La participation à un culte est facultative

par Catherine Segurane
lundi 28 juin 2010

La lamentable affaire du barbecue halal géant organisé par la mairie de Dijon n’est que l’une parmi d’autres des tentatives pour faire entrer la nourriture halal dans la sphère publique, et même pour la faire consommer par des non-musulmans.
 
A cet égard, on entend de plus en plus un argument d’apparence bonnasse, mais qui contient cependant en fraude, dans ses bagages, rien de moins que la charia. Cet argument consiste à dire : "La viande Hallal n’est interdite par aucune religion, tout le monde peut en consommer. Il n’est donc pas discriminatoire de la généraliser. Alors qu’il est discriminatoire de ne prévoir que de la viande non-halal, puisque les musulmans n’ont pas le droit d’en manger."
 
On remarquera d’abord qu’en acceptant cet argument manipulateur, nous traiterions les religions avec des égards inversement proportionnels à leur degré de modernité et de respect des droits de l’homme : la religion qui se veut législative deviendrait prioritaire (puisque ses fidèles sont obligés de refuser la nourriture ordinaire, et que cela leur "donnerait droit" à un menu spécial) ; les fidèles dont la religion se contente de conseiller une conduite sans interdire expressément sont invités à s’adapter puisqu’ils le peuvent ; quant aux athées, agnostiques et anti-cléricaux, ils sont complètement oubliés dans ce raisonnement.
 
Désolée, mais nous sommes dans un pays laïque, et ce n’est pas ce que prévoit la loi de 1905.
 
Celle-ci ne prévoit pas que "l’Etat respecte toutes les religions", comme certains font semblant de le croire. Lisons son article premier de façon exacte :
 
"La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public."
 
Ce qui est assuré par la loi, ce n’est pas la seule liberté religieuse. C’est la liberté de conscience, c’est à dire le droit d’avoir une religion ou de ne pas en avoir. Cette liberté est assurée dans le respect de l’ordre public, c’est à dire sans permettre que l’espace public devienne un champ de bataille ou chaque culte exprime ses revendications les plus échevelées.
 
Et relisons l’article 2 :
 
"La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ..."
 
Il est donc interdit de subventionner indirectement l’islam par le biais des taxes de certification halal. Et, même si la taxe halal ne coûtait rien, il resterait interdit de reconnaître publiquement un culte en inscrivant de la viande sacrifiée rituellement aux menus municipaux.
 
Car, ne l’oublions pas : la viande halal a été tuée par un sacrificateur agréé par une mosquée en prononçant une prière et en tournant la tête de la bête vers la Mecque. Or, le sacrifice est un acte cultuel, c’est même un des premiers que l’humanité ait pratiqués. La consommation de la viande fait partie intégrante du sacrifice. Le sacrificateur tue la bête, les fidèles la mangent, en réservant éventuellement une part au(x) dieu(x). Telle est la structure du sacrifice.
 
En mangeant halal, nous prenons donc part à un rite sacrificiel. Il importe donc que soit respecté notre droit de ne pas y prendre part.
 
La question n’est pas de savoir si notre religion, pour ceux qui en ont une, nous permet ou ne nous permet pas de manger halal. Cela, on s’en fout. Les religions, toutes autant qu’elles sont, n’ont rien à nous interdire ou à nous permettre. Et la République, si elle faisait son travail, les rabrouerait vertement quand elles prétendent récupérer ce droit, l’islam en tête, les autres essayant de se cacher derrière lui.
 
He bien sachez, Monsieur Rebsamen, Sénateur-Maire de Dijon, que ma religion ne m’interdit pas de manger halal, et qu’il ferait beau voir qu’elle prétende m’ordonner ou m’interdire quoi que ce soit. Mais là n’est pas la question !
 
Pour refuser de manger halal, je n’ai pas besoin d’un mot d’excuse de mon curé, ou d’un autre religieux.
 
C’est moi qui décide. C’est ma conscience qui m’interdit d’être complice de souffrances inutiles infligées à un animal. Point barre. Et je n’ai pas d’autre justification à vous donner pour exiger que de la viande normale me soit proposée.
 
La liberté de conscience est une prérogative des individus et non des Eglises. Et c’est elle qui est garantie par la loi de 1905.
 
***
 
NDLR : ce lundi matin, le Dijon Football Côte-d’Or a publié le communiqué suivant : "L’organisation souhaite présenter ses excuses à l’ensemble des populations heurtées par le manque de précisions apporté quant au barbecue géant du 9 juillet prochain. La prestation pour se restaurer sera un barbecue pour tous, il est simplement prévu de proposer un stand de viande Hallal pour toutes les personnes qui le souhaiteront. Parce que cette fête du football est un moment pour TOUS et que nous serons heureux d’accueillir le plus grand nombre d’entre vous !"

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