes, ton carquois et ton arc ; va aux champs et prends du gibier pour moi.

Fais m'en un ragoût comme je l'aime, sers-le moi et que j'en mange afin que mon cœur te bénisse avant ma mort.

Rébecca dit à Jacob, son fils : "Ecoute ; j'ai entendu ton père parler ainsi à Ésaü, ton frère… maintenant, mon fils, sois docile à ma voix, sur ce que je vais t'ordonner : va au menu bétail et prends moi deux beaux chevreaux et j'en ferai pour ton père un ragoût tel qu'il l'aime.

Tu le présenteras à ton père et il mangera ; de sorte qu'il te bénira avant de mourir."

Si par hasard mon père me tâte, je serai à ses yeux comme un trompeur, et, au lieu de bénédiction, c'est une malédiction que j'aurai attirée sur moi !"

Sa mère lui répondit : "Je prends sur moi ta malédiction, mon fils. Obéis seulement à ma voix et va me chercher ce que j'ai dit."

Puis Rébecca prit les plus beaux vêtements d'Ésaü, son fils aîné, lesquels étaient sous sa main dans la maison et elle en revêtit Jacob, Celui-ci entra chez son père, disant : "Mon père !" II répondit : "Me voici ; qui es-tu, mon fils ?"

Jacob dit à son père : "Je suis Ésaü, ton premier né ; j'ai fait ainsi que tu m'as dit. Viens donc, assieds-toi et mange de ma chasse afin que ton cœur me bénisse." Jacob s'approcha d'Isaac, son père, qui le tâta et dit : "Cette voix, c'est la voix de Jacob ; mais ces mains sont les mains d'Ésaü." Il dit encore : "Tu es bien mon fils Ésaü ?" II répondit : "Je le suis."

II reprit : "Donne, que je mange de la chasse de mon fils afin que mon cœur te bénisse !" II le servit et il mangea ; lui présenta du vin et il but.

Isaac son père lui dit : "Approche, je te prie et embrasse-moi, mon fils."

II s'approcha et l'embrassa. Isaac aspira l'odeur de ses vêtements ; il le bénit et dit : "Voyez ! Le parfum de mon fils est comme le parfum d'une terre favorisée du Seigneur !

… lorsque son frère Ésaü revint de la chasse. II apprêta, lui aussi, un ragoût et le présenta à son père en lui disant : "Que mon père se dispose à manger de la chasse de son fils, afin que ton cœur me bénisse.

lsaac, son père, lui demanda : "Qui es-tu ?" II répondit : "Je suis ton fils, ton premier-né, Ésaü."

Isaac fut saisi d'une frayeur extrême et il dit : "Quel est donc cet autre, qui avait pris du gibier et me l'avait apporté ? J'ai mangé de tout avant ton arrivée et je l'ai béni. Eh bien ! Il restera béni !"… "Ton frère a usé de ruse et il a enlevé ta bénédiction."

Ésaü dit alors : "Est-ce parce qu'on l'a nommé Jacob qu'il m'a supplanté deux fois déjà ? II m'a enlevé mon droit d'aînesse et voici que maintenant il m'enlève ma bénédiction !" … Et Esaü éclata en pleurs.

Pour réponse, Isaac son père lui dit : "Eh bien ! une grasse contrée sera ton domaine et les cieux t'enverront leur rosée.

Mais tu ne vivras qu’à la pointe de ton épée ; tu seras tributaire de ton frère. Pourtant, après avoir plié sous le joug, ton cou s’en affranchira."

 

Ce faisant, Rebecca négligeait la prophétie que lui avait adressée le Seigneur ; « ... Deux nations sont dans ton sein et deux peuples sortiront de tes entrailles ; un peuple sera plus puissant que l’autre et l’aîné obéira au plus jeune. »

 

Le cumul des privilèges n’étant pas prévu par la prophétie et en conséquence de ce qu’elle distinguait celui de l’aîné de celui du cadet, les vilenies de Jacob eurent donc pour effet de son usurpation du « droit de l’aîné », d'inverser le droit des peuples ; celui de Jacob « …obéira…  » donc à celui d’Esaü.

 

Des commentateurs ont voulu justifié les ignominies de Jacob en soulignant l’inconsistance d’Esaü indigne de son droit d’aînesse qu’il aurait « …rejeté », d’autres historiens révisionnistes israéliens les contredisant, pensent à inverser la filiation par « …un renversement typologique selon lequel Jacob symboliserait le christianisme alors que Esaü représenterait le judaïsme » au prix d’une remise en cause de leur filiation, et d’aucuns encore expliquent « comment justifier le détournement de bénédiction  ».

 Les efforts à postériori des « exégètes  » ne pourront pas effacer l’histoire des descendant de Jacob dominés par ceux d’Esaü pendant des siècles, sauf à contredire l'Acient Testament et la Torah.

Si cette histoire avait été une fable, on aurait pu dire que la morale est ainsi sauve ; le bien mal acquis par l’imposteur égoïste ne profita pas à sa descendance. 

 

 

(*) Pour les musulmans c’est Ismaël et non Isaac, qu’Abraham avait choisi d’immoler en preuve de sa soumission à Dieu et dont Mahomet aurait dit descendre. On ne retiendra pas cette explication tardive qui n’entre pas dans le champ de notre observation.

(**) La descendance d’Abraham commencera par une pratique courante dans la Genèse. Stérile, sa femme Sara a proposé à Abraham de se rapprocher de sa servante égyptienne Agar pour engendrer la descendance qu’elle ne pouvait lui donner. Ismaël naquit de cette gestation pour autrui.

 

(***) Pour des musulmans de la grande mosquée de Paris « …Abraham aurait, selon les sources juives, commercialisé, en territoire philistin comme en Egypte, la grande beauté (de Rebecca), en troquant complaisamment ses charmes contre les faveurs des souverains dont il escomptait la bienveillance (Pharaon, Abimelek) et donna naissance à Isaac à l’âge de quatre-vingt-dix ans ! Une fécondité aussi tardive bouleverse évidemment les lois de la nature. Mais les légendes immorales, les invraisemblances et les niaiseries de la Bible doivent être sinon acceptées, du moins jugées de bon cœur et avec une indulgence souriante. »

 

La mère d’Ismaël n’était pas juive et son père Abraham non plus, selon la grande mosquée de Paris (site officiel) qui aurait consulté le grand rabbin Jaïs (?) de Paris « sur l’origine ethnique d’Abraham, (celui-ci aurait) « loyalement affirmé que sur ce point le Judaïsme et l’Islam sont d’accord : Abraham n’était pas juif ». Cette condition permet à Mahomet descendant d’Ismaël de s’exonérer de la judaïté d’Isaac et de Jacob.

La matrilinéarité condition essentielle pour la transmission de la judaïté, n’a pas été constante. Les enfants de Moïse sont nés d’une mère Madianite (noire) non juive dont le peuple est détesté par l’Eternel qui « …parla ainsi à Moïse : "Attaquez les Madianites et taillez-les en pièces ! » et pourtant ils sont bien juifs.


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