L’affaire Redeker, deux poids, deux mesures

par Le péripate
lundi 30 octobre 2006

 L’affaire Redeker ou l’institution islamophobe...

Redeker n’est pas le premier intellectuel ou homme public à recevoir des menaces de mort. Mais toutes les affaires n’ont pas été traitées de la même manière...

Voici, par exemple un article du Monde, daté du 12 mai.

« Douze balles envoyées par courrier, accompagnées d’un bristol anonyme portant cette phrase : "La prochaine n’arrivera pas par la poste." Douze parties civiles étaient présentes au procès de Raphaël Schoemann, qui comparaissait devant le Tribunal correctionnel de Paris, jeudi 11 mai. Les propalestiniens radicaux voisinaient avec quelques figures des réseaux franco-arabes, notamment Gilles Munier, secrétaire général des Amitiés franco-irakiennes. Les personnalités, parmi lesquelles le député européen (Verts) Alain Lipietz, le dirigeant altermondialiste José Bové ou le cinéaste israélien Eyal Sivan, s’étaient fait représenter C’est un mail envoyé à l’une des parties civiles qui a permis de remonter jusqu’à ce retraité de 65 ans, marié et père de deux enfants, au casier judiciaire vierge, qui voulait s’en prendre à des personnes qu’il estimait "antisémites" en raison de leurs écrits sur le conflit israélo-palestinien. Raphaël Schoemann signait ses mails "Nadine Mouk", une formule qui signifie en arabe dialectal : "Maudite soit la religion de ta mère."

Le prévenu ne conteste pas les faits. "J’ai choisi mes victimes en raison de leurs liens avec l’extrême droite, déclare-t-il. Ils se sont tous livrés à des déclarations à caractère antisémite. J’ai essayé de saisir la Licra. Sans résultat. Je ne voyais pas d’autre issue. Mais cela n’a pas suffi. Ils n’ont pas assagi leur propos."

"Je n’avais aucune intention de passer aux voies de fait, surtout avec des armes", assure-t-il. Pourtant, des armes à feu, les enquêteurs en ont trouvé chez Raphaël Schoemann : un véritable arsenal, et notamment un fusil à répétition SIG et un révolver Smith et Wesson, deux armes interdites à la vente en France et acquises illégalement en Suisse, en décembre 2003, quelques mois après l’envoi des courriers. "J’utilisais ces armes pour tuer des nuisibles dans la propriété de mes parents, ou dans mon club de tir", se défend le prévenu.

"Nous avons frôlé un massacre, du genre de la tuerie de Nanterre", estime Maître Mylène Stambouli, avocate d’Alain Lipietz. "A partir du moment où l’on prend des positions aussi tranchées sur le conflit israélo-palestinien, on prend le risque de recevoir des menaces de cet ordre", avance l’avocat de la défense, Me David Sellam

Le parquet a requis douze mois de prison avec sursis, avec obligation d’indemnisation des victimes. Jugement le 22 juin. »

Verdict dix mois de prison, un euro de dommages et intérêts pour chacune des victimes.

Quelle sera la peine de l’auteur des menaces contre Redeker, qui n’est lié à aucune organisation, ne possédait aucun arsenal ?

Un traitement médiatique déséquilibré : quatre dépêches et six articles de presse pour toute l’année 2003 sur les menaces reçues par Eyal Sivan ; huit dépêches et un article de presse pour toute l’année 2003 sur les menaces reçues par José Bové ;

rien du tout sur les menaces reçues par Monique Chemillier-Gendreau et Alain Lipietz ; cinq dépêches et quatre articles en mai 2006 sur le procès opposant Raphaël Schoemann à ses douze victimes ;

et 68 dépêches et 102 articles de presse consacrés à Robert Redeker en seulement quatre semaines.

La fatwa, une manipulation.

L’idée de fatwa est en fait le produit d’un amalgame entre des mails de menaces anonymes et une condamnation publique du texte de Robert Redeker par le Cheikh Youssef Al Quradami. C’est Caroline Fourest qui, parmi les premières, a lancé la campagne de désinformation, en prétendant que le Cheikh Al Quradami avait prononcé une « fatwa mondiale » désignant Robert Redeker à la « vindicte » de millions de musulmans (Site Prochoix.org, 25/09/2006). Affirmation reprise par Michel Onfray dans l’appel qu’il a lancé en faveur d’un « soutien inconditionnel » à Robert Redeker : « Le cheikh islamiste Youssef al-Qaradawi a livré Robert Redeker à la vindicte des fous de Dieu. » À trois reprises dans cet appel, Robert Redeker est décrit comme la victime d’une « fatwa ».

La réalité est tout autre :

Youssef Al-Qardaoui a en réalité parlé moins d’une minute de l’affaire,

il n’a même pas cité le nom de Robert Redeker,

il s’est contenté d’appeler les téléspectateurs à « protester d’une manière sage contre les propos du pape Benoît XVI et l’auteur de l’article du Figaro » ;

il a également appelé à « ne pas donner l’image de musulmans violents dont les médias occidentaux sont friands ».

Les mots sont importants.


Lire l'article complet, et les commentaires