Les croyants sont des racistes qui s’ignorent…

par Jean-François Jacobs
jeudi 30 décembre 2010

D’accord, ils ont des circonstances atténuantes, c’est la faute à papa…

Si on est pour le port de la burqa, en toute logique, on devrait être pour le capot aigu du KKK !
J’ai beau réfléchir, je n’arrive pas à comprendre la différence entre racisme religieux et racisme citoyen.

Prenons un raciste citoyen. Il est blanc et déteste les noirs. S’il dit à un noir que la race blanche est supérieure aux autres, il y a là clairement discrimination. Si le blanc passe devant un tribunal, il sera jugé (à raison) pour racisme.

Par contre, si ce blanc déclare à un noir qu’il préfère être en compagnie de blanc, mais qu’il n’a rien contre les noirs (bien sûr, il ment), il ne pourrait pas y avoir de poursuite.

Bref, on peut être raciste, si on se confie uniquement à d’autres racistes...

Ce blanc, fort de son bon droit et en réaction au port de la burqa qui fait débat, décide de porter le capot aigu et la toge du KKK. Cette toge est le symbole de nombreux crimes racistes (tout comme la burqa est le symbole de l’inégalité homme-femme), mais pour lui, cet accoutrement ne serait qu’un détail vestimentaire démontrant certes son affinité avec les blancs de l’extrême droite, mais qui ne peut être la preuve qu’il est lui-même un danger pour les étrangers, son meilleur argument étant qu’il dit de sa propre bouche qu’il n’a rien contre les noirs...


S’il lui vient l’idée d’aller se promener à Anderlecht, je ne lui laisse pas 10 minutes avant de se faire exploser la tronche. L'ambiance n'étant pas là-bas (commune à forte immigration musulmane) à la taquinerie, on pourrait presque le comprendre.

Prenons maintenant un croyant. Il est catholique et comme tous les croyants, est persuadé que sa religion est la meilleure, celle qui détient l’unique vérité. S’il dit à un athée ou à un musulman qu’il va bruler en enfer tandis que lui ira au paradis, je doute que l’athée ou l’autre croyant, lui intente un procès et qu’il puisse le gagner.

Se croire « meilleur » qu’un autre et le déclarer est du racisme, sauf si le prétexte est religieux.
Arrive la burqa avec ses supporters de la liberté individuelle et ses détracteurs qui déclarent que nos droits ne doivent pas nous faire oublier nos devoirs. Chacun aurait la liberté fondamentale de s’habiller comme il veut, même si le costume porté est le symbole d’une société qui ne partage pas nos valeurs d’égalités. L’argument massue est tiré (plus c’est gros et plus ça passe) des droits de l’homme article 18 :


« Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté … de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites. ».

Pourquoi aller jusqu’à l’article 18 alors que l’article 1 est extrêmement clair :

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »

Elle est où la fraternité de la burqa ou le capot aigu du KKK ?

On a beau être en Belgique, ne serait-il pas surréaliste qu’un capot aigu soit pris d'un élan fraternel envers une burqanisée... Ou l’inverse ?

Est-ce vraiment cela le bon sens ?

A mon humble avis et sans vouloir offenser personne, je pense que ce sont les musulmans qui devraient monter au créneau pour interdire le port de la burqa puisque cet accoutrement d’une certaine façon dénigre leur religion. Il n’y a pas une ligne dans le Coran qui en parle et tous les musulmans cultivés savent que le voile intégral n’est que le symbole d’une société patriarcale (pas forcément musulmane d’ailleurs) qui stigmatisait l’inégalité entre hommes et femmes (les femmes n’étant pas autorisées à sortir dans l’espace publique le visage découvert)

Burqa, KKK, des combattants du même camp ! (Ce slogan provocateur est évidemment à remettre dans le contexte de ce texte)

En étant plus nuancé, je dirais que défendre le port de la burqa, c’est ouvrir la porte des tribunaux à un retour du sceau de la croix (ce qui ne plaira pas aux laïques dont je fais partie)…

Du voile par légitimité (ce qui ne plaira pas aux laïques dont je fais partie)... Et du capot aigu par honnêteté (ce qui ne devrait réjouir personne, incluant les laïques dont je fais partie) : il suffit de lire les commentaires dans la presse virtuelle ou sur les réseaux sociaux pour se rendre compte du nombre d’autochtones racistes qui ne s’ignorent pas.

JF Jacobs


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