Dans le Coran : ni voile, ni foulard !
par HORCHANI Salah
samedi 6 février 2010
A tous les musulmans (respectivement, à tous les non musulmans) qui essayent de justifier leur obscurantisme (respectivement, qui essayent de dénigrer l’Islam), en se basant, soi-disant, sur tel ou tel hadith du Prophète (à l’image de l’Evangile, il s’agit d’une parole attribuée au Prophète, voire même prononcée devant lui, ou bien un fait ou un geste accompli par lui ou en sa présence, et ayant obtenu son approbation tacite) ou alors sur une interprétation partisane de tel ou tel verset du Coran, je leur dis que, d’une part, les Hadiths sont une oeuvre humaine qui a commencé à être rassemblée puis écrite un siècle et demi, environ, après la mort du Prophète ; il est donc légitime de s’interroger sur leur authenticité et de se demander si, pour des raisons philosophico-politiques, on n’a pas attribué au Prophète des hadiths fallacieux, d’autant plus que certains hadiths considérés, traditionnellement, à cent pour cent authentiques, semblent relever, plutôt, d’une hagiographie où le merveilleux côtoie l’apologétique, et que, d’autre part, le Coran se déclare, lui-même de l’intérieur, ouvert à diverses interprétations, et ce linguistiquement et par le texte ; qui plus est, une liberté absolue d’interprétation est laissée au lecteur, liberté qui est corroborée, sans aucun doute, par le magnifique Verset 7 de la Sourate 3 où il est dit, d’abord, « Nul autre que Dieu ne connaît la véritable interprétation du Coran » et, ensuite, à la fin du Verset « Et seul les gens doués d’intelligence peuvent méditer sur cela ».
Ainsi, cette liberté d’interprétation, permise par l’essence du texte coranique lui-même, a conduit, par exemple, Fakhr Ad-Din Ar-Razi, l’un des plus grands exégètes de tous les temps (1149-1209), à donner jusqu’à plus de cent interprétations de certains Versets parmi lesquelles on peut citer le Verset 60 de la Sourate 55.
Pour terminer, il convient de dire que le plus urgent, pour l’Islam d’aujourd’hui, est de libérer le Coran du contexte de sa révélation, et ce en distinguant le temporel de l’éternel et le conjoncturel de l’universel. A titre d’exemple, ceux qui veulent imposer le voile, intégral ou non, aux musulmanes se basent, essentiellement, dans leur argumentation, sur le Verset 59 de la Sourate 33 qui, en réalité, relève du conjoncturel, puisqu’il s’adresse, explicitement, aux épouses du Prophète, à ses filles et aux femmes des croyants (de l’époque) ; en outre, ils choisissent, pour traduction du dit verset, celle qui figure dans la version française officielle du Coran de l’Arabie Saoudite, traduction qui représente l’interprétation la moins tolérante du terme « Jalabibihinna », terme pivot de ce verset traduit, dans cette version, par « grands voiles » ; dans d’autres versions, ce terme est plus sobrement traduit par : voiles, mantes, capes,… ; dans tous les cas, l’adjectif « grand » ne figure pas dans le texte en arabe et nulle part, dans le Coran, il n’est mentionné que le port du voile (ni du foulard, d’ailleurs) est une prescription pour les croyantes, en général.
HORCHANI Salah