Les fondamentalistes européens crucifiés

par stephanemot
mercredi 4 novembre 2009

Les croix et les masquent tombent : le combat pour la démocratie se mènera désormais à découvert

Les Italiens devront faire une croix sur les cruxifix en classe, ainsi en a jugé la Cour Européenne des Droits de l’Homme en donnant raison à Mme Soile Lautsi contre l’Italie* :

CRUCIFIX DANS LES SALLES DE CLASSE : CONTRAIRE AU DROIT DES PARENTS D’ÉDUQUER LEURS ENFANTS SELON LEURS CONVICTIONS ET AU DROIT DES ENFANTS À LA LIBERTÉ DE RELIGION
Violation de l’article 2 du protocole n° 1 (droit à l’instruction) examiné conjointement avec l’article 9 (liberté de pensée, de conscience et de religion) de la Convention européenne des droits de l’homme.
En application de l’article 41 (satisfaction équitable) de la Convention, la Cour alloue 5 000 euros (EUR) à la requérante pour dommage moral.

 

D’origine Finlandaise, Mme Lautsi a obtenu gain de cause après avoir vainement plaidé sa cause pendant des années auprès de la justice italienne. Les crucifix devraient également disparaître des cours de justice, pour le plus grand plaisir du juge Luigi Tosti, qui militait lui aussi en faveur de cette marque de respect évidente envers les valeurs démocratiques et républicaines.

Car cette décision fera normalement jurisprudence pour l’ensemble des édifices publics européens, et le communiqué le stipule clairement : "L’Etat doit s’abstenir d’imposer des croyances dans les lieux où les personnes sont dépendantes de lui. Il est notamment tenu à la neutralité confessionnelle dans le cadre de l’éducation publique où la présence aux cours est requise sans considération de religion et qui doit chercher à inculquer aux élèves une pensée critique".

Inutile de préciser que La Ligue du Nord, l’Eglise ReRéformée de Benoît XVI, et l’ensemble des fondamentalistes (Chrétiens ou non) du continent ont modérément apprécié ce sursaut laïc à la veille de l’intronisation probable d’un des leurs à la tête de l’Europe (voir "Tony Blair : un Fondamentaliste Président de l’Europe ?").

Hier, Mariastella Gelmini, la Ministre de l’Education, a essayé de faire passer le crucifix pour un "symbole de la tradition italienne". On reconnait déjà la technique des néo-créationnistes : multiplier les écrans de fumée et bannir du vocabulaire tout référentiel religieux pour avancer ses pions plus discrètement en entretenant les confusions (cf "
En finir avec l’Intelligent Design").

La bataille n’est donc pas terminée : un jugement avait déjà interdit les crucifix dans les écoles et les cours de justice italiennes en 2003, avant que la Cour Suprême ne le casse en 2004 devant la levée de boucliers ultraconservateurs... sans pour autant étayer juridiquement cette décision. La Cour Européenne des Droits de l’Homme a bien une autorité supérieure, mais elle pourrait subir les assauts des fondamentalistes, de plus en plus influents dans la politique continentale.

Le combat n’est pas nouveau, mais c’est désormais officiel : comme l’Amérique avant elle, l’Europe joue sa survie en tant que symbole démocratique face à ses pires ennemis, les imposteurs qui la minent de l’intérieur.

blogules 2009 - voir l’original

* "
Communiqué du Greffier - Arrêt de chambre - Lautsi c. Italie (requête n° 30814/06)"


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