La science et la religion

par aurelie
mercredi 27 juin 2007

La genèse de ce texte se trouve dans un article du « Monde » paru récemment et qui avait pour titre « Le Conseil européen met en garde contre les dangers de l’enseignement du créationnisme ». Dans plusieurs pays, dans l’enseignement, le créationnisme est mis en concurrence ou susceptible de le devenir avec le darwinisme. Le créationnisme est soutenu par les religieux. La religion a longtemps été un moyen d’expliquer le monde. La science en est un autre, plus récent.

L’homme a longtemps été seul face aux mystères d’une nature immense et hostile, qu’il ne pouvait expliquer que par le surnaturel. Les scandinaves attribuaient à Mjolnir, le marteau de Thor, le pouvoir de provoquer la pluie. Les fléaux qui s’abattaient sur la France, comme la peste, ont longtemps été interprétés comme des châtiments divins pour les péchés du pays. Les Français catholiques allaient en pélerinage dans divers lieux pour guérir, en remerciant par des ex-voto qu’on peut encore voir dans certaines églises. L’intérêt de la religion comme moyen d’expliquer le monde est qu’elle fournit des réponses à toutes les questions qu’on peut se poser, ce qui a un côté très rassurant. L’homme est naturellement sujet à l’angoisse sur le sens de sa vie face à la mort inévitable et insondable. La religion catholique y répond en apportant l’assurance de la résurrection des corps au jour du Jugement dernier. On peut aussi se référer à la pièce « La Vie de Galilée » de Bertold Brecht, dans laquelle un petit moine exprime au cours d’un monologue très émouvant de quelle façon la religion contribue à donner un sens à la vie des gens.

Aujourd’hui on sait prévoir le temps qu’il fera dans un délai de trois semaines environ, et on sait que les maladies contagieuses se propagent entre individus par le biais de virus, de bactéries ou de micro-organismes, ce qui est une autre façon d’expliquer le monde. L’intérêt de cette méthode est évidemment qu’elle permet de prévenir, de soulager et parfois de guérir la maladie. Imaginez simplement ce que serait votre vie sans dentiste, opticien, antibiotiques. Malgré ça, dans beaucoup de domaines, la science a mis très longtemps à s’imposer face aux principes soutenus par la religion.

Bien sûr, en partie parce que nous sommes tous des produits de notre époque, et qu’il faut une force de caractère peu commune pour rejeter toutes les conventions dans lesquelles on a toujours vécu. Mais aussi parce que la science a contribué à ôter son importance à l’homme à ses propres yeux. Je m’inspire ici du livre « La Mélodie secrète » de Trinh Xuan Tuan. Il y explique en détail comment Dieu s’est peu à peu éloigné de l’homme au fur et à mesure que la science progressait. Dans l’Occident du Moyen Age, la Terre était au centre de l’univers, parce qu’elle était le monde de l’homme et que l’homme était la création ultime de Dieu et donc son chef-d’œuvre ; ensuite, elle n’était plus qu’une planète parmi d’autres en orbite autour du Soleil ; la valeur de l’homme, délogé de son rôle de centre de la création, en prenait un sacré coup. Si Mars tournait autour de la Terre, elle décrirait dans l’espace un itinéraire compliqué, plein de boucles et de retours en arrière, mais les gens préféraient imaginer cela qu’un itinéraire elliptique dont un foyer était le Soleil. C’est en partie la raison pour laquelle Galilée rencontra une si forte opposition ; il s’inspirait des théories coperniciennes qui n’avaient pas rencontré un tel accueil mais Copernic avait pris soin de présenter ses théories comme une pure hypothèse.

Le créationnisme s’inscrit dans la même ligne de réflexion que celle de ces religieux de la Renaissance qui refusaient de diminuer l’importance de l’homme au sein de la création. Etre créé de la main de Dieu, c’est tout de même autre chose que d’être le produit de l’évolution d’espèces animales. M. Tuan consacre un chapitre entier de son livre « La Mélodie secrète » à démontrer qu’on n’est pas obligé de choisir entre la science et la religion. La science est un moyen d’expliquer le monde, la religion fournit de précieuses indications pour vivre en société.


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