Une certaine hypocrisie historique

par Polgrad
jeudi 10 avril 2008

Les jeux Olympiques ou comment faire son marché dans l’Histoire.

Les jeux Olympiques !

Derrière ces quelques mots se cache une longue histoire, auréolée de prestige et de symbole. Seulement, si les Jeux jouissent de valeurs nobles, invitant au dépassement de soi et au rassemblement entre les individus, il y a une autre histoire dans l’Histoire. Des petits détails volontairement occultés.

Mais d’abord, petit récapitulatif.

Originellement tenus dans la Grèce antique, les jeux Olympiques ont été remis au goût de l’époque et réintroduits par le baron Pierre de Coubertin à la fin du XIXe siècle. Les jeux Olympiques modernes ont lieu depuis 1896 tous les quatre ans, hormis lors des deux guerres mondiales.
C’est ce qui est généralement retenu ; les jeux Olympiques modernes sont une "restauration" des jeux Olympiques antiques. Ce qui signifie qu’on remet en place ce qui se faisait avant. Oui, mais avant, qu’elle était l’origine des Jeux ?
Jadis donc, les jeux Olympiques - antiques - étaient un concours sportif pentétérique (qui a lieu tous les quatre ans) organisé entre les cités grecques antiques en l’honneur de Zeus Olympien, ce qui donna l’adjectif olympique. Ils prennent place pour la première fois en 776 av. J.-C. et perdurent pendant plus de mille ans.

Intéressant.

Très intéressant, puisque, même si aujourd’hui les Jeux sont unanimement considérés comme une compétition sportive - et surtout une incroyable manne financière, ils n’en restent pas moins une fête religieuse. C’est un fait avéré dans la mesure où on fixe traditionnellement les derniers Jeux en 393 ap. J.-C., peu après l’édit de Théodose ordonnant l’abandon des lieux de cultes de la religion grecque, au profit du christianisme. Même éclipsée, cette dimension religieuse demeure bien ancrée dans la réalité, puisque l’adjectif "olympiques" reste collé au mot "jeux", et que la flamme est allumée en Olympie, lieu de résidence de ce cher barbu maître de la foudre. Alors, même si personne ne le sait, n’y pense ou ne le dit, les jeux Olympiques modernes restent à ce jour l’ultime célébration à l’échelle planétaire d’un culte païen.

Intéressant donc de voir que des pays de type musulman participent aux jeux Olympiques sachant que l’islam est contre toute forme de culte païen. A croire que l’argent saurait être plus fort que la foi...

Mais ça ne s’arrête pas là.
Était précédemment mentionnée la flamme olympique. Si les Jeux ont plusieurs symboles, le plus important est sans conteste la flamme olympique.
La flamme olympique.
Également appelée torche olympique, la flamme est allumée au cours d’une cérémonie par des femmes vêtues de tuniques similaires à celles portées par les Grecs de l’Antiquité. La cérémonie se déroule à Olympie, en Grèce, à l’aide de rayons du soleil concentrés par un miroir parabolique. Un fois embrasée, la flamme sacrée est communiquée à une torche qui est portée, si possible à pied, vers la ville organisatrice des Jeux. La grande prêtresse remet elle-même le flambeau au premier relayeur. Chaque participant porte ensuite la torche olympique sur une courte distance et la remet à un autre porteur. La fin du relais de la flamme olympique annonce la cérémonie d’ouverture des Jeux. Le dernier porteur, généralement un champion sportif du pays organisateur des Jeux, allume avec la torche olympique une vasque monumentale, laquelle brûle pendant toute la durée des Jeux.
La flamme est finalement éteinte lors de la cérémonie de clôture.
Ce que la majorité des gens ignorent, c’est d’où provient cette tradition de la torche.
Tout remonte aux jeux Olympiques d’été de 1928, à Amsterdam, où la flamme olympique a brûlé pour la première fois. Il n’y avait pas encore de relais pour porter la torche. Puis, sur une idée de Carl Diem, retenue par un certain Joseph Goebbels et approuvé par un non moins célèbre A. Hitler, le premier relais avec la torche eut lieu lors des jeux Olympiques d’été de 1936 à Berlin. Dès lors, à chaque Jeux, les sportifs trimballent fièrement la flamme de par le monde, ignorant qu’ils participent indirectement à la glorification du IIIe Reich, puisque tel était le but à l’origine.

Un fois encore, intéressant donc, de voir que les Jeux célèbrent à la fois une religion et un régime totalitaire respectivement disparue et battu. Le passé a ainsi un tel poids qu’on en viendrait presque à se demander le bien-fondé d’appeler de nos jours cet événement les jeux Olympiques MODERNES ...

En fait, si la flamme et l’Olympie ont toujours cours, c’est davantage pour l’aspect mythologique. L’Histoire et les petites part d’ombres sont ainsi laissées à l’écart au profit des symboles.

Toutefois, si les symboles perdurent, une autre tradition des Jeux n’est plus.
En effet, dans l’Antiquité, parallèlement aux Jeux, une trêve était proclamée par des hérauts qui parcouraient toute la Grèce, ceci dans le but d’assurer la sécurité des athlètes et des visiteurs qui se rendent à Olympie. Les cités grecques n’avaient ainsi plus le droit de se livrer à des guerres, et ce durant toutes la durée des compétitions. Et, si guerre il y avait, les contrevenants étaient sévèrement punis.

Il est ainsi regrettable qu’en restaurant les Jeux Pierre de Coubertin n’ait pas porté un soin plus approfondi à sa démarche historiciste. Car, en ces temps troubles, une telle trêve eût été la bienvenue.

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