Menus sans viande dans les cantines à Lyon : un apartheid est créé !

par docdory
vendredi 5 octobre 2007

Afin de ne pas contrevenir aux interdits alimentaires édictés par diverses religions, la municipalité de Lyon a décidé d’instituer des menus sans viande destinés aux enfants relevant de ces religions. Examinons les faits :

Depuis la fin de la guerre d’Algérie, la municipalité prévoyait (alors que nulle loi ne la contraignait à ce sujet) des menus sans porc dans les cantines scolaires de la ville pour les enfants dont la religion (islam , judaïsme) interdit la consommation de cette viande.

Selon Yves Fournel, adjoint délégué aux affaires scolaires à la ville de Lyon, cet "accomodement" ne suffisait plus. En effet, d’après lui, 30 % des enfants mangeraient sans porc à la cantine et un nombre important ne voudraient même plus manger de légumes lorsque ces derniers ont touché la viande. En effet, même lorsque cette viande n’est pas du porc, elle n’est néanmoins pas préparée selon les rituels "hallal" ou "kasher", et contrevient donc à certains interdits religieux.

Cette extravagante constatation à été à l’origine de la convocation de deux réunions associant des "autorités" religieuses des trois religions dites "du livre" ainsi que des bouddhistes, et des associations se targuant d’être anti-racistes (LICRA , MRAP, Ligue des droits de l’homme, SOS Racisme).

Lors de ces réunions, les représentants des cultes ont commencé par expliquer chacun leurs prescriptions alimentaires. Le grand rabbin a par exemple détaillé les contraintes de la "kasherout" tout en reconnaissant que l’école n’avait pas à s’y plier. A l’issue de ces réunions, il a été conclu que des repas sans viande seraient "moins discriminants". En effet, il n’existe aucune prescription hallal ou kasher en ce qui concerne l’abattage du poisson ou la mise en boîte des oeufs.

Il a donc été décidé de faire des menus sans viande, mais avec poissons et oeufs, à partir de 2008 dans les cantines lyonnaises, option pouvant être prise en début d’année par les parents d’élèves, la municipalité finançant à ce sujet deux nutritionnistes afin que les menus soient quand même équilibrés (sachant qu’une alimentation sans viande reste fortement carencée en fer, quoi qu’on fasse)...

Que penser de cette nouvelle initiative de la municipalité lyonnaise ?

Tout d’abord, on doit s’interroger sur la statistique ayant abouti à cette curieuse décision. Dans un pays, dont un sondage récent de 2007 montrait que 4 % des habitants se disent musulmans, dont seulement un quart de pratiquants, et 2 % de personnes déclarant être de religion juive, il est assez étonnant de trouver 30 % d’élèves ne mangeant pas de porc à la cantine ! On se demande ce que vaut cette statistique...

Ensuite, on ne peut que s’étonner de voir que des élus d’une République constitutionnellement laïque, et ne reconnaissant aucun culte selon l’article 2 de la loi de 1905, violent intentionellement la loi en demandant à des "autorités" religieuses de donner leur opinion sur le menu des cantines scolaires, alors que lesdites autorités n’ont légalement pas à intervenir dans les affaires publiques !

On peut également constater l’apparition d’un syndrôme du "doigt dans l’engrenage". Les revendications alimentaires de certaines "autorités" religieuses ont obtenu, sans base légale, des menus sans porc dans les écoles. Mais cela ne leur suffit pas, maintenant, il faut que la viande servie soit "hallal" ou "kasher", ou bien la remplacer par du poisson ou des oeufs ! Or, il est bien évident que les autorités municipales ne peuvent pas légalement servir de la viande abattue rituellement dans les cantines. En effet les "autorités" religieuses musulmanes, par exemple, prélèvent une sorte de dîme pour estampiller "hallal" la viande, la valeur cumulée de cette "taxe" s’élèverait en France à des sommes exorbitantes ! N’importe quel tribunal, confronté à l’achat de viande "hallal" par une cantine municipale, condamnerait la municipalité responsable pour subvention cultuelle dissimulée, contrevenant à la loi de 1905 !

Ce doigt dans l’engrenage va d’ailleurs continuer. Selon une responsable laïque lyonnaise intrerrogée par France info, de nouvelles revendications seraient apparues à la suite de cette décision municipale. Des parents d’élèves auraient exigé que les "viandes" et les "poissons" ne mangent pas à la même table afin qu’il n’y ait pas confusion dans les assiettes et que les enfants ne puissent pas s’échanger subrepticement leur plat.

On peut aisément imaginer d’autres revendications religieuses sans rapport avec l’alimentation qui ne manqueront pas de s’engouffrer grâce à cet appel d’air. En effet, il est bien connu que l’islam interdit la représentation artistique des êtres vivants, en particulier de l’être humain. Nul doute que certaines "autorités religieuses" ne manqueront pas d’ici peu d’exiger que les élèves musulmans soient dispensés de peindre ou dessiner des êtres vivants ou personnages en cours de dessin, ou d’aller en sortie scolaire visiter les musées. Certes l’Etat protestera mollement en affirmant que les religions n’ont pas le droit d’influencer sur le contenu éducatif des programmes, comme si le menu des cantines scolaires ne faisait pas partie du contenu éducatif de l’école, mais l’Etat finira par céder !

Parlons d’ailleurs d’éducation ! Lorsque des enfants en viennent à refuser de manger des légumes entrés en contact avec de la viande, quitte à avoir faim tout l’après-midi, sous pretexte que cette viande ne serait pas religieusement correcte, il ne s’agit plus d’éducation, mais de bourrage de crâne ! Des parents d’élèves créent volontairement chez leurs enfants une phobie alimentaire aboutissant à un refus de s’alimenter, phobie relevant de la psychopathologie. Il s’agit-là non plus de religion, mais de mauvais traitement à enfants. Il n’est pas normal ni acceptable dans une société moderne qu’un enfant, à l’école primaire, soit, par la faute de ses parents, terrorisé à l’idée qu’il sera l’objet de la vindicte d’un dieu cruel s’il se trompe d’aliments, au point de refuser de s’alimenter !

Enfin, par l’éducation, on apprend que les protéines de porc sont constituées de la même vingtaine d’acides aminés que n’importe quelles autres protéines ! Il n’est pas du rôle de l’école de cautionner des superstitions quant à l’impureté supposée de certains aliments, quand bien même il s’agit de superstitions religieuses. En effet l’école est censée éduquer à la Raison et combattre les superstitions d’où qu’elles viennent. Donner des menus spéciaux dans les écoles, c’est accepter l’idée qu’une certaine catégorie d’enfants seraient, de par l’infortune de leur naissance, incapables d’accéder à la Raison, c’est donc une discrimination insupportable. Il est déjà assez difficile pour des enfants diabétiques ou allergiques d’être soumis à des régimes spéciaux en raison de l’infortune de la maladie, pour qu’en plus on donne des régimes spéciaux à d’autres enfants en raison de l’infortune dont ils sont victimes du fait des superstitions alimentaires de leurs parents !

L’école est aussi censée éduquer à la culture. La gastronomie, art dont je rappelle que Lyon est la capitale en France, fait partie intégrante de la culture française, autant que Victor hugo ou Berlioz . Priver des enfants (lyonnais qui plus est !) des joies de la culture gastronomique est un méfait contre la culture en général !

Enfin , cette décision municipale va être à l’origine d’un véritable apartheid. Les cantines, pour éviter toutes contestations, finiront par faire deux services, l’un pour les "poissons", l’autre pour les "viandes", les enfants ne se mélangeront plus à la cantine. En cours de récréation, les "viandes" joueront avec les "viandes" et les "poissons" avec les "poissons", et formeront des bandes, d’où bagarres prévisibles. Les juifs, qui se retrouveront avec les musulmans dans les "poissons" se feront molester, on leur dira "va jouer avec les viandes". Les parents d’élèves de certaines religions exigeront que ce système de cantine soit appliqué au collège puis, pourquoi pas au lycée ! Les "viandes" en sortie au musée iront au Louvre, alors que les "poissons" iront voir de l’art abstrait à Beaubourg, les garçons "poissons" interdiront aux garçons "viandes" de parler aux filles "poissons" et vice versa, etc. Est-ce vraiment ce cauchemar que l’on veut pour l’école de la République ? Compte tenu en plus du caractère généralement infect du poisson servi dans les cantines , les "poissons" se mettront à jalouser les "viandes", d’où aggravation des conflits.

Il est très curieux que des associations qui naguère, il y a une trentaine d’années, militaient contre l’apartheid en Afrique du Sud, utilisent maintenant les mêmes arguments que ceux qu’utilisait à l’époque le gouvernement sud-africain pour légitimer l’apartheid. En effet, la justification de celui-ci était officiellement que chaque culture vive selon ses coutumes, sans être entravée par les coutumes des autres "races". Eh bien, cette ségrégation alimentaire des enfants dans les écoles répond aux mêmes objectifs que l’apartheid. La société la plus "multiculturelle" ayant jamais existé fut l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid : on ne se mariait pas entre "races" différentes, on n’habitait pas au mêmes endroits, on ne prenait pas les mêmes bus ! Est-ce cela que les associations prétendument anti-racistes veulent pour modèle en France ? Introduire un apartheid alimentaire, prélude à d’autres apartheids bien pires sous prétexte de "multiculturalisme" ?

Pour conclure, je vous invite à réfléchir à l’étymologie du mot "copain", du latin "cum panem" : avec qui l’on partage le pain (pain pris au sens large d’aliments, à l’époque ou le pain était l’essentiel de l’alimentation). Faisons en sorte que les enfants à la cantine soient des "copains" au sens étymologique du terme, et qu’un enfant accepte, sans arrière-pensées religieuses le morceau de sandwich que lui proposera un "copain", quand bien même ce sandwich comporterait du bon saucisson ou de la bonne rosette de Lyon ! Que dans l’école de la République, les enfants ne se voient pas comme musulmans, juifs, catholiques, athées, mais comme "copains" !


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