Le temps de carême : ce que jeûner n’est pas

par Hector Flandrin
lundi 17 mars 2014

Le carême est une période de jeûne de quarante jours institué par les chrétiens par analogie et en référence aux quarante jours de jeûne effectués par Jésus-Christ dans le désert avant sa crucifixion. Il est dit qu’un chrétien, un bon surtout, devrait accompagner le Christ pendant cette période ardue et morose, l’aider à transporter sa croix jusqu’au Golgotha, à peiner et surtout à résister fermement aux tentations du malin.

Carême
début du Carême

Il est bien dit 40 jours de jeûne ; et dans plusieurs homélies des prêtres, il est précisé que Jésus passa 40 nuits et 40 jours sans boire ni manger. Le temps de carême commence chez les chrétiens Catholiques le mercredi des Cendres au samedi saint inclus, et les dimanches ne sont pas comptés dans le temps de carême. 40 jours pleins, et les chrétiens sont appelés à faire pareil que le Christ, pour participer à l’accomplissement de la parole de Dieu. Dans un contexte qui est le nôtre où les familles sont appelées à se nourrir le corps, mais en même temps à être les heureux élus de la vie éternelle, jeûner signifie t-il se priver de nourriture pour avoir automatiquement faim de Dieu et pour RECLAMMER sa place au « dernier jour » ?Qu’est ce que jeûner de fond en comble ?

Jeûner c’est tout, sauf se priver de nourriture ou d’eau pendant 40 jours

Une première évidence est posée : 40 jours et 40 nuits sans manger ni boire, c’est « impossible » pour un corps humain qui est « humain ». Déjà l’accommodation au jeûne n’est pas aisée pour ceux qui n’ont pas l’habitude de manger, puisque pendant les périodes de privation alimentaire, il est dit scientifiquement que l’organisme s’autonourrit, ceci en fonction des aliments réservés (la graisse). Que deviendra celui qui n’a même pas souvent mangé ?

En tout cas, ce qui nous importe c’est de parler du jeûne dans son acception religieuse. Implicitement, Jeûner c’est se faire de la peine avec pour objectif de rendre l’autre heureux. Dans la portée religieuse du jeûne il n’est pas recommandé seulement de se priver de pain, de viande, de nourriture, de bonne boisson, mais aussi de les donner, mieux de les partager. Le morceau de viande qui était consommé au quotidien est offert à celui qui n’en n’avait pas, exactement comme Christ, le personnage légendaire de la passion qui a donné sa Vie, pour les hommes, puisqu’ils n’en avaient pas. Donc, jeûner implicitement ce n’est pas souffrir pour soi, mais souffrir pour l’autre, puis que la crucifixion du Christ sur la croix n’est pas pour son autoglorification, mais pour un acte héroïque.

Jeûner n’est pas synonyme de faire la taille : les chrétiens« aisés » ne devraient plus se leurrer

Jeûner n’est pas synonyme de faire la taille. Le jeûne suppose et admet plusieurs autres attitudes d’ordre philanthropique, caritative ou religieuse et surtout héroïque comme précisé plus haut. Au terme des 40 jours, ce n’est pas en fonction des kilos perdus que le bon chrétien sera récompensé. Plusieurs chrétiens, sans vouloir porter un jugement subjectif, accueillent l’occasion comme stratégie fiable pour se « dégonfler ». Qu’en est-il des familles économiquement ruinées ou naturellement pas aisées du tout ?

Jeûner n’est pas jeûner lorsqu’on « jeûne » parce qu’on n’a rien à manger.

Le constat est clair et la réalité évidente : Le paradoxe des inégalités sociales. La conception du jeûne dans certaines familles aisées est orientée sous un angle de la santé du corps. Dès lors, il faut profiter du temps de carême pour faire la taille, et se sentir plus à l’aise.

Chez les personnes indigentes quant à elles, il faut se dire entrain de jeûner parce qu’on n’a rien, ceci pour réclamer l’indulgence du Roi du Ciel le dernier jour. Or, la réalité est toute autre chose. Le jeûne implique aussi la prière. Le jeûne implique l’humilité et le sacrifice. Si la pauvreté c’est ce que vous avez de plus cher au monde, « alors, donnez votre pauvreté », c’est à dire, soyez humbles même si c’est difficile, acceptez humblement les aumônes et ceci permettra au sympathique donateur d’accomplir les grandes lignes de son carême et de son jeûne.

HECTOR FLANDRIN NOMBO


Lire l'article complet, et les commentaires