Moïse, l’énigme du mont Sinaï

par Emile Mourey
lundi 15 janvier 2007

Au matin du troisième jour, la foudre tomba sur la montagne du Sinaï. Le peuple sortit des tentes en tremblant et vit une sombre nuée s’abattre sur le sommet rocheux. Il y avait des éclairs et il y avait le tonnerre, et par-dessus les éclairs et le tonnerre, le peuple entendit le son de la corne divine qui appelait Moïse. Moïse monta à la rencontre de Dieu...

L’emplacement du mont Sinaï est la plus grande énigme de la Bible. C’est là que Moïse a transformé un troupeau d’anciens esclaves en un peuple redouté et redoutable en lui donnant une loi précise, une pratique religieuse rigoureuse et une foi étonnante. Montagne sacrée pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, le mont Sinaï a été localisé par la tradition dans la pointe sud de la presqu’île dite du Sinaï. Un monastère y a été construit au VIe siècle. La beauté du site en fait un lieu fréquenté par les touristes.

Une longue marche.

Nous reprenons notre histoire de Moïse après la grande victoire qu’il a remportée sur les Egyptiens dans la mer des Roseaux (voir mes articles précédents). S’appuyant sur le fait, d’une part, qu’aucune trace archéologique du peuple en marche n’a été retrouvée dans la presqu’île et que, d’autre part, les Hébreux n’auraient pas pu suivre l’itinéraire côtier rapide du nord, celui-ci étant gardé, au XII ème siècle, par des postes de garde égyptiens, les auteurs de La Bible dévoilée en tirent la conclusion que l’exode n’a pu avoir lieu et qu’il s’agit d’un texte inventé. Cet argument ne tient plus dès lors que nous situons l’exode en 1445 avant J.C.. Il s’agit donc pour les traducteurs de vérifier si un réexamen des passages très douteux de la Bible ne pourrait pas s’accorder à mon hypothèse militaire d’un itinéraire côtier.

La migration d’une population de 600 000 hommes - 60 000 hommes me semble plus vraisemblable - n’est pas une opération qui peut se faire dans le désordre. Dès la sortie de la mer desRoseaux, Moïse rappelle à ses troupes les règles astreignantes applicables aux colonnes en déplacement et au bivouac. Première difficulté : l’approvisionnement en eau. Les trois premiers jours de marche se font sans boire (eau de marais/dysenterie ?) A la station de Mara, l’eau est encore amère (?). A Elime, au bord de la mer, le peuple s’abreuve à douze sources d’eau pure. Deuxième difficulté : la nourriture. A la station du désert de Sin, à mi-parcours, le peuple a faim. Un mois s’est écoulé depuis son départ de Ramsès. Moïse promet de la viande et du pain. Le temps que Yahwé intervienne et voici que tombent du ciel cailles et manne (mon interprétation : il s’agit probablement d’un prélèvement fiscal en nature que Moïse est allé chercher à Qadesh). A Rephidim, le peuple a de nouveau faim et soif. La Bible ne le dit pas mais le contexte laisse entendre que les Hébreux se sont emparés par la force de l’agglomération frontalière philistine et de ses réserves alimentaires.

Face à cette arrivée massive de combattants, on devine que les troupes philistines se sont repliées sur la bande côtière de Gaza où se dressaient leurs principales places fortes, abandonnant à Moïse toute la région est jusqu’à la mer Morte que l’on appellera plus tard le désert de Juda. Tenant toujours la position de Rephidim, les Hébreux vont alors camper dans le désert du Sinaï - Biblia dixit -, cela signifie qu’ils vont occuper militairement toute cette région est dont je viens de parler (ma thèse : désert du Sinaï = désert de Juda). Quand la Bible dit que les Hébreux vont passer quarante ans dans le désert en vivant de la manne, cela signifie qu’ils vont rester quarante ans dans ce désert de Juda/désert du Sinaï en vivant des prélèvements fiscaux. Cela signifie que le mont Sinaï ne se trouve pas dans la presqu’île dite du Sinaï mais dans ce désert de Juda.

La bataille de Rephidim.

Vivre de prélèvements fiscaux, cela signifie que les Hébreux ont dû imposer leur autorité non seulement sur le désert de Juda mais aussi sur les régions voisines plus riches. Et même les Madianites qui avaient été ses premiers et très précieux alliés, Moïse les raya de la carte.

Mais voici qu’Amaleq, roi des Philistins, attaque les Hébreux à Rephidim. Le dispositif des troupes de Moïse est le suivant. A l’aile gauche, à Rephidim, se trouvent les Hébreux. A l’aile droite se trouve l’allié hourite. Au centre et en première ligne se trouve Josué. Moïse a installé son poste de commandement en retrait, sur la montagne de Massada. Il a le bâton de Dieu à la main. A sa gauche se trouve Aaron dont les troupes défendent Rephidim. A sa droite se trouve Hour dont les troupes défendent le pays hourite.

Et voilà le récit de la bataille, une bataille longtemps indécise. Je cite : « Tant que Moïse levait les mains, Israël avait l’avantage, mais quand il les baissait, Amaleq reprenait le dessus. Comme les mains de Moïse s’alourdissaient, il s’appuya sur une pierre (la montagne de Massada), tandis qu’Aaron et Hour s’efforçaient de lui tenir les mains en l’air (la main gauche et la main droite, c’est-à-dire ses deux ailes).Moïse garda les mains levées jusqu’au coucher du soleil. Alors, le tranchant du glaive de Josué vainquit Amaleq et son peuple. »(Exode 17, 8 à 14).

Mais aussitôt, on s’interroge : Une bataille qui commence le matin et qui se termine le soir sur un front de quelque cent kilomètres, non, cela n’est pas possible. Il faut deviner que les scribes de Moïse ont relaté sous forme d’une bataille frontale une guerre d’une certaine durée de type plus ou moins subversif. En réalité, c’est Josué qui menait le combat avec ses soldats de l’ombre.

Voici le mont Sinaï !

La montagne de Massada, tout le monde la connaît. Cette véritable montagne de Dieu que vénèrent les juifs du monde entier vit, en l’an 73 après J.C., les derniers défenseurs préférer la mort à l’humiliation.

Cette montagne imposante, Moïse l’avait déjà découverte au temps de son exil, lorsqu’il patrouillait avec ses partisans pour le compte de la cité de Madiân. C’est là, sur cette montagne de l’Horeb, qu’il y a vu le buisson ardent, c’est là qu’il s’est retrouvé avec Aaron pour mettre au point sa “manœuvre” (à trois jours de Ramsès ; trois est un chiffre symbolique qu’il faut traduire par "pas très loin"). Mais déjà avant lui, Abraham faillit y sacrifier son fils Isaac. Dans le langage accadien, le dieu-lune s’appelait “Sin”. Ainsi donc, cette prédilection qu’avait le père d’Abraham pour le mystère de la Lune a cheminé, depuis Our en Chaldée jusqu’à Massada, le mont Sinaï. Ô Lune, éclaire les obscurités de l’Histoire !

Il y avait trois mois que les fils d’Israël étaient sortis d’Egypte. Moïse leur donna l’ordre de monter de Rephidim dans le désert du Sinaï. Ils dressèrent leurs camps au pied de la montagne de Massada. Les prêtres “Moïse” montèrent au sommet de la montagne et, là, ils tinrent conseil. Yahwé leur dit (dans leur esprit) : « Vous étiez opprimés et je vous ai libérés. Je vous ai portés sur des ailes d’aigle jusqu’à cet endroit où je suis. Si vous respectez mon alliance, vous serez mon peuple parmi les peuples. Je ferai de vous un royaume de prêtres et une nation sans péché. Allez dire cela aux fils d’Israël. »

Lorsque le troisième jour se leva, la foudre tomba sur la montagne du Sinaï... Les prêtres “Moïse” montèrent sur la montagne en feu, entourés des prêtres Aaron, Nadad et Ahihou, et suivis des 70 membres du conseil des Anciens. Arrivés à mi-pente, ils se prosternèrent face contre terre et ils restèrent ainsi. Moïse, seuls, montèrent jusqu’au sommet. Dieu dit à Moïse : « Je suis YHWH, celui qui est. C’est moi qui ai libéré ton peuple de l’esclavage. C’est moi qui vous ai fait sortir du pays d’Egypte. Dorénavant, je serai votre Dieu, votre seul Dieu. »

Quand Moïse redescendit de la montagne, son visage brillait. Il portait dans ses mains les tables de la Loi sur lesquelles étaient gravés les dix commandements.

Je suis le Dieu de la liberté et de l’intelligence (mon interprétation).

Tu n’auras pas d’autres dieux que moi.

Tu ne t’abaisseras pas à adorer de faux dieux.Car moi, Yahwé, je suis un Dieu jaloux.

Tu ne galvauderas pas mon nom.

Tu te souviendras de moi le jour du sabbat.

Tu honoreras ton père et ta mère.

Tu ne tueras pas.

Tu ne commettras pas d’adultère.

Tu ne voleras pas.

Tu ne calomnieras pas.

Tu ne convoiteras, ni la maison de ton prochain, ni sa femme, ni
son serviteur, ni sa servante, ni son âne, rien de ce qui ne t’appartient
pas.

" Le peuple eut peur car les nuées entouraient la montagne au milieu des éclairs, du tonnerre et du feu. Saisis de crainte en voyant Moïse s’approcher d’eux, les hommes, les femmes, les enfants se mirent à trembler et reculèrent devant lui."

Extraits de mon Histoire de Bibracte, Dieu caché.

http://www.bibracte.com

E. Mourey


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