Mahomet, le prophète au visage voilé
par Emile Mourey
mercredi 26 septembre 2012
Les foules sont par nature crédules et s'il arrive, par exception, qu'une certaine élite ne le soit pas, elle se trouve plus ou moins contrainte de suivre le courant populaire. C'est ainsi, comme je l'ai expliqué dans mes écrits, qu'agneau sans tâche offert pour le rachat des péchés d'Israël, le conseil de Dieu des Esséniens s'est trouvé poussé sur la croix par le peuple pour accomplir la prophétie de l'évangile de Jean, d'où le christianisme (1). C'est ainsi que Galilée a été contraint d'abjurer pour que soit préservée la foi des fidèles. C'est ainsi que les vierges symboliques de Bourgogne ont été vaincues, au temps des ducs, par une vierge de France qui entendait des voix. C'est ainsi qu'en Islam, le goût du merveilleux et de la poésie a été étouffé par le fanatisme et la violence d'une partie de la population.
C'est une évocation très poétique de la vie du Prophète que l'on peut admirer dans les miniatures turques du palais Topkapi d'Istambul. De toute évidence, nous avons là la représentation du conseil musulman, un conseil composé de sept membres, autant qu'il y a d'étoiles dans la constellation de l'étoile polaire, dite petite Ourse ou petit chariot, là où les Anciens imaginaient le trône de Dieu ; sept membres dont un au visage voilé. Ce personnage au visage voilé, Mahomet, c'est lui qui marche à la tête de l'armée. Lorsque ce "Mahomet" est tué au combat - marchant en tête, il ne peut en être autrement - c'est le suivant qui le remplace, le visage voilé. Ainsi se trouve intelligemment écarté, et l'inconvénient d'une vacance du pouvoir, et les litiges de succession. Pour ma part, je ne vois pas d'autres explications à ce voile ; mais, évidemment, ce n'est qu'une hypothèse ainsi que la suite de mon article.
L'histoire de Mahomet - la Sirah - nous est relatée dans le livre dit de Tabari, compilateur du X ème siècle, lequel a manifestement recopié un texte original, peut-être même sans en comprendre le vrai sens caché. J'y vois une authenticité que je ne retrouve plus dans la réécriture de Ibn Hisham. De même que le Pentateuque relate, à mon sens, l'histoire des conseils Abraham, Moïse et autres vénérables patriarches - conseils de prêtres/chefs de guerre - comme s'il s'agissait d'individus, de même que les évangiles relatent l'histoire d'un Jésus du ciel qui accomplit ses oeuvres dans le conseil d'une communauté sainte essénienne, de même en ce qui concerne Mahomet dans le livre de Tabari. Tout cela, je l'ai proposé dans mes ouvrages et mes articles. On peut me croire comme on peut ne pas me croire. Je ne fais pas de prosélytisme, mais, toutes choses égales d'ailleurs, j'ai tout de même pris soin d'en informer le maximum de responsables politiques et autres personnalités.
Dans cette vie du Prophète, comment ne pas voir l'étonnante résurgence d'une antique pensée essénienne née dans le milieu juif déporté à Babylone. Cette inspiration qui descend dans les consciences du conseil depuis un ciel astrologique où tout est écrit - c'est Omar qui avait la meilleure inspiration - ce chiffre sept qui correspond aux sept étoiles de la constellation polaire au centre du ciel, trône de Dieu, l'intervention des anges dans les batailles, la primauté donnée aux quatre archanges, notamment à Gabriel, la guerre au nom de Dieu, le martyre qui ouvre les portes du paradis, le drapeau qu’on remet au départ des expéditions, tout cela se trouvait déjà dans la pensée, dans la stratégie, dans le plan de conquête des Esséniens, huit siècles avant que Mahomet s'en inspire. (2)
Comment se fait-il qu'on soit, encore aujourd'hui, incapable d'interpréter le récit imagé de Tabari ?
Les récits de l'enfance du Prophète s'inscrivent dans la pure tradition des textes juifs et chrétiens ; il ne pouvait en être autrement. Il s'agit, chaque fois, d'un mouvement d'opposition porteur d'espoir, de révolution, ou d'évolution si l'on préfère. L'enfant Moïse a été sauvé des eaux, l'enfant Jésus est né dans la clandestinité de la grotte. C'est dans la solitude d'une grotte que Mahomet se rend pour méditer, sous le manteau, précise Tabari. Au retour de ses “contacts”, il rentrait dans sa maison et il disait en tremblant à sa femme : « Cache-moi ! ».
Question : pourquoi le lait monta-il dans le sein d'Halîmah et dans les mamelles de la chamelle, la nuit qui suivit le jour où Halîmah décida d'adopter Mahomet ? Réponse : parce que par la seule force de son génie, le jeune conseil a ramené la prospérité dans cette tribu. Dans l'âpre lutte de la concurrence nomade, la caravane d'Halîmah (l'ânesse) allait toujours plus vite que les autres. Le troupeau découvrait toujours le premier les verts pâturages à paître. Manifestement, le doigt de Dieu était au-dessus de Mahomet.
« Ô vous, femmes du Prophète, vous n'êtes pas comme les autres femmes ! » (sourate XXXIII, verset 32)... Aïcha, troupe militaire d'élite/gardes du corps que le Prophète a épousée alors qu'elle n'avait que sept ans de vie au service d'Abou Becker ? Khadidja, population commerçante de La Mecque favorable à Mahomet ? Les autres femmes : des populations ralliées après avoir été vaincues et que Mahomet a épousées (ou tout au moins, une faction) ? La sourate précitée est un appel qu'il leur adresse alors qu'il se trouve en grande difficulté, face à des conjurés, au moment de la guerre du fossé.
Or, Mahomet prêchait à La Mecque mais les Koreishites ne voulaient pas croire en lui. Ils en arrivèrent même à cracher à la figure du Prophète.
Avant de mourir, Abou Thalib avait laissé des consignes pour qu'on le protège, mais Abbas ne le protégea pas contre les Koréishites. Les persécutions redoublèrent contre le Messager de Dieu. On lui lançait des pierres ; on lui recouvrait la tête de boue. Un jour, alors qu'il faisait sa prière dans la mosquée, les persécuteurs lui versèrent sur la tête une grande quantité de terre. Ses longs cheveux, sa tête, ses joues, ses épaules furent entièrement recouverts... Première mort de Mahomet ?
Mahomet, cependant, se releva.
Mahomet (ressuscité) se présenta aux portes de Tâïf pour y demander l'hospitalité, comme un pauvre. De La Mecque à Taïf, cela fait trois journées de marche ; trois jours, c'est le temps qu'il faut pour une résurrection. (Ils tueront le Fils de l'Homme, mais une fois tué, trois jours après, il ressuscitera - évangile de Marc 9, 31).
Le Prophète prit une grappe de raisin. Il en détacha un grain et, le mettant dans sa bouche, il dit : « Au nom de Dieu ! » L'esclave s'exclama : « Quel est le mot que tu viens de prononcer ? Il y a longtemps que je ne l'ai pas entendu… depuis que j'ai quitté ma patrie de Ninive. » Mahomet lui répondit : « Ninive est la ville de mon frère Jonas ; Jonas était un prophète et tous les prophètes sont frères. » (Jonas, c'est le prophète qui, avalé par la baleine/léviathan, fut recraché trois jours après).
La bataille d'Ohod fut une grande victoire koréishite. Les musulmans fuyaient. Sous le feu de la mitraille, couvert de blessures, le Prophète tombe à terre. Les Koréishites s'écrient : « Nous avons tué Mahomet. » !!!
Parcourant le champ gémissant, Omar et Abbas “virent” ce visage de Prophète qui pleurait. Ils s'approchèrent du martyr sublime. Omar s'effondra en larmes et, lui baisant le visage et les mains, il lui dit : « Ô apôtre de Dieu, me voilà ! Ils disent que les Koréishites t'ont tué, mais moi je sais que tu vis. Parce qu'ils te croient mort, beaucoup se sont enfuis, mais si nous leur disons que tu es toujours vivant, alors, nous pourrons les rassembler encore. »
Quelques jours après, Mahomet se lançait à la poursuite des Koréishites, le visage voilé... deuxième résurrection ?
A la fin de sa vie, Mahomet était malade. Au nord, des troupes romaines se concentraient sur la frontière de Syrie. Au sud, dans le Yémen et parmi les Bédouins, de faux prophètes se levaient et des populations entières renonçaient à l'islamisme. On refusait de payer l'impôt et on chassait les percepteurs.
Certains pensaient que le Prophète allait se rétablir, d'autres qu'il était mort. Omar criait à la foule : « N'écoutez pas les hypocrites qui vous disent que le Prophète est mort. Non ! un prophète ne peut pas mourir. Il est allé visiter le Seigneur ; il reviendra. Rappelez-vous Moïse qui monta sur la montagne pour aller à la rencontre de Dieu et qui revint dans son peuple au bout de quarante jours. Rappelez-vous Jésus qui monta au ciel et qui redescendit pour se faire voir à ses disciples. Mahomet est notre prophète. Lui aussi, il nous reviendra. Qu'on arrache la langue de ceux qui disent qu'il est mort. »
Abou Becker présidait à la mosquée. Voyant Omar qui continuait à haranguer la foule, il lui dit : « Omar, mon ami, ne parle pas ainsi. Peut-être ne le sais-tu pas, mais moi je sais que Dieu a dit au Prophète : Mahomet n'est qu'un envoyé de Dieu. Il mourra comme sont morts tous les apôtres qui l'ont précédé. Ô hommes de peu de foi ! Faudrait-il renoncer à Dieu chaque fois qu'un prophète meurt. Que vous apostasiez ou non, Dieu reste le même. Il continue à récompenser ceux qui se tournent vers lui. (Sur. III, v. 138)
Mahomet mourut. Ce fut un enterrement de première classe.
Toutes les maisons de Médine, toutes les maisons d'Arabie pleuraient. Les gens de la maison de Mahomet s'étaient rassemblés dans la mosquée ; ses femmes, ses affranchis, tout ce monde-là gémissait de douleur.
On enterra le Prophète à minuit. Ali et les fils d'Abbas descendirent dans la fosse. C'est Ali qui remonta le dernier. C'est lui qui dit au fossoyeur : « JETEZ LA TERRE ! »
(1) http://bibracte.com/ma_lecture_de_la_bible/l_epitre_aux_hebreux_est_un_texte_essenien.html
(2) http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/extraits-d-ouvrages/article/les-origines-esseniennes-du-16307
Les références de mes autres articles sur Mahomet sont indiquées en bas de la page de http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=114047