La France, la lapidation et Hani Ramadan
par Catherine Segurane
samedi 9 octobre 2010
Les partisans de la lapidation s’expriment de plus en plus ouvertement en France, dans des enceintes que ne dédaignent pas des politiques en principe républicains. Aux habituels articles isolés, vient s’ajouter une tournée de conférences de Hani Ramadan, frère de Tariq Ramadan et petit-fils de Hassan El Banna, fondateur des Frères Musulmans.
La lapidation en France, est-elle un tabou absolu ? Moins que ce qu’on pourrait croire.
Des articles défendant la lapidation paraissent de temps à autre sous des plumes musulmanes, sans que nulle indignation ne soit perceptible parmi ceux dont la voix porte loin. Récemment, cet article, intitulé C’est à qui jettera la première pierre et signé Daniel Youssof Leclerq, est paru sur le site de l’Union des Associations musulmanes de Seine Saint-Denis (UAM 93), association qui a pignon sur rue et qui reçoit régulièrement des politiques, dernièrement Hervé Morin et Eric Raoult. L’auteur y souligne le caractère dissuasif de la lapidation et souligne que, si celle-ci venait à n’être, de fait, jamais appliquée, ce caractère dissuasif disparaîtrait.
Dernièrement, le trésorier et porte-parole d’une mosquée de Roubaix, interviewé par John-Paul Lepers, se réjouissait à l’idée que l’islam puisse devenir un jour majoritaire en France et défendit dans la foulée charia, lapidation et amputations, y compris à terme pour la France. Il présenta ensuite des excuses portant, non sur le fond, mais sur sa mauvaise maîtrise des techniques de communication et sur l’embarras qu’il avait causé par sa maladresse. Il démissionna, mais sans que l’incident affecte plus profondément les relations entre la mosquée concernée et la mairie de Roubaix, qui parait n’avoir guère été émue.
Ces deux incidents sont-ils anecdotiques ? Non, nous ne le pensons pas. Le plus grave n’est pas tant dans les débordements verbaux de prédicateurs excités (il y en aura toujours) que dans la passivité des autorités politiques, médiatiques et judiciaire, qui continuent, pour les uns de fréquenter l’UAM 93 ; pour les autres de soutenir les mosquées de Roubaix ; et pour les dernières de s’abstenir de toutes poursuites face à ces apologies du meurtre.
On sait également que le prédicateur Tariq Ramadan, des Frères musulmans, est accepté sur tous les plateaux-télé, où il passe pour un modéré en soutenant l’idée d’un moratoire (et non d’une suppression) de la lapidation.
On n’avait pas tout vu.
L’audace des amis de la lapidation vient de passer à la vitesse supérieure. Maintenant, celui qui se met en vue, c’est Hani Ramadan, frère de Tariq, et lui n’est même pas pour un moratoire sur la lapidation. Ce qui ne l’empêche pas de s’exprimer publiquement et de faire une tournée des mosquées en France.
C’est dans le colonnes du quotidien suisse Le Matin que Hani Ramadan fit le procès de Sakineh ( « Cette femme a été condamnée pour adultère et meurtre ».) et soutint lui aussi le caractère dissuasif de la lapidation. Il insista sur l’idée que « la peine de lapidation est très difficile à obtenir, car pour prononcer cette sentence, le juge a besoin de quatre témoins oculaires dignes de foi. Condition quasi impossible à réaliser ». Ce que l’exemple de Sakineh dément, et il y en a d’autres. Hani Ramadan a aussi défendu la lapidation à la télévision suisse face à Marek Helter.
Dans un article du Monde intitulé La charia incomprise , Hani Ramadan avait déjà déclaré :
" Soyons encore plus explicite, au risque de heurter cette fois la sensibilité des partisans invétérés des Lumières. Dans une tradition authentique, le prophète Mohamed sws annonçait :
"La turpitude n’apparaît jamais au sein d’un peuple, pratiquée ouvertement aux yeux de tous, sans que ne se propagent parmi eux les épidémies et les maux qui n’existaient pas chez leurs prédécesseurs."
Qui pourrait nier que les temps modernes, conjuguant le déballage de la débauche sur grand écran et la hantise obsédante d’une contagion mortelle, offrent la parfaite illustration de cette parole ?
En clair, que ceux qui nient qu’un Dieu d’amour ait ordonné ou maintenu la lapidation de l’homme et de la femme adultères se souviennent que le virus du sida n’est pas issu du néant."
Le lecteur naïf croit peut-être que Hani Ramadan est tenu à l’écart de toute participation à la vie publique en France. Or, il n’en est rien. Hani Ramadan semble avoir entrepris une tournée de conférences en France : le 3 octobre à Bagnolet ; le 10 octobre à Hérouville en Normandie ; le 17 à la mosquée de Plaisir . Une brève mention sur le programme de la conférence de Normandie prévoit, à 15 heures 50 : "Parole à un invité (Maire)".
A l’heure où les restrictions à la liberté d’expression se font de plus en plus pesantes, celles-ci ne concernent manifestement pas l’expression d’idées favorables à la lapidation.