Y aurait-il un gène musulman de la violence ?

par Tristan Valmour
mercredi 11 octobre 2006

 La profusion d’articles assimilant islam et violence, qu’ils soient écrits par un professeur de philosophie dans un grand quotidien national ou par un cardiologue dans un média citoyen, nous conduit à poser cette question absurde : y aurait-il un gène musulman de la violence ?

Tout porte à croire en la présence d’un tel gène, car des études « irréfutables » affirment que la majorité des conflits implique des musulmans, aussi l’islam en serait-il forcément la cause. Il est pourtant inutile de pousser ses études d’astrophysique jusqu’au doctorat pour conclure que si toute planète est ronde, la rotondité d’un corps céleste est une caractéristique insuffisante pour définir une planète.

Si l’islam était une religion singulièrement violente, elle ne réunirait pas autant de pratiquants, car on ne peut soupçonner l’espèce humaine de se complaire dans ce qui la détruit, même s’il en va différemment de certains individus qui la composent. Les musulmans qui subissent les affres d’un islam vicié sont les premiers à dénoncer, non pas leur religion, mais la pratique qu’en retiennent certains potentats avides d’étendre leur domination.

Si l’islam était une religion singulièrement violente, alors notre pays serait déjà en proie à une guerre civile, car on ne peut ignorer que les musulmans sont nombreux à vivre parmi nous, et nous parmi eux. Non, les crimes et délits qui brisent la concorde ne se revendiquent pas tous de l’islam ni d’une quelconque autre religion.

Il y a conflit lorsque d’une part, l’équilibre des forces est rompue, lorsque d’autre part, la pulsion dominatrice des dépositaires du pouvoir cède à la tension perpétuelle dont ils sont l’objet. La religion n’est qu’un prétexte pour s’assurer le soutien des populations.

Les musulmans, comme les chrétiens, les juifs et les bouddhistes, sont des pères et des mères qui aspirent à une vie meilleure pour leurs enfants. Il n’y a rien de plus universel.

Convenons que si l’islam n’est pas une religion singulièrement violente, elle fascine et dérange. Et si le problème de l’islam en France n’était que le symptôme d’une maladie que nous découvrons aujourd’hui : la disparition de la nation française ?

La nation française se caractérisait par une culture latine, une langue française et une religion chrétienne. Pour exister, toute nation a besoin de se retrouver en des valeurs communes, qui rassurent parce qu’elles fondent une identité ou une appartenance en laquelle on peut se retrouver. La culture latine a disparu avant « l’invasion » musulmane, la langue s’est appauvrie et n’est qu’imparfaitement pratiquée par nombre de « Français de souche ». Quant à la religion chrétienne, elle a été ringardisée, décrédibilisée par tous ceux qui oeuvraient pour un intégrisme laïque. Voir un couple avec quatre enfants en tenue « bleu-blanc-vert » ne fait-il pas naître un certain nombre de sourires moqueurs ? Les cathédrales ne sont-elles plus que des monuments morts que l’on visite un sandwich à la main ? L’idée de foi paraît ainsi incongrue aux yeux de beaucoup.

Nous nous sommes évertués à détruire le ciment de notre nation sans proposer aucune option fédératrice. Nous parlons la langue mercatique, épousons la culture commerciale et adorons le dieu dollar. Tel est le problème.

La religion musulmane n’est pas plus monolithique que la religion chrétienne ou juive, et on ne peut, sous la conduite d’une quelconque autorité morale ou intellectuelle, leur dénier toute subtilité, surtout si celle-ci nous échappe. Croire que tous les musulmans sont semblables reviendrait à nier l’individualité comme essence première de l’homme. Or cette individualité, même si elle s’abreuve à la source d’une identité sociale certaine, n’en demeure pas moins une réalité que l’on ne peut ignorer sous prétexte qu’il nous est plus facile de rejeter que de comprendre.

Pour accueillir l’altérité comme une chance de s’éveiller, il faut être sûr de soi, or nos interrogations sont aujourd’hui trop nombreuses pour que nous y soyons attentifs. Nous ne devons pourtant nourrir aucune inquiétude envers la montée de l’islam, puisque les musulmans vont progressivement nous imiter. N’avons-nous pas en effet le meilleur modèle à proposer ?

L’islam fait peur, non pas parce qu’il est effrayant, mais parce qu’il vient révéler la crise identitaire dont l’Occident est l’objet. Or cela renvoie directement à notre vide, à notre solitude, à l’absence de projet ambitieux qui pourrait ranimer notre fierté et donner des couleurs à notre drapeau. Oui, nous avons bâti une société de gestionnaires, et cela a tué tout le reste.


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