Pakistan : la loi anti-blasphème aurait fait près de 1000 victimes
par Catherine Segurane
lundi 26 juillet 2010
Depuis lors, les chrétiens, et d’autres minorités au Pakistan ont subi de manière croissante des humiliations et des persécutions en raison d’allégations mensongères en vertu de la loi anti-blasphème. C’est « un instrument d’oppression très perfide », déclare Marc Fromager, directeur de l’AED-France. Pourquoi ?
- parce qu’elle n’est pas précise dans sa formulation. Elle ne fait pas la différence entre une action délibérée ou pas. Elle ignore l’état psychologique de la personne ou la méconnaissance que peut avoir la personne des conséquences de certaines de ses actions. La loi ne définit pas le comportement attendu des citoyens à l’égard de Mahomet et du Coran.
- parce que sur le simple témoignage d’un plaignant, la personne en cause est immédiatement placée en détention. Une personne peut donc être accusée sans preuve.
- parce que le plaignant jouit d’un statut d’impunité compte tenu de la loi.
- parce qu’on assiste le plus souvent à un simulacre de jugement. Les extrémistes y sont le plus souvent présents afin d’empêcher toute possibilité d’acquittement. Les procès s’éternisent et les amendes se font de plus en plus lourdes. Ces arrestations sont aussi une manière de récupérer la propriété du voisin.
- parce qu’elles sont utilisées pour régler des comptes.
Les arrestations, assassinats, massacres et pillages vont en s’accroissant depuis la promulgation de ces lois. Des centaines de lieux de culte ont été détruits. Récemment en août 2009, 8 chrétiens étaient brûlés vifs à Gojra. Il faut savoir qu’au Pakistan, les enlèvements, viols, mariages et conversions obligatoires des femmes chrétiennes par des hommes musulmans ne sont pas poursuivis. Si une femme vient se plaindre d’un viol, il n’est pas exclu qu’elle soit accusée d’adultère.