Pour le plaisir et la poésie des mots : l’île !

par rosemar
lundi 14 août 2017

 Pour le plaisir et la poésie des mots : l'île !

"Chacun de nous porte en lui ses propres îles, refuges contre la bêtise, la laideur et la sourde contrainte d'un ordinaire non-désiré.", voilà une réflexion de Jacques Chancel qui donne à l'île toute sa dimension onirique...

L'île est souvent l'image d'un monde lointain, exotique, idéalisé... La mer toute proche nous fait sentir des parfums aux embruns de sel, et d'algues, la mer nous fait entendre ses murmures incessants, un doux bruissement des flots renouvelés sur le sable, des miroirs de lumières, des ondoiements de vagues qui réflètent des soleils dupliqués.
La mer, l'inconnu, le mystère, l'infini et l'évasion, le rêve...
La mer et ses vagues ondoyantes...

Des efffluves de pins se mêlent aux senteurs ambrées de l'eau, l'air vif nous emporte sur la vague marine, et nous enivre de liberté...

Le mot "île", dans sa brièveté, suggère bien un espace limité, entouré d'eau, l'accent circonflexe lui confère une certaine singularité.
L'île représente un microcosme, un paradis, un idéal de bonheur.

Ce mot ancien vient d'un terme latin, "insula" qui s'est abrégé en français... On retrouve l'ancien radical latin dans les noms "insulaire, péninsule"...

L'île, c'est le lieu, par excellence, de l'imaginaire utopique, un monde idéalisé qui représente l'envers de la réalité, un lieu où l'on peut atteindre un bonheur paradisiaque.

Baudelaire décrit ce bonheur dans nombre de ses poèmes, on songe, ainsi, à un sonnet intitulé Parfum exotique...

"Une île paresseuse où la nature donne
 Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
 Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
 Et des femmes dont l'oeil par sa franchise étonne..."

L'île est souvent, dans l'oeuvre de Baudelaire, un lieu rêvé, symbole d'évasion, de liberté, d'exotisme, de voyages...

 C'est Thomas More qui, le premier, au seizième siècle, décrivit une île merveilleuse qu’il nomme Utopia, un lieu idéal où regne une société égalitaire, sans misère, sans contraintes.

Ce lieu utopique permet à Thomas More de se livrer à une critique du monde réel, dominé par l'argent, la cupidité, le désir de domination...

L'île sépare, isole, met à part : c'est un lieu d'exception, dans tous les sens du terme, un lieu qui permet de rêver à un monde meilleur.
Depuis les origines de notre littérature, depuis l'Odyssée du poète Homère, l'île est un motif qui a inspiré de nombreux auteurs : l'île fascine, c'est le pays de "nulle part", un monde inventé qui permet de s'évader dans le rêve, un monde à part...
L'île de Calypso, celle qui vit cachée, loin du monde, hors du temps, l'île de Circé la magicienne, l'île des lotophages, les mangeurs de lotus, autant d'images d'îles mystérieuses que l'on trouve dans l'Odyssée, des îles mythiques, lointaines.

Le verbe "isoler" et ses dérivés sont issus du même radical que le nom de l'île... Les insulaires, entourés d'eau, se retrouvent, parfois, isolés du reste du monde.

On retrouve, avec ce mot, un ancien terme venu du latin, que des évolutions phonétiques ont transformé notablement...
On retrouve un mot chargé d'histoire, venu du passé...
 
La consonne "s" du mot "insula" a laissé, sur ce nom, un accent circonflexe, un joli signe orthographique, comme un embrun venu de la mer !

 

Vidéo :

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2016/08/une-ile-paresseuse.html

 
 
 
Photos : Christelle L'île d'Amorgos

 

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