Un pas vers un étiquetage de la viande abattue sans étourdissement

par Catherine Segurane
jeudi 21 avril 2011

On n'y croyait plus et ce n'est pas encore gagné, mais un pas important a été fait en direction d'un étiquetage transparent des viandes abattues sans étourdissement (halal et casher). Tel est le sens du vote de la commission de l'environnement du Parlement européen. Si cet étiquetage voit le jour, ce sera une victoire des associations de défense des animaux, ainsi que du courant laïc. Ce vote a été obtenu en dépit d'une consigne de vote négative du Parti Populaire européen (PPE), dont fait partie l'UMP. On sait que, malgré les débats médiatisés sur la laïcité, le gouvernement français n'a pas ménagé ses efforts pour favoriser les viandes halal et cashère, y compris en trompant le consommateur.

L'étiquetage devrait mentionner, quand c'est le cas, "Abattage sans étourdissement".
 
La commission a approuvé ces propositions par 57 voix pour, 4 voix contre et une abstention, donnant à la rapporteure Renate Sommer (PPE, Allemagne) un mandat fort pour entamer les négociations afin de conclure un accord en deuxième lecture avec le Conseil avant le vote du Parlement en plénière prévu en juillet.
 
Cette information du consommateur était réclamée par les associations de défense des animaux, ainsi que par les milieux laïques attachés à leur liberté de ne pas participer à un rite religieux (ici, un rite sacrificiel) sans le vouloir.
 
En effet, les enquêtes des associations de défense des animaux, sous l'impulsion en particulier de la Fondation Brigitte Bardot, ont montré que les règles barbares de l'abattage sacrificiel faisaient tâche d'huile, et que la viande abattue rituellement se retrouvait dans les circuits commerciaux ordinaires, sans mention des conditions d'abattage, à la suite de toutes sortes de circonstances, geste sacrificiel raté, par exemple, ou commercialisation des arrières d'animaux (certains rabbins estimant que seul l'avant peut être casher). 
 
Il peut paraître ahurissant, au XXIème siècle, que le consommateur ne puisse faire son choix de façon éclairée, et qu'il soit fait si peu de cas du droit à ne pas participer à un rite. Comme si la liberté religieuse n'incluait plus la liberté de ne pas croire ! 
 
C'est pour un simple étiquetage que l'on se bat, et celui-ci n'est même pas encore obtenu de façon certaine. Il faut préciser que les filières religieuses (juifs et musulmans d'accord sur ce dossier) ont mis tout leut poids dans la balance pour faire financer par le consommateur ordinaire des filières qui devraient en théorie être structurellement déficitaires.
 
Face à ces apétits des filières religieuses, le droit du consommateur représentait bien peu de chose. Le ministère de l'Agriculture eut l'occasion de répondre, en substance, dans une question écrite, que nous mangeons tous halal ou casher sans le savoir, et qu'il s'accommodait de cette situation.
 
Le gouvernement français, à l'occasion des discussions européennes, ne ménagea pas ses efforts pour défendre le "droit" des filières halal et casher de se financer en trompant le consommateur.
 
Brice Hortefeux avait déclaré, à l'occasion d'une fête juive :
 
"Je pense, enfin, aux avancées obtenues en matière d’abattage rituel. 

Je me réjouis, d’abord, que ces avancées aient été obtenues en partenariat avec les représentants du culte musulman. C’est, à mes yeux, un signe fort du dialogue des religions rendu possible par notre modèle de laïcité

Comme vous le savez, nous avions obtenu ensemble, à l’automne 2009, la publication d’un nouveau règlement européen relatif à l’abattage rituel qui assurait une stabilité pour la shehita. 

Aujourd’hui, alors qu’un vote au Parlement européen pourrait remettre ce travail en question en imposant un étiquetage discriminant pour l’abattage rituel, nous restons particulièrement vigilants. Vous pouvez compter sur ma mobilisation et celle des députés français au Parlement européen pour que le projet n’aboutisse pas."
 
Oui, vous avez bien lu : il avait qualifié de "discriminant" un simple étiquetage sincère !
 
Mais le dossier a évolué, et ces vilaines manoeuvres échoueront peut-être.
Souhaitons le pour le bien-être des animaux, et pour le respect des humains, qui ont le droit de refuser de participer aux pratiques religieuses qui heurtent leur conscience, et tout simplement de savoir ce qu'ils achètent.

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