Le pape contre la médecine
par Deneb
mardi 6 avril 2010
Pâques, la fête du printemps, de la jeunesse et du bourgeonnement a donné l’occasion au chef catholique d’exprimer urbi et orbi ses positions pour le moins étonnantes.
Extrait de l’homélie papale lors de la veillée pascale 2010
« …..La résistance que l’homme oppose à la mort apparaît évidente : quelque part – ont pensé à maintes reprises les hommes – il doit bien y avoir l’herbe médicinale contre la mort. Tôt ou tard, il devrait être possible de trouver le remède non seulement contre telle ou telle maladie, mais contre la véritable fatalité – contre la mort. En somme, le remède de l’immortalité devrait exister. Aujourd’hui aussi les hommes sont à la recherche de cette substance curative. La science médicale actuelle s’efforce, non d’exclure à proprement parler la mort, mais d’en éliminer toutefois le plus grand nombre possible de causes, de la reculer toujours plus ; de procurer une vie toujours meilleure et plus longue. Mais réfléchissons encore un instant : qu’en serait-il vraiment, si l’on parvenait, peut-être pas à exclure totalement la mort, mais à la reculer indéfiniment, à parvenir à un âge de plusieurs centaines d’années ? Serait-ce une bonne chose ? L’humanité vieillirait dans une proportion extraordinaire, il n’y aurait plus de place pour la jeunesse. La capacité d’innovation s’éteindrait et une vie interminable serait, non pas un paradis, mais plutôt une condamnation..... »
En somme il dit : Ne cherchez pas à vivre vieux ! La médecine ne sert à rien. Il n’y a que la foi en Christ qui guérit...
J’aimerais tout de même savoir par quelle logique il n’y aurait plus de place pour les jeunes, ni pour les idées nouvelles, si l’humain arrive, par sa science et son ingéniosité, à prolonger la vie. L’humain sachant conquérir toujours de nouveaux territoires, étant aujourd’hui capable de s’adapter aux environnements aussi hostiles que les fonds des mers et même le vide spatial, l’augmentation de l’espérance de vie nuira-t-elle vraiment à la jeunesse et aux nouvelles idées ? Si l’on mise sur l’expansion de l’espèce humaine vers les territoires auparavant inhabitables que l’on aura domestiqués par la technique, ce que l’humain a toujours fait, le problème de l’espace ne se pose pas. L’univers est vaste.
En quoi serait-il malsain à chercher, par la science, de prolonger la vie et de réduire ses souffrances ? La médecine est-elle un instrument du Diable qui cherche à détourner les gens de la Foi ?
Et comment explique-t-il que, depuis que l’on a réussi à pratiquement tripler l’espérance de vie, jamais auparavant la société n’a été aussi respectueuse et soucieuse envers la jeunesse. Jamais auparavant nous ne valorisions autant la fraicheur et la dynamique d’un esprit jeune.
Le Pape, prêchant maladroitement pour sa boutique, accuse-t-il la médecine et la science en général de concurrence déloyale ? Fustige-t-il la Connaissance qui empiète sur le terrain de la Foi, comme jadis les accusateurs de Galilée ?
Et si la Foi n’était qu’un outil, dont chacun puisse librement faire usage pour faire faire aboutir sa recherche de Vérité ? Logiquement, la Vérité prime sur la Foi et la réalité est supérieure aux croyances, non ?
Il faut bien croire à quelque chose, d’accord. Croire en l’humain, à son bon fond, lutter contre sa corruption par le matériel et le leurre de la possession, respecter son essence spirituelle, ses rêves et ses idées, voilà la Foi utile, parce qu’elle va dans le sens du survie de l’espèce, l’enjeu le plus essentiel pour l’Humanité, Croire en une entité surnaturelle qui communiquerait avec nous par télépathie est-ce vraiment digne de l’humain au 21ème siècle ? La Foi en Dieu ne fait pas le poids à côté de la Foi en l’Humain,
En tout cas, lui, du haut de ses 83 ans, il est bien placé pour dire qu’il ne faille pas prolonger la vie. Acte alors, Qu’il renonce, lui le premier, à l’assistance de la médecine. Et si, par bonheur, il n’a aucun traitement à son âge, il peut s’estimer juste particulièrement gâté par la nature, rien de plus. Ca ne lui donne aucun droit de s’opposer au désir de prolonger la vie humaine, ce que la médecine réussit depuis moins de deux siècles, cette médecine devenue efficace en se libérant des croyances pour se fier à la science, la recherche de la vérité autrement productive que la vérité du Christ, vraisemblablement juste un mythe de plus.