La pression islamiste en France
par Gérard Dahan
samedi 18 novembre 2017
Les démonstrations de rues de l'islam politique
et l’instrumentalisation de la discrimination
Une nouvelle fois l’islam politique utilise la provocation des prières de rue et l’alibi de la liberté de conscience et de manifester, pour tenter d’imposer ses volontés au mépris des décisions de justice. Cette technique utilisée à partir des années 2010, a connu un paroxysme fin 2010 où l’on comptabilisait en France plus de 20 lieux de démonstration. Elle s’était progressivement réduite avec l’ouverture de nombreuses salles de prière et de mosquées.
Elles ont repris au printemps 2017 à Ligny et à Clichy. A Clichy, l’image de prières de rue face à la mairie et aux policiers est particulièrement saisissante et illustrative de l’affrontement entre République et Islamisme, entre réserve religieuse sur l’espace public instaurée par la République et affichage ostentatoire réclamé par l’islam politique.
Parce qu’il s’agit bien de mise en scène et de combat politique et pas vraiment de liberté de conscience et religieuse puisque l'association qui organise ces démonstrations a refusé une expulsion validée par le Conseil d'Etat au prétexte que le local que la Mairie lui proposait (ce qui n'était aucunement obligatoire) n'était pas suffisamment central. Ces démonstrations se doublent de surestimations volontaires du nombre de fidèles pour justifier le financement de centres cultuels.
Ainsi, en avril 2015, à l’occasion du congrès de l’UOIF, Dalil Boubakeur alors président du CFCM citait le chiffre fantaisiste de « 7 millions de musulmans en France » pour justifier l’insuffisance de mosquées. Les études plus sérieuses qui tiennent compte de la croyance déclarée et de la pratique religieuse se situent beaucoup plus aux environs de 3 millions de musulmans réellement pratiquants. (1)
Le sempiternel argument de la discrimination est remis sur le tapis et il faudrait que le gouvernement se rappelle ce que disait en 2013 la sociologue Algérienne Marieme Helie Lucas (2) , fondatrice du réseau international « Secularism is a woman issue » (La laïcité concerne les femmes) notant que les pratiques extrémistes et les attentats qu'avaient vécues la Grande-Bretagne, la France ou la Belgique étaient les mêmes que celles qui s’étaient développées durant la décennie noire algérienne. Elle invitait donc les pays européens à ne pas les minimiser ou les occulter mais au contraire à les traiter comme ce qu’ils étaient : des manifestations d’extrémisme politique intégriste.
« Nous voyons en Europe, les signes précurseurs de la montée de l'extrême droite intégriste que nous avons déjà vécue dans nos pays. (...) Tout ce que la presse feint de découvrir au Moyen-Orient aujourd'hui a été testé dans le laboratoire intégriste algérien (…)Le terme "islamophobie" illustre leur stratégie : osez me contredire et je vous accuse de haïr l'islam. » (3)
1. Les prières de rues de Clichy
A Clichy, des manipulations identiques ont été utilisées et on a depuis longtemps montré que malgré les 3000 à 6000 fidèles hebdomadaires revendiqués par l’UAMC (l’Union des Associations Musulmanes de Clichy proche de l’ancienne UOIF) les participants aux démonstrations de rues organisées par l’association (qui sont plutôt de 600 à 700 personnes) sont des militants non originaires de la commune qui viennent en métro de l’extérieur pour participer non à une prière mais à une action de pression politique.
Le centre cultuel qu’occupait l’UAMC à Clichy depuis 2013 grace à un bail précaire de 2 ans est arrivée à expiration en juillet 2016 et la mairie souhaite y contruire une médiatèque pour cette ville de 60 000 habitant. L’UAMC a refusée la proposition de mosquée de 2 000 m2 située à un quart d’heure du centre-ville et comportant 2 salles de prière pouvant accueillir chacune 700 personnes. La mairie a également proposé l’installation d’une salle de prière complémentaire sur un terrain municipal. D’autres associations musulmanes l’ont au contraire accepté et la mosquée a été inaugurée en mai 2016 avec un bail de mise à disposition de 99 ans. L’UAMC a refusée de partir malgré une décision d’expulsion du tribunal administratif de Cergy-Pontoise en août 2016, confirmée par le Conseil d’Etat en novembre 2016 et depuis mars 2017 elle organise tous les vendredi une prière de rue face à la mairie. L’UAMC reproche aux propositions de la mairie (qui n’a aucune obligation de les faire) de ne pas être dans le centre de Clichy et d’être de taille trop réduite.
On peut penser que l’UAMC a intentionnellement refusé la proposition de la mairie que d’autres associations avaient accepté pour attendre son expulsion et en profiter pour médiatiser cette intolérable preuve de discrimination religieuse et compter sur la faiblesse de l’Etat pour obtenir ce qu’elle veut.
Car malheureusement, le pouvoir d’Etat se montre rétif à faire appliquer la loi lorsqu’il est question d’islam et c’est cette indécision que l’islam politique exploite pour se victimiser en se cachant derrière le thème de l’islamophobie et de la discrimination.
2. L’utilisation de pressions pour accréditer un sentiment de discrimination et renforcer les pratiques radicales :
Ce même schéma de pressions sous forme de polémiques fortement médiatisées a été appliqué pour le port du voile, pour la mixité dans le sport, dans les piscines, pour les repas halal dans les restaurants scolaires, pour la création de mosquées…
Dans presque tous les cas, les pressions et les polémiques n’ont fini par s’arrêter qu’une fois que l’Etat s’est résolu à légiférer.
On peut rappeler comment ce même scénario s’est déroulé en France de 1989 à 2004 à travers la polémique sur le port du voile. En 1989, très peu de femmes ou même de jeunes filles portent le voile :
- La polémique commence en douceur en utilisant le symbole pacifique de la jeune fille. En 1989, 3 collégiennes du collège Gabriel Havez de Creil commencent à porter le voile en cours. Les médias s’emparent de l’affaire. Cependant un accord s’établit entre les parents et le principal du collège : les jeunes filles peuvent mettre leur foulard hors de cours, mais elles doivent le retirer en y entrant.
- Mais dans les semaines qui suivent, des dizaines de cas analogues surgissent.
- On saura plus tard que l’UOIF (Union des Organisations Islamistes de France qui s’appelle aujourd’hui Musulmans de France, filiale française des Frères musulmans) a donné des consignes pour que les collégiennes n’acceptent pas d’accord et pour que la polémique prenne une dimension nationale et internationale.
- Malheureusement, les gouvernements successifs n’adoptent pas une même position :
- En 1989, SOS racisme émanation du PS alors au pouvoir et l’humanité, considèrent que l’interdiction du port du voile à l’école est une ingérence dans la vie privée.
- A la suite en novembre 1989, le Conseil d’Etat considère que le port du voile est compatible avec la laïcité.
- En septembre 1994, dans la « circulaire Bayrou » le conseil d’Etat vue l’ampleur prise par la polémique et l’extension du port du voile, fait une différence entre signes discrets autorisés et signes ostentatoires interdit.
- La polémique s’enfle, prend une dimension internationale, le port du voile se répand et de 1994 à 2003, plus de 100 jeunes filles sont exclues d’établissements secondaires pour port du voile islamique.
- Enfin en 2004, l’Etat se résoud à légiférer par une loi interdisant tous les signes religieux ostentatoires (voile inclus) dans les établissements primaires et secondaires.
- Les polémiques prennent fin.
L’affaire de Clichy est la répétition de ce même scénario qui passe par des actions volontairement spectaculaires et provocatrices et qui de ce fait sont fortement reprises par les médias. Leur médiatisation en fait une publicité importante et accrédite l’idée auprès de la communauté musulmane française très souvent modérée et en voie à 50% de laïcisation, d’une discrimination de la communauté. Cette organisation intentionnelle de discriminations apparente est susceptible d’enflammer l’imagination de jeunes musulmans et permettre leur radicalisation religieuse.
Une fois de plus les pressions de l’islam politique sous l’apparence de simples revendications visent en fait la radicalisation de la communauté musulmane.
(1) Gérard Dahan, « La pression islamiste en France - Enquête sur l’organisation d’une politique d’influence », Edition Tatamis, octobre 2017. https://www.youtube.com/watch?v=U3aVjyR4ld4
(2) Marieme Helie Lucas, enseignante à l'université d'Alger.
(3) Interview de Marieme Helie Lucas, Télérama du 4/07/2013. "Après Cologne : Nous voyons en Europe les signes précuseurs de la montée de l'extrême droite intégriste". http://www.telerama.fr/idees/apres-cologne-nous-voyons-en-europe-les-signes-precurseurs-de-la-montee-de-l-extreme-droite-integriste,137685.php