Purifier et codifier les religions avec la laïcité pour sauver l’humanité !
par hugo BOTOPO
samedi 7 mai 2016
Cet article fait suite à celui du 13 février dernier "Dépasser les religions...pour atteindre DIEU" . Il propose une démarche transversale et commensale entre le politique et le religieux se voulant un chemin de convergence et d'universalité. Cette démarche s'appuie sur une implication de la LAÏCITÉ.
Au cours de l'histoire des pays ou nations et des religions il y a rarement eu une indépendance totale, une indifférence sans la moindre interférence, entre les dominants et puissants des deux mondes, celui des pouvoirs temporels ou matériels (politiques) et celui des pouvoirs spirituels (religions).
Les luttes de pouvoir ou d'influence sur la société ont été prépondérantes entre l'Empire romain et le Christianisme (dans ses premiers siècles) ; également entre l'Empire soviétique et le Christianisme. Le Reich nazi a voulu éradiquer le Judaïsme en éliminant physiquement les Juifs, tout en voulant mettre au pas le Christianisme allemand.
A l'inverse il y a eu une longue collusion commensale entre les autorités religieuses et les monarchies européennes et surtout la monarchie française, avec ses monarques oints par le Saint-Chrème, donc reconnus par Dieu pour diriger une France "fille aînée de l'Église". Avec le schisme d'Henri VIII d'Angleterre et son excommunication par Rome, l'affrontement s'est transformé en la création de l'Église anglicane avec le Roi chef et défenseur de l'Église anglicane. Cette fonction royale persiste et reste vivace de nos jours.
La révolution française a coupé le cordon ombilical entre les pouvoirs temporels et religieux (la spiritualité commençant à déborder du cadre religieux). Suite à son indépendance, l'Amérique, sans nier l'importance du fait religieux ou des religions pour ses citoyens, a coupé assez franchement les liens de subordination du temporel envers le spirituel : il ne reste que les prestations de serment sur la Bible. Pour l'Amérique la conquête du continent par les colons européens, surtout anglo-saxons, avec le recours à la force et aux massacres des occupants légitimes et puis avec l'introduction d'esclaves noirs -les amérindiens décimés et repoussés étant inaptes à la soumission- devait se faire hors de toute contrainte morale des forces des religions chrétiennes soucieuses d'évangélisation sans les massacres.
En terre d'Islam, l'extension du monde musulman s'étant faite généralement les armes à la main, de préférence à des conversions paisibles et éclairées, la collusion entre le pouvoir des chefs de guerre et les pouvoirs des chefs religieux, allait de soi et était généralisée dans la double fonction des Califats. Les cas de séparation des pouvoirs, parfois avec des résistances des autorités religieuses, est assez rare : Ataturk et les jeunes turcs en Turquie, Bourguiba en Tunisie et Nasser en Égypte. Au Maroc, comme en Angleterre, le Roi est le Commandeur des croyants. Le Roi d'Arabie saoudite et les Émirs du golfe arabo-persique sont au moins les protecteurs de l'Islam. En Iran, le guide suprême de la République Islamique est le Grand Ayatollah. Dans le Proche ou Moyen-Orient des chefs religieux se sont mis en tête de conquérir le pouvoir politique (matériel) les armes à la main et de l'assujettir au pouvoir religieux (spirituel) : Iran et le "Califat islamique auto proclamé. Lorsqu'il y a collusion entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux, c'est essentiellement pour renforcer ou maintenir un pouvoir politique tendant vers une dictature dite islamique, avec des chefs religieux s'immisçant fortement dans le politique en maintenant une soumission du peuple au nom des préceptes sacrés de l'Islam ! Parfois, comme au Yemen, la conquête du pouvoir politique s'appuie sur des branches séparées, concurrentes de l'Islam, tout en étant d'accord sur les fondements et dogmes du Coran, à savoir le Sunnisme et le Chiîsme : les discussions et oppositions théologiques entre ses deux branches ne rentrant pas en ligne de compte.
En Europe et en France, il n'y a pas d'affrontements sunnites/chiîtes mais une volonté de prise progressive du pouvoir politique par l'utilisation de la notion de liberté individuelle, de droits de l'homme, pour imposer des exigences de la loi islamique selon des interprétations du Coran et de différents textes de l'Islam. A terme, le but c'est la destruction des valeurs occidentales libérales (démocratie, moeurs et conscience), chrétiennes, plus ou moins capitalistes et leur remplacement par des valeurs religieuses contraignantes.
AGIR au lieu de RÉAGIR
Les mondes politiques et médiatiques Français s'étripent inefficacement sur la ou les manières de RÉAGIR. Les droits de l'homme et du citoyen, les libertés individuelles et la "LAÏCITÉ" républicaine à la Française sont "torturés" par les bavards et la bien-pensance pour justifier leurs projets de réactions : à des attaques politiques déguisées sous la couverture de la pratique de la religion, les réponses reposent sur la "sanctification" de valeurs républicaines sans le moindre impact sur des adversaires qui ne les reconnaissent pas.
Une manière d'AGIR consiste à affronter l'adversaire politique sur son terrain de prédilection, à savoir le religieux ou la religion. En effet, le problème pour la France et sa République, n'est pas de s'adapter à une religion particulière qui veut supprimer la notion même de LAÏCITÉ, mais de codifier, en accord avec des responsables français des diverses religions et croyances, leurs pratiques au sein d'une République qui se veut la garante de toutes les croyances et pratiques religieuses y compris l'athéisme (en tant que croyance de la non-existence de Dieu).
La France est dans une situation favorable pour engager un tel processus du fait de la prolifération sur son territoire d'un grand nombre de croyances (catholicisme romain, nombreuses variantes du protestantisme, catholicisme orthodoxe, bouddhisme, différentes variantes de l'Islam, diverses "églises" à tendance sectaires comme les témoins de Jehovah ou la scientologie) sans oublier les loges maçonniques agnostiques ou athées, et les athées militants... La Révolution Française après une courte période d'athéisme pur s'est repliée sur l'imposition d'un christianisme (principalement catholique) jurant fidélité aux lois et principes de la Révolution : les guerres de Vendée, les chouans royalistes ont consacré la résistance du fait religieux aux contraintes d'un législateur absolutiste. La paix et la sérénité religieuses firent enfin l'objet du Concordat de 1801 entre Napoléon et le Pape, pour les catholiques puis les protestants réformés, luthériens et calvinistes (1802) puis les israélites (1808). La Concordat mettait les religions sous la protection et le contrôle de l'Etat (nomination des évêques) jusqu'à la loi de séparation des Églises et de l'Etat en 1905 (hors Alsace/Moselle toujours sous concordat !). Avec le concordat les prêtres, pasteurs, rabbins, évêques, sont rémunérés par l'Etat pour leur activités cultuelles et pour l'enseignement dans les écoles. Politiquement, l'influence religieuse s'opposait à une gauche républicaine, athéiste et anti-cléricale, tout en soutenant les partis conservateurs, monarchistes et bonapartistes cléricaux. Jules Ferry était le promoteur d'une école publique laïque et gratuite pour tous, en s'appuyant sur les "hussards de la république", à savoir les instituteurs, dès les années 1880. La loi de 1905 était d'abord destinée à réduire le poids de l'Église catholique dans la vie politique française en lui coupant les ailes financières et la primauté dans la formation des esprits des jeunes français : son application ne se fit pas sans remous et les rancoeurs et vindictes mirent des décennies avant de s'adoucir. La principale contrainte "physique" a été le service militaire pour les curés, au titre de simple citoyen : dans la vie civile les curés conservant leur soutane et les religieuses leurs tenues spécifiques à chaque congrégation. Le triomphe de la LAÏCITÉ en 1905 était perçu surtout comme une victoire politique des républicains issus de la Révolution, et accessoirement comme une avancée sociale protégeant le libre exercice d'une religion et du refus de pratiquer une religion pour les athées. L'exercice reconnu par les institutions est une spécificité française, les pays anglosaxons en restent au libre choix d'une religion avec l'athéisme mis au ban de la société. Dans beaucoup de pays les prêtres, pasteurs et autres dignitaires religieux sont rémunérés sur fonds publics, comme en Allemagne.
Les mesures autoritaires d'interdiction de tenues vestimentaires d'aujourd'hui, comme hier des crucifix dans les écoles, sont perçues comme des contraintes politiques discriminatoires et sont sans effet sur le changement des mentalités des personnes appelées à vivre ensemble.
Les ACTIONS EFFICACES pour ressouder la communauté nationale à partir de toutes ses composantes actuellement repliées sur des communautarismes religieux, ne peuvent procéder que de négociations globales avec l'ensemble des acteurs concernés. Le gouvernement de la nation doit s'y impliquer pleinement même, et surtout, s'il estime que les religions sont irrationnelles et d'un autre âge ! La libre concertation doit se faire en priorité avec les dignes représentants des religions monothéistes, dites du livre : la Bible et le Coran. Ensuite une extension au Bouddhisme, à l'Indouisme, au Shintoïsme,.... posera moins de problèmes.
La concertation/confrontation des 3 monothéismes vénérant et adorant un même Dieu, mais avec des variations sur les cheminements spirituels et les pratiques religieuses forgées au cours des siècles, est impérative ! Faire reconnaître que le Dieu d'Abraham, auquel les 3 religions se relient et se réfèrent, est personnifié par des appellations, des représentations, des facettes descriptives légèrement différentes, sous les noms de YAHVE, de DIEU le PÈRE (avec ses facettes complémentaires de JÉSUS et de l'ESPRIT-SAINT) et d'ALLAH, est la base fondamentale de toute analyse à but oecuménique. En dehors de la référence à Abraham, les nombreux termes élogieux personnifiant le Dieu unique sont semblables et quasi identiques : 99 noms et attributs de perfection et de magnificence pour ALLAH, tous à connotation très positive et élogieuse (miséricorde, bonté, pardon, justice, puissance, amour, omniscience, pleine connaissance de chaque fait, geste et pensée de chaque humain (l'idéal de Google !)). Cette grande sollicitude s'exerce envers les humains, sauf éventuellement à l'égard des ennemis qu'il repousse pour défendre ceux qui le vénèrent et respectent les directives émises par des humains vénérables en religion se sentant dépositaire des pensées divines. Si pour le Judaïsme et le Christianisme, il n'existe pas une aussi longue liste sacralisée des noms et attributs de leur Dieu, tous les qualificatifs sont positifs et élogieux. Le Christianisme avec Jésus se différentie par "l'amour" (ou la compréhension) de ses ennemis ! Ensuite, pour les 3 monothéismes la base fondamentale des commandements relatifs aux comportements des humains est celle émise par le décalogue de MOÏSE, réaffirmée par les dix commandements des chrétiens et légèrement modifiée par les piliers de l'ISLAM complétés pour des adaptations à la vie courante au cours des siècles.
Les 3 religions monothéistes de base sous l'action de meneurs et de penseurs religieux et des vénérables dignitaires s'intronisant comme les véritables dépositaires de la pensée divine et de ses recommandations et commandements, ont essaimé en un grand nombre de "vraie religion" : pour les principales citons le sunnisme et chiîsme pour l'Islam, les catholicismes romain et orthodoxe et les protestantismes pour le Christianisme. Qu'il y ait plusieurs voies menant à la maison du "Père", avec des dérivations, cela reste marginal vis-à-vis de l'essentiel, la parfaite communion avec le Dieu unique et la soumission assouvie à ses commandements pour le rejoindre dans l'Éternité. Toutes les condamnations des "déviants" vers une autre voie d'ascension, ne sont le fait que de chefs ou dignitaires religieux soucieux de "bétonner" leur pré-carré et de l'étendre : les condamnations ne peuvent venir de Dieu lui-même car il reconnaît les différentes voies et pratiques de communion en sa personne. Par contre, si les excommunications (mise hors de la communauté) vont de soi pour celui qui quitte sa religion de base, les châtiments, avec parfois mise à mort, sont du fait de la volonté de quelques humains et sont toujours contraire à la volonté divine. La condamnation à mort des apostats et des infidèles, au nom de Dieu, par des dignitaires religieux qui s'auto proclament détenteurs de la pensée divine qui est tout amour, toute miséricorde et source infinie de pardon relève du plus grand des BLASPHÈMES, en osant se substituer à la pensée de leur Dieu !
Les 3 monothéismes, dits du livre, avec leurs variantes, leurs déviances, leurs schismes, doivent se retrouver dans un conclave oecuménique, sous la protection et l'inspiration de leur Dieu unique (et commun), à l'invitation des Autorités Françaises pour :
- proclamer l'unicité du Dieu unique qu'ils adorent et vénèrent avec des liturgies et des dogmes différents ;
- proclamer le libre passage d'une des variantes des religions à une autre, sans autre mesure d'exclusion que le simple constat de la sortie d'une communauté en religion pour une autre communauté ;
- proclamer que les bases intangibles des variantes des 3 religions monothéistes, dites du livre, sont :
+ la reconnaissance et l'adoration d'un Dieu unique,
+ la compassion, la solidarité et l'amour pour le prochain en tant qu'enfant ou sujet de Dieu,
+ la condamnation des mises à mort -"tu ne tueras pas"- (crimes, guerres, exécutions, massacres...) quelque soit la raison invoquée, ainsi que de toutes violences physiques ou psychiques,
- admettre pour chaque humain :
+ le droit de choisir une religion (et d'en changer) au sein et hors des 3 monothéismes, ou de ne pas en avoir une,
+ l'égalité devant Dieu et devant les Institutions des hommes (et de leurs représentants),
+ l'égalité, en droit et de fait, des femmes et des hommes,
+ la liberté de pensée et d'expression de ses idées et réflexions (sauf cas de diffamation calomnieuse),
+ le droit de vivre sous un régime politique (et le devoir de le soutenir) qui respecte les valeurs ci-dessus.
Ce fonds commun du vivre ensemble harmonieusement permet, au sein de chaque religion et en dehors, une grande liberté en matière de choix de l'alimentation et de l'habillement et dans les canons de la liturgie propre à chaque religion.
Cette codification du vivre ensemble peut paraître utopique : c'est l'apanage de la démocratie. Si les préceptes ci-dessus étaient admis par les Autorités religieuses et par leurs dignitaires en Palestine et en Israël, alors le conflit aurait été résolu pacifiquement depuis des décennies ! Israël, République parlementaire multipartis (avec 20% de sa population musulmane) qui se voudrait donc un État laïc, est sous l'emprise des ultra-religieux du Judaïsme, lesquels imposent une vision politique d'un Grand Israël, 100% juif, implanté dans toute la Palestine : la paix ce n'est donc pas pour maintenant.
Ami lecteur livre tes remarques avec indulgence et fraternité !
Ami lecteur sois un vecteur de paix et d'harmonie dans nos sociétés déboussolées !