Le martyr djihadiste

par Canine
samedi 10 janvier 2015

J'aimerais rappeler que globalement, on ne peut pas être martyr et djihadiste, c'est littéralement impossible.

Après que la Police a abattu les frères Kouachi, j'ai pu lire et entendre la phrase suivante : "La police les a tué, ils vont devenir des martyrs, pffff".

Je profite donc de cet événement pour faire un petit point sémantique sur cet usage fréquent, et néanmoins impropre du terme, qui crispe ma culture religieuse depuis au moins le 11 septembre 2001.

On connait tous l'expression "souffrir le martyr" utilisable quand on a très très mal quelque part. Et bien figurez-vous que cette expression n'est pas une erreur qui aurait soustrait la dimension terroriste du martyr, elle rappelle en fait son sens commun. Pour être un martyr, il faut souffrir, et involontairement s'il vous plait. Étymologiquement, le mot vient du grec ancien "martus", qui signifie "témoin". Ainsi, on qualifie de ce nom des personnes auxquelles des souffrances ont été infligé pour leur foi, la plupart du temps jusqu'à la mort pour mériter le titre, car ils deviennent alors des témoins de leur foi, de ce qui leur a été infligé pour elle, de ce qui s'est passé. Des témoins, des martyrs.

Par extension, ça peut marcher pour les gens torturés à mort en raison de leur opinion même non religieuse, les victimes de génocide, voire de crimes organisés.

Dès lors, quand on décide d'attaquer des gens, a fortiori des gens qui ne vous menacent pas, et qu'on meurt après un échange de tirs avec la police, on est dans l'action, on agit, on choisit, on n'est pas témoin mais au moins acteur et on n'est pas dans la souffrance subie puisqu'on a totalement créé le merdier dans lequel on est. On ne peut donc pas devenir un martyr. On peut éventuellement prétendre au titre de kamikaze si on était conscient de l'issue dès le début, ou plus subjectivement gros taré, mais pas martyr, ce n'est pas possible.

Donc les frères Kouachi ne seront pas des martyrs, ni Ben Laden, ni les types qui plantent des avions dans des tours, ni les amateurs de ceinture explosives ou que sais-je encore.

A l'inverse, quand on est assis devant un bureau en train de faire des dessins, et qu'un individu vous tire dessus parce qu'il défend une cause qui n'aime pas le dessin, là oui, on peut probablement prétendre au titre de martyr du droit à faire de dessins.

Voila, merci de votre attention.


Lire l'article complet, et les commentaires