Nadia Bolz Weber, le curé très Rock’n’roll

par Alex
jeudi 14 février 2019

Nadia Bolz Weber, le curé très Rock’n’roll

 

Dieu se dessine selon celui qui l’imagine. Ce n’est pas par hasard que l’islam interdit sa représentation (et non la figuration de son prophète comme c’est largement rependu), et que seule est permise la calligraphie de son nom. Le Verbe. Les mots que l’on donne ont un sens, ou le sens des mots.

Un autre interdit concerne cette fois exclusivement la religion catholique : en 2019, toujours pas de femme qui puisse être ordonnée prêtre.

Les femmes ne semblent pas pouvoir espérer échapper à cette doctrine proposée infailliblement par l'Eglise voulant que le sexe dit faible ne puisse pas, n'a jamais pu, et ne pourra jamais recevoir le Sacrement du Sacerdoce.

L’Eglise catholique juge toujours que la femme est un sujet inadapté pour recevoir le Sacrement de la prêtrise, la masculinité étant un aspect essentiel pour le signe (le Verbe), ce qui occasionne la non-validité du Sacrement qui entraîne l'invalidité d'une Messe célébrée par une femme ordonnée .Il n'y aurait pas Présence Réelle, ni Transsubstantiation.

Autrement dit, le prêtre qui officie les sacrements le fait en tant que sacrificateur qui tient le rôle du Christ, donc doit être conforme à son image. Jésus s’étant incarné dans le sexe masculin, la messe est dite…

Pour en rajouter une couche, les prêtres catholiques ne sont toujours pas autorisés à se marier, sans que cela ne soit explicitement imposé par les Évangiles.

La vie du curé catholique n’est franchement pas folichonne, on ne saurait s’étonner des dérives constatées et de la difficulté croissante de trouver des candidats.

Depuis une vingtaine d’années, l'Eglise anglicane rompt l’interdit en proposant des femmes à la prêtrise, et en 2017, Sarah Mullally vient d’être désignée évêque de Londres.

Mais c’est le luthérisme qui semble ouvrir réellement les portes aux femmes, et Nadia Bolz-Weber n’a pas hésité les franchir. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que son sacerdoce n’est pas triste, mais alors pas du tout.

                                         

Le curé rock’n’roll fonde la House for All Sinners and Saints ( Maison pour tous les pécheurs et les saints), une communauté de l'Église évangélique luthérienne aux États-Unis à Denver (Colorado). Cette communauté a la particularité d’accueillir environ un tiers de personnes LGBT.

Elle grandit à Colorado Springs dans une famille chrétienne fondamentaliste, où les femmes n’avaient pas le droit de prier devant les hommes à la maison. Ce qui ne l’empêche pas de se faire tatouer à 17 ans et depuis, porter fièrement de nombreuses gravures le long des bras. Elle consomme pendant près de dix ans des quantités importantes d'alcool et de stupéfiants, avant de devenir abstinente en 1996. Elle effectue des petits boulots de comique de stand-up et rencontre le jeune étudiant en théologie Matthew, son futur mari.

                                         

En 2004, elle se sent appelée à exercer un ministère après s'être vue demander de prononcer l'éloge funèbre d'un ami qui venait de se suicider et quatre ans plus tard, elle est ordonnée pasteur.

Depuis, la grande femme musclée de 49 ans promène toujours son débardeur et ses tatouages et ne s’affranchit pas pour autant de ses meilleurs gros mots. Chacun de ses livres est un best-seller et ses conférences sont très suivies. Chacun de ses sermons, publiés le dimanche sur internet, est téléchargé plusieurs milliers de fois. 

Les jeunes LGTB l’adorent car ils voient en ce prêtre pas comme un autre la possibilité de vivre leur foi dans une Eglise dont ils sont souvent exclus. Dans sa paroisse, tout le monde peut recevoir l’eucharistie, quelles que soient ses pratiques et ses croyances.

Elle se bat contre l’Eglise misogyne et notamment contre le concept des « bagues de chasteté » (True Love Waits), le véritable amour attend, imposées par les ultraconservateurs. En effet, dans les années 90, des organisations chrétiennes évangéliques ont assuré la promotion de la virginité avant le mariage en proposant aux jeunes de porter cette bague, symbole de leur engagement à rester purs.

Jusqu’au 14 janvier, les jeunes filles ont pu lui envoyer le bijou, en échange d’un certificat d’impureté et sont invitées à profiter de la vie. Les bagues récoltées ont été fondues pour façonner un « golden vagina ».

                                        

Comme le résume la presse  : La chose la plus étonnante à propos de Nadia Bolz-Weber est qu’elle parvient à emporter son christianisme dans des recoins de la vie où l’église peut être assez inconfortable. (The Daily Beast)

A.Zeletzki v.P

13 02 2019

 

Pour aller plus loin…

Lire :

 Histoire du christianisme des origines à nos jours, André Vauchez. Ed. Desclée, Paris, 1993.

Salvation on the small screen ? : 24 hours of Christian television, Nadiz Bolz Weber, New York, Seabury Books, 2008

Pastrix, The cranky, beautiful faith of a sinner & saint, Nadiz Bolz Weber, Jericho Books, 2013

Surfer :

Le site de Nadia Bolz-Weber : http://www.nadiabolzweber.com/ ou sur sa page Facebook https://www.facebook.com/sarcasticlutheran

Voir :

La vidéo https://www.youtube.com/watch?v=JS5nHBZnT_s ou elle résume son histoire.


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