Scandales Berlu : l’Eglise s’immisce dans la vie politique italienne
par Catherine Segurane
mercredi 26 janvier 2011
Les hommes politiques immoraux portent atteinte à l’image du pays. C’est ce qu’a affirmé l’Eglise à propos de Silvio Berlusconi. Une dérive anti-laïque inquiétante, à dénoncer malgré le peu de sympathie que nous inspire le clown qui gouverne l’Italie. Berlu doit partir, c’est évident, mais la presse italienne se charge fort bien de son cas toute seule.
Silvio Berlusconi occupe en permanence la une des médias italiens par ses diverses frasques et en particulier par ses parties fines présumées. La dernière est le Rubygate, du nom d'une jeune fille marocaine, mineure au moment des faits, avec laquelle il est accusé d'avoir eu des relations tarifées. Une enquête a été ouverte par le Parquet.
Le journal de gauche L'Unità a lancé une campagne de presse baptisée "Basta", et une pétition a recueilli plus de 2000 signatures de femmes qui tiennent à faire savoir que toutes ne sont pas des prostituées. Il ne se passe pas un jour sans que des récits de parties fines, fassent la une des journaux, toutes tendances politiques confondues maintenant. Ils proviennent d'écoutes téléphoniques ordonnées par le Parquet et obtenues par la presse d'une façon ou d'une autre.
Berlusconi a exclu de démissionner, se disant serein et assurant qu'il s'amusait beaucoup.
Il a cependant perdu son sang-froid à plusieurs reprises, la dernière fois en direct à la télévision.
On voit par ces exemples que la presse et l'opinion publiques italiennes ont pris son dossier en main et finiront par réussir à le faire partir sous les huées.
Dans un tel contexte, il n'y avait aucune utilité à ce que l'Eglise vienne mettre son grain de sel pour voler au secours de la victoire dans les tous derniers moments d'une bataille sur le point d'être gagnée.
Les hommes politiques immoraux portent atteinte à l'image du pays, nous dit-elle. Oui, certes, le pays s'en est aperçu, et il fait ce qu'il faut pour résoudre le problème.
L'intervention de l'Eglise n'ajoute rien. C'est à son seul profit qu'elle pousse ses pions en s'autorisant à interférer dans la vie politique sous prétexte d'immoralité.
Pour ce premier empiètement sur les prérogatives de l'Etat, elle a soin de choisir son exemple. Il est évident que nul n'est prêt à défendre Berlu. Mais, si l'habitude se prend de permettre à l'Eglise de juger de la moralité des politiques, un petit pas suivra un autre.
La morale est chose trop importante pour la laisser à l'Eglise. Nous sommes tous choqués par les affaires de parties fines, mais il nous est aussi permis de souligner que, moins une femme est vulnérable, moins elle peut être conduite à vendre son corps, et que la contraception et l'avortement sont des éléments-clés pour rendre les femmes moins vulnérables.
Dieu se rit de celui qui déplore les effets dont il chérit les causes, et bien des femmes rient (jaune) de voir l'Eglise déplorer la prostitution tout en leur refusant la maîtrise de leurs corps et de leurs destins.