Ramadan ou l’inutilité de la faim et de la soif !

par hamid zanaz
mercredi 24 août 2011

Le jeûne est-il bénéfique à la santé ? Se lever en plein nuit pour faire le plein, manger précipitamment, pour ne pas avoir trop faim la journée, et revenir dormir, en un mot ce ‘souhour’ comment tu le vois diététiquement ? Laisse toute autre considération à part et réponds-moi sincèrement et seulement en tant que médecin, en tant que professionnel de la santé, ai-je lancé à mon ami.

Avec un sourire malicieux aux lèvres, sa réponse vient résumer parfaitement la conception de tous les jeûneurs musulmans : le jeûne est une obligation islamique et cela suffit. Le Coran l’impose. « Je jeûne pour ressentir ce qu’éprouvent les nécessiteux ». Telle est la réponse étrange d’un voisin très pauvre. Mais tu jeûnes tout le temps, durant toute l’année ! Tu n’es pas riche !

Son humour a dédramatisé la situation : « mais pendant le Ramadan, je pratique le carême officiellement ! » Le jeûne du millionnaire est-il comme celui du pauvre malheureux ? A-t-il le même sens ? Si on ose parler de logique quand il s’agit de religion, n’est-il pas logique qu’il soit imposé seulement aux riches ? Mais ce qui est vraiment insupportable est de voir des professeurs d’économie se défiler sur les écrans de télévision pour prêcher que le ramadan est le mois du Bien et de la bienveillance, comme s’ils n’avaient jamais entendu parler de l’envolée des prix durant ce mois. Comme si ce mois de ‘piété’ n’était-il pas le mois des spéculations par excellence, le mois des chiffres d’affaires !

Pourquoi tout le monde se voile la face, n’y a t-il pas une baisse flagrante de la productivité dans tous les secteurs d’activité pendant ce mois ? Les fonctionnaires ne désertent-ils pas leurs postes dans tous les pays islamiques en période de jeûne ? Quant à ceux qui croient ce que racontent les imams dans les mosquées sur la prééminence de la morale dans ce mois, une promenade dans les marchés et les places publiques leur suffiraient pour vérifier l’inanité de leurs paroles. Et voir les gens en manque, en rage.

La foi est une idéologie dominante, c’est le pire que peut avoir un pauvre, un riche ou un scientifique. Elle représente souvent un obstacle sérieux devant la transformation naturelle des groupements humains en société. Elle pousse généralement les hommes et les femmes à devenir un troupeau, pour ne pas dire des esclaves volontaires. Elle élève la servitude volontaire au rang de la vertu capitale. D’où l’uniformisation qui frappe les ensembles humains islamiques. Ni individualité, ni autonomie, encore moins la liberté. Parce que la religion est généralement un legs social en opposition radicale avec la liberté individuelle et la pensée autonome.

En un mot la religion en général, et l’islam en particulier, sont la négation absolue de toute autonomie subjective. Mais quand tout le monde est intégriste, il n’y a pas d’intégristes. Enfin aux yeux de ceux qui sont volontairement myopes. Est donc risible la situation des modernistes qui craignent l’instauration d’un ‘Etat théocratique islamique’ dans le monde arabe ! Comme s’ils étaient ivres morts, ces pauvres militent pour que n’advienne pas ce qui est déjà advenu depuis belle lurette. Ils ne combattent que les mots, quant au contenu, ils sont noyés jusqu’au cou dans l’Etat islamique et la charia. Mais si on accorde un seul point positif au mois de ramadan, ce serait celui par lequel il rappelle les ‘distraits’ qu’ils vivent bel et bien dans un Etat islamique moyenâgeux appliquant les lois coraniques à la lettre. Foulant aux pieds les principes élémentaires des Droits de l’Homme, la diversité religieuse…

Au mois de Ramadan, on constate clairement que les gens sont plus musulmans que citoyens. Et même les pays où vivent encore des dizaines de milliers de non-musulmans se transforment, dans ce sacré mois, en Ramdanistan. Comment pourrait-on revendiquer une démocratie politique tout en refusant catégoriquement la diversité dans les domaines de la pensée et les croyances ? Comment peut-on aménager des horaires de travail pour les jeûneurs et tout réorganiser pour eux durant ce mois sans aucune considération aux non- jeûneurs ? Y a-t-il une seule autorité arabe qui ne criminalise pas les dé-jeûneurs ? Y a t-il un seul gouvernement qui ne se considère pas comme tuteur exclusif de la vie métaphysique de ses sujets ? Quand est-ce que les petites gens cesseront-ils à leur tour de mettre leur nez dans les affaires philosophiques des autres ? Mettre leur nez en alerte pour détecter des odeurs de nourriture provoquées par un quelconque dé-jeûneur barricadé dans un appartement ou un bureau ? Débusquer un infidèle dégustant un café maure ?

A l’accoutumée, ceux qui ne jeûnent pas ou exactement ceux qui n’ont rien à voir avec cette pratique irrationnelle, se voient comme chaque année, condamnés à vivre dans la clandestinité. Comme vivaient les militants démocrates durant les heures les plus sombres du nationalisme et socialisme arabes. Et comme chaque année, des portes soupçonnées seront défoncées à la recherche des dé-jeûneurs cachés. Mais si les opposants politiques étaient soupçonnés de vouloir porter atteinte à la sécurité de l’Etat, les dé-jeûneurs sont inculpés d’un crime d’un autre genre : l’atteinte à la sécurité de la société islamique et ses fondements.

La faim, la paresse, le gaspillage, l’arrêt de l’activité économique, la diététique bafouée, l’envolée des prix…des fondements de la nation ! Ce comportement religieux tout à fait en décalage avec les impératifs du monde moderne, où les gens se trouvent psychologiquement en grève, où la société somnole le jour et mange la nuit…ce cirque annuel ne serait-il pas responsable en partie de l’état désastreux du monde arabe ? Ne serait-il pas un frein en plus devant son développement ?


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