Sunnites et chiites
par ÇaDérange
jeudi 7 septembre 2006
Les évènements du Moyen-Orient et l’émergence d’un islamisme radical m’ont amené à esayer de comprendre les différences entre les sunnites et les chiites, deux branches de l’islam très présentes au Moyen-Orient.Voici ce que brièvement j’en ai conclu.
Les sunnites sont la branche majoritaire de l’islam. Ils sont environ 800 millions dans le monde. Les chiites sont une branche dissidente, en quelque sorte. Ils sont 100 millions environ, particulièrement présents en Iran, en Irak et au Liban (Hezbollah).
La séparation entre ces deux branches date de la succession de Mohammet après sa mort. Les musulmans élirent alors Abou Bekr comme calife, c’est-à-dire continuateur de la mission de Mahomet, pendant les obsèques de Mahomet dont l’organisateur principal était Ali, le gendre de Mahomet et mari de sa fille Fatima. Deux autres califes lui succédèrent, qui sont toujours considérés comme saints par les sunnites d’aujourd’hui, Omar et Osman. Ali succède alors à Osman comme calife. Il prône alors une grande rigueur dans l’application du Coran, et veut instituer des règles de succession qui limitent aux descendants du prophète la possibilité d’être calife. D’autres différences doctrinales importantes apparaissent, et c’est le chisme entre les musulmans majoritaires et les partisans d’Ali. Chiites signifie d’ailleurs partisans d’Ali. Une guerre s’ensuivra pendant deux générations entre sunnites et chiites, qui s’achèvera par la défaite des chiites à Kerbala, en Irak, où le fils d’Ali et son successeur comme calife, Hussein, seront battus et tués. A partir de là, ce sera la rupture définitive entre sunnites et chiites, et la haine entre les deux camps.
La conception religieuse des sunnites est très différente de celle des chiites. Les sunnites reconnaissent le Coran comme Livre sacré, mais également la Sunna, qui est le recueil des traditions. D’où le nom de sunnites. Pour les sunnites, il n’y a pas d’intermédiaire entre Dieu et le croyant qui est son propre prêtre, et il n’y a pas de hiérarchie religieuse. L’imam sunnite peut donc être n’importe quel croyant, et n’est qu’un organisateur temporel des prières.
Le rite sunnite s’est par contre diversifié en différentes obédiences, le rite malekite (de l’imam Malik), le rite shaféite (de l’imam Chafai), le rite hanefite et le rite hanbalite. Vous avez peut-être entendu parler du wahhabisme, qui est une variante du rite hanbalite pratiqué en Arabie séoudite, et du salafisme, autre variante du rite hanbalite, toux deux plutôt fondamentalistes.
La conception religieuse chiite considère que le Coran n’est pas compréhensible par tout le monde, et qu’il a une forme littérale et une forme ésotérique qui nécessite études et longue pratique. D’où la nécessité d’une hiérarchie religieuse, dont le chef suprême est l’imam, seul habilité à interpréter le Coran, et infaillible dans ses interprétations.Il a un pouvoir temporel et religieux très étendu, et ne se compare en rien avec les imams sunnites sans pouvoir religieux. Les fidèles lui doivent allégeance.
Le dogme chiite reconnaît l’existence de douze imams depuis le premier d’entre eux, Ali. Le douzième a disparu en 874 pour échapper à des poursuites, et son existence est considérée depuis comme "occulte", c’est-à-dire qu’il a une présence intellectuelle et invisible, et peut faire passer ses messages aux fidèles. Il est considéré comme devant réapparaître à la fin des temps sous le nom d’Imam mahdi ou caché. C’est une différence considérable avec le dogme sunnite qui, lui, considère le Coran comme immuable, Mahomet comme le dernier prophète, et rejette toute hiérarchie entre le croyant et Dieu.
Il existe une autre branche du chiisme dont vous avez peut-être entendu parler, les ismaéliens, qui ne reconnaissent, eux, que sept imams depuis Ali. Ils sont présents dans l’Océan indien et en Afrique orientale, et sont dirigés par le célèbre Aga Khan, dont la femme est la Begum.
Enfin, les lieux saints du chiisme, en dehors de la Mecque, sont situés à Nadjaf où est le mausolée de l’Imam Ali, et à Kerbala, où est celui de son fils Hussein. Villes dont vous entendez parler régulièrement dans les nouvelles d’Irak.
D’un côté, donc, une réligion très ouverte et sans chef, de l’autre, une religion très organisée et structurée.