Sommet mondial des leaders religieux à Bakou

par Alain Roumestand
lundi 18 novembre 2019

Alors qu'en France, antisémitisme, christianophobie, islamophobie sont au coeur des débats de l'actualité récente, les 14 et 15 novembre s'est tenu dans la capitale de l'Azerbaïdjan, Bakou, le deuxième sommet mondial des chefs religieux en présence de plus de 500 représentants et délégués de 70 états, de 25 religions dont le christianisme, le judaïsme, l'islam, le bouddhisme..., personnalités religieuses influentes, personnalités politiques, scientifiques, délégués d'organisations internationales dont l'O.N.U.

Pour juger de l'éclectisme des participants on a pu noter, entre autres personnalités, la présence du patriarche orthodoxe de Moscou, Kyrill, du secrétaire général du centre international pour le dialogue interreligieux et interculturel d'Arabie Saoudite, du chief rabbi de Jérusalem, de la conférence des présidents des principales organisations juives américaines, du cheikh Pachazadé chef de la direction des musulmans du Caucase, de la présidente géorgienne, du centre Simon Wiesenthal, du congrès des dirigeants chrétiens des U.S.A., du haut conseil islamique algérien,du secrétaire général de la ligue islamique mondiale.

L'Azerbaïdjan, état laïc, se veut exemplaire dans la promotion du multiculturalisme, de la tolérance, de la solidarité interreligieuse, avec notamment des aides financières fournies pour le développement des communautés religieuses azerbaïdjanaises. Il n'est donc pas étonnant que l'organisation de ce sommet soit positionnée à Bakou, avec sa prise en charge par le président du comité d'état pour le travail avec les organisations religieuses, Mubariz Gurbanli.

Pendant les 2 jours les actions des leaders religieux contre le terrorisme, la xénophobie, l'islamophobie, l'antisémitisme, la christianophobie, les violences religieuses en tous genres, ont été à l'ordre du jour. Par l'activité conjointe des leaders religieux, des personnalités politiques et de la société civile, a été évoquée la prise de responsabilité des jeunes, la protection des droits des enfants, la protection des droits des femmes (on rappellera qu'en Azerbaïdjan, pays à majorité musulmane, les femmes ont le droit de vote depuis 1918 et qu'elles ne portent pas le voile).

Il a été acté que" le dialogue entre les civilisations est l'expression d'un besoin humain né des bouleversements accélérés qui secouent la scène internationale"."L'humanité traverse aujourd'hui une phase critique de son histoire où le dialogue doit être érigé en option statégique pour relever les défis majeurs qui se dressent devant la communauté internationale. La coexistence entre les peuples et les nations, étant un défi et pas des moindres, le dialogue s'avère être le moyen le plus sûr pour matérialiser cet idéal, en dissipant les causes des tensions et des antagonismes à l'origine des crises internationales".

"L'impératif de la coopération entre tous les pays, dans la lutte contre les idéologies extrêmistes étrangères aux religions qui prônent la tolérance", a été maintes fois rappelé.

Déjà en 2010 lors du premier sommet mondial des leaders religieux, le président du comité de direction de la conférence des rabbins européens, Pinchas Goldsmith, avait noté" la qualité du dialogue entre les adhérents de l'islam, du christianisme, du judaïsme, du bouddhisme et des autres". Il avait mis en avant "la tolérance qui signifie le respect des autres opinions".

Lors de la cérémonie d'ouverture de ce deuxième sommet, le patriarche Kyrill a déclaré que "les décennies écoulées ont été marquées par plusieurs conflits et une expansion sans précédent du terrorisme"."Le terrorisme répand le sang d'innocents et de citoyens ordinaires". "Le Sri Lanka, la Nouvelle Zélande, la Syrie, l'Irak, l'Afghanistan, l'Allemagne, la France, il s'agit d'une petite liste de pays dans lesquels des actes terroristes ont secoué le monde au cours des dernières années. Nous devrions avouer qu'il existe une véritable guerre contre les religions traditionnelles". "Les idéologues des mouvements extrêmistes utilisent le manque d'expérience chez les jeunes". "En tant que chefs religieux, nous ne devons pas seulement rejeter et condamner l'extrêmisme, mais également diffuser les valeurs incontestables, telles que la famille, le mariage, le respect des personnes âgées, le respect du choix de la religion, le soutien aux opprimés et aux pauvres au sein de la société".

La déclaration de Bakou, adoptée par les participants, a conclu ce sommet en mettant l'accent "sur le développement de la coopération internationale, la formation de relations entre l'état et la religion, le renforcement des relations intercivilisationnelles et interreligieuses, la préservation des diverses valeurs nationales et culturelles, les traditions du multiculturalisme en Azerbaïdjan". "Le droit humain fondamental de pratiquer sa religion sans aucune ingérence gouvernementale est imprescriptible".

Le président Ilham Aliyev a pu rappeler que Bakou était devenu un vrai centre de dialogue interreligieux ; l'Azerbaïdjan, pont naturel entre l'Europe et l'Asie, contribuant au développement des liens entre les mondes chrétien et musulman.

Le patriarche Kyrill, Mehriban Aliyeva et Ilham Aliyev

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