Rencontre annuelle de l’UOIF au Bourget : Monsieur Ramadan, un faux intellectuel au service d’un islam communautariste tourné contre les libertés
par guylain chevrier
jeudi 12 avril 2012
Monsieur Ramadan a demandé samedi, lors de la 29e rencontre de l’UOIF au Bourget, "d'unir la France" et non de "la diviser". Mais autour de quoi ? "
Au lieu de parler de viande halal, de burqa, d'identité nationale et de diviser la France, il faut l'unir", a lancé M. Ramadan devant une salle comble, au 2ème jour de la Rencontre. Un joli tour de passe-passe dont Monsieur Ramadan a le secret, faux intellectuel mais vrai prédicateur, renvoyant sur la société française des divisions qui viennent d’une conception de l’islam qui est la sienne et celle de ses amis de l’UOIF. Car, si ces thèmes divisent, c’est bien parce qu’ils sont en fait le reflet d’inquiétudes légitimes des Français et des étrangers vivant en France, toutes convictions confondues. Car, ne nous y trompons pas, beaucoup de musulmans s’inquiètent, eux aussi, de la dérive d’un islam du repli, que symbolise largement l’UOIF habituée à inviter à ses journées du Bourget des islamistes radicaux. Il y a un discours d’enfermement passéiste s’appuyant sur une tradition conservatrice qui fait pression communautaire de plus en plus, sur la vie privée et les comportements de musulmans qui eux cherchent à s’intégrer, dont il faut protéger la liberté de choix. Le communautarisme va toujours avec un recul des droits et libertés des individus qui se trouvent hypothéqués dans ces espaces clos constitués à part de l’espace commun, car ils ne peuvent être garantis derrière l’écran du clan, son emprise sur les individus.
Le halal, la burqa, l’identité nationale : Circulez ! Il n’y a rien à voir.
Le halal ne serait pas un problème, ce qui est largement partagé par les candidats à la présidentielle, donnant ainsi à Marine Le Pen un boulevard dont ils ne se vantent pas. Pourtant, n’est-ce pas une provocation incroyable que d’apprendre qu’en achetant de la viande, on a une chance sur deux d’acheter du halal sans le savoir, si on tient compte de l’étude réalisée récemment pour le ministère de la culture (50% de la viande est halal selon ce rapport publiée par Le Point)1. Le fait quelle soit abattue selon un rite qui modifie les conditions sanitaires, sur un mode qui met l’animal inutilement en souffrance contrairement à l’étourdissement plus respectueux de l’animal, est banalisé, tout autant d’ailleurs le fait qu’on paye son denier au culte sans le savoir par viande halal interposée. Pourtant, les sacrificateurs présents lors de l’abattage se paient bien, dont on rémunère la présence dans le prix de la viande. Ceux-ci sont étroitement liés aux mosquées, puisque ce sont elles qui leurs donne leur certification contre monnaie sonnante et trébuchante, lorsqu’ils ne sont pas directement employés par elles. Un vrai scandale qui reste interdit de citer, véritable cas d’école du politiquement correct !
Ces questionnements légitimes seraient donc hors sujet électoral, voire relèveraient de la xénophobie, car il n’y aurait ici rien à voir ! On serait en droit d’obtenir pourtant qu’on étiquette la viande afin de mieux connaitre son origine comme pour tout produit, action on ne peut plus banale relevant du droit à la consommation, comme y invite l’Union Européenne. Mais ce serait sans doute là encore, stigmatisation insupportable…
La burqa ne serait pas un problème ? Elle qui enfouie l’identité de l’individu, de la femme ? Elle est effectivement tout le contraire de la pensée occidentale fondée sur la reconnaissance de l’individu et de ses droits imprescriptibles dont le droit à un nom, à un visage, à une identité, un droit fondamental qu’ici on entend retirer aux femmes dans l’espace public au nom d’une religion. Une mise en abime insuportable, jusqu’à l’accord de ces femmes elles-mêmes, montrant la dérive sectaire du salafisme, puisque c‘est bien lui dont relève cette pratique, dont d’aileurs un certain Mohamed Merah s’est lui-même revendiqué…
A ce propos d’ailleurs, Ramadan dit qu"Il faut bien sûr condamner les meurtres de Montauban et de Toulouse, sans hésitation, mais (...) ce que nous attendons d'un gouvernement ce n'est pas de faire de la surenchère", a-t-il ajouté. Aucune crique à travers cette pseudo-condamnation des risques de dérives d’un islam intégriste et sectaire qui est étroitement liée à cet événement épouvantable. Cette démarche du « oui mais » ou du « non mais » permet régulièrement ainsi d’éviter soigneusement toute critique de l’islam.
Les représentants du culte musulman n’avaient pas fait mieux ou moins bien lors de l’incendie de Charlie Hebdo, expliquant que ce n’était pas bien mais qu’ils comprenaient la colère des musulmans contre ce journal qui avait oser titrer sa Une « Charia hebdo » en référence aux événements en Tunisie et en Libye, où les islamistes ont fait le plein.
L’identité nationale diviserait ? C’est pourtant celle de la France dont nous n’avons nullement à rougir. Ce n‘est pas parce que certaines forces politiques l’instrumentalisent que ce soit pour rabattre les voix du FN ou pour la diaboliser afin de rabattre les voix des musulmans vers une gauche par trop accommodante, qu’elle serait à bannir. La France est une terre d’immigration et ne renie nullement cette dimension, elle ne l’a jusqu’à présent jamais fait contrairement à ce qu’induit un certain discours de victimisation. Notre pays a naturalisé 116496 étrangers en 2011 à faire prévaloir le droit du sol, deux fois et demi plus qu’en 1995. La France, un pays qui compte d’ailleurs le plus grand nombre de couples mixtes en Europe contre toute idée de mise à part.
Les diviseurs sont ceux qui, à travers la défense de ce qu’ils désignent comme « l’islam authentique » opposent à l’égalité le principe de différence comme premier dans l’ordre des valeurs. Mais aller dans le sens de cette inversion de valeurs ne serait pas sans conséquences, car imposer le principe de différence en remplacement de celui d’égalité aurait comme immédiate conséquence de détruire le socle sur lequel repose une protection sociale qui bénéficie à tous. C’est le principe d’égalité de traitement devant la loi inscrit à l’article premier de notre Constitution qui serait ainsi remis en cause, ce qui viendrait nécessairement à faire voler en éclat la solidarité nationale bouleversant les droits des Français comme des étrangers vivant sur notre sol.
Comme l’exprime assez bien un jeune candidat Tunisien à l‘émigration dans un dossier sur l’immigration du journal Le courrier de l’Atlas2 habitué en général à la critique de notre République : « Moi, je suis candidat à l’immigration, puisque j’entends poursuivre mes études en France. (…) Je pense que l’Europe, en particulier la France, sera toujours une terre d’accueil. L’hexagone est et reste toujours le pays des libertés. Pour s’en convaincre, il suffit de se rendre en Italie, en Angleterre ou même en Espagne. Dans ces pays, la couleur de ma peau ne m’a pas rendu d’énormes services. (..) Heureusement, je n’ai pas senti ce phénomène lors de mes passages en France. (…) La France doit être une locomotive pour tous les autres pays européens. » Voilà qui vaut mieux que bien des discours qui nous ramènent en arrière, pour ceux qui souhaitent la division et les faces à faces communautaires.
Le risque d’un islam conservateur rejetant la liberté avec les valeurs occidentales
Lorsque Hani Ramadan, le frère de Tarik, explique à la tribune de l’UOIF, lors de l’avant-dernier rassemblement de ce mouvement que, « l’islam souffre de se voir appliquer des critères réducteurs propres à la culture occidentale », ce sont tout simplement les valeurs de « Liberté, égalité et fraternité », la devise de notre République, qui se trouvent en première ligne de cette attaque avec la laïcité. Pourquoi ? Parce que l’objectif visé est celui d’imposer à la société française le principe d’un droit à la différence confinant à la différence des droits, chacun dictant les lois de sa communauté.
Il y a de quoi s’inquiéter du très mauvais signe ainsi donné aux musulmans, malmenant l’idéal d’une société française du brassage des populations qui a fait par leur mélange ce fameux creuset français qui est au cœur du principe d’intégration. Mais c’est surtout le rejet de l’Etat de droit dont il est question là. Cet Etat qui interdit l’accès du religieux au politique et impose leur stricte séparation, interdit à la religion de dicter sa loi au législatif comme c’est le cas peu ou prou dans tous les pays musulmans, y compris après le printemps arabe, où l’on confond allègrement pouvoir politique et religieux, où l’Etat qui fait respecter le droit ne se l’applique pas à lui-même, un principe pourtant en dehors duquel il n’y a pas de liberté pour l’individu pouvant tomber à tous moment sous son arbitraire. Le respect de la règle de droit portée au-dessus des différences et des religions est cet acquis de notre identité nationale imprescriptible, découlant d’une Révolution française qui a sans ambiguïté rompu le lien entre pouvoir politique et religion, entre le trône despotique et sa justification moral, l’autel, sans quoi il n’y eu jamais les droits de l’homme et du citoyen ! Un acquis qui a vu le jour en Occident, pas pour se montrer supérieur devant l’histoire envers quiconque, mais comme une découverte de caractère universel, bonne pour tous les peuples. Rien à voir donc avec un quelconque ethnocentrisme.
Il y a des règles d’organisation des sociétés qui représentent un bien commun qui seul garantit des libertés aux individus, dans l’ordre de l’histoire du développement du droit qui est étroitement lié aux révolutions qui ont amené l’homme à s’émanciper de bien des formes de domination dont la domination religieuse. On comprend que ceux-là ne cessent de s’en prendre aux valeurs dites occidentales où la séparation du religieux et du politique a été le préalable aux grandes transformations politiques et aux conquêtes sociales qui sont les nôtres dont notre identité nationale est riche.
Dans la continuité de ce rejet de nos valeurs collectives qui fondent la modernité démocratique, on ne peut que s’inquiéter de voir écrit dans un ouvrage consacré au droit musulman, fait par les avocats de la mosquée de Paris et de Lyon, publié aux éditions Dalloz3, éditions qu’on ne présente plus, les propos suivant : « Il est légitime qu’une religion combatte le renoncement à la foi. La perte de la foi est la fin de la religion, et la religion doit s’armer contre ce renoncement qu’elle analyse, pour le fidèle, comme un égarement, et pour elle, comme un péril. Une religion peut ainsi mettre en garde les fidèles contre l’affaiblissement de leurs pratiques religieuses. Le dogme peut également fulminer les sanctions les plus rigoureuses , visant à l’intériorisation du principe de fidélité (…) le droit est sans prise sur la foi » Voilà une déclaration qui télescope un des droits fondamentaux inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, celui relatif à la liberté de changer de religion. Qu’un tel livre, un manuel de droit à destination des musulmans, contienne une invitation on ne peut plus liberticide comme celle-là ne semble pas émouvoir médias et politiques, et devoir rester au secret, des fois que cela ne stigatise une fois de plus sans doute cette religion qui a pourtant besoin de réforme.
Ce dévoilement de ce que pensent ces conseils de l’islam officiel, ne peut que générer une légitime inquiétude dans la continuité du reste, à travers cette idée que « le droit n’a pas de prise sur la foi ». Une invitation faite aux musulmans à rejeter les lois de notre République, à ne pas accepter la liberté de concience qui est fondée sur le principe de choisir sa religion ou d’en changer. Une autre notion est avancée qui est véritablement centrale dans leur démonstration : « Au final, des aménagements de droit sont souhaitables pour que les musulmans puissent vivre sereinement leur foi, en toute authenticité, alors que rien ne justifie une remise en cause des religions, en droit interne, comme en droit européen ». Le voile, manifestation du refus du mélange d’un islam pratiquant qui rejette toute alliance hors de la communauté de croyance, est le porte drapeau de cette authenticité problématique. On voit ici comment cette religion est invitée par ces deux juristes à refuser toute adaptation à la modernité derrière cette notion de « foi authentique » qu’il faudrait respecter, facteur d’auto-mise à part. Et Monsieur Ramadan nous parle… d’unir ?
Gageure absolue, une Convention contre l’islamophobie pour interdire toute critique !
Lors de ce rassemblement, gageure absolue, a été lancée la première Convention contre l’islamophobie, ce concept tout droit sortit de l’esprit de l’Ayatollah Khomeini pour contrer toute crique à l’islam totalitaire qu’il avait initiée. Reconnaitre juridiquement ce terme reviendrait à reconnaitre le délit de blasphème, autrement dit la fin de la liberté de pensée et d’expression dans la continuité du procès du Conseil Français du Culte Musulman contre les caricatures de Mahomet.
Constat amère, une large partie de la gauche s’y réfère en faisant taire ainsi dans ses rangs toute critique de ce côté. Il y a une véritable complaisance des politiques et des médias au regard de cet islam qui glisse de plus en plus. Il suffit d’entendre M. Mélenchon qui ratisse large du côté de cet islam qui s’enferme, pour qui, critiquer cette religion, c’est « une instrumentalisation du bouc-émissaire musulman, comme avant c’était le juif, comme avant c’était le polonais… » Une victimisation qui interdit toute réflexion critique pourtant absolument nécessaire si on entend vouloir rendre service aux musulmans de France.
Il ferait mieux de dénoncer un Tarik Ramadan complaisamment relayé par les médias alors qu’il mène une critique permanente des valeurs occidentales dans l’émission qu’il anime sur la chaine officielle du gouvernement iranien, Press TV, symptôme d’un régime islamiste totalitaire qui se cache mal derrière l’illusion d’une démocratie qui ne sert qu’à brouiller la réalité qui est celle d’un régime qui arrête, torture et tue ses opposants, parfois pourtant très modérés. Monsieur Ramadan est un soutien indéfectible des régimes politico-religieux qui ont toujours été contre les libertés et bafouent les droits de l’homme, ne parlons pas de ceux de la femme… Il en fallait mille fois moins à une autre époque pour se déchainer contre les pays communiste de l’Est européen à propos des libertés !
L’islam, pour être soluble dans la République doit abandonner certains de ses attributs, tourner le dos aux Tarik et Hani Ramadan, comme le catholicisme a été amené à le faire, et l’exemple doit en être donné par les représentants officiels de cette religion, avant tout, C’est ainsi que sera imprimée sa direction à l’intégration, à la levée des malentendus, en arrêtant de réactiver sans cesse des discordes de l’histoire coloniale en forme d’alibi à cet islam anti-républicain et liberticide, entretenant mille ressentiments de part et d’autre.
Toujours et encore la laïcité, boussole de notre République pour tous.
Encore une fois, la laïcité, c’est ce beau principe qui porte l’intérêt général, le bien commun au-dessus des différences non pour les nier, mais pour qu’elles puissent d’autant mieux vivre en toute intelligence, garanties qu’aucune d’entre-elles ne vienne à prendre le pouvoir sur les autres. C’est le sens du progrès et d’une histoire commune à écrire avec tous ceux qui le souhaitent, croyants ou non. Pour exorciser les dangers de l’islam du repli, communautariste, du rejet de l’autre, la République égalitaire et solidaire, indivisible, laïque, démocratique et sociale, quel beau projet humaniste !
Unir qui disait...
1 - http://www.lepoint.fr/societe/halal-ce-que-nous-cachent-les-abattoirs-07-03-2012-1438746_23.php
2 - Le courrier de l’Atlas, numéro 18, septembre 2008, page 29.
3 - « Droit et religion musulmane », Chems-eddine Hafiz, inscrit au Barreau de Paris, est avocat de la Grande Mosquée de Paris et membre du bureau du Conseil français du culte musulman, Gilles Devers, inscrit au barreau de Lyon, est avocat de la Grande Mosquée de Lyon et chargé d’enseignement à la faculté de Droit de l’Université Jean-Moulin (Lyon II) étude de droit publiée chez Dalloz, 2005.
Guylain Chevrier, historien.