La crise, prétexte pour imposer le travail le dimanche ?
par Jean-Louis Bianco
vendredi 31 octobre 2008
À la suite des nombreuses déclarations de Nicolas Sarkozy (dans lesquelles il aime répéter sans cesse la même blague - en matière de communication politique, la répétition est sans doute la meilleure des rhétoriques), la polémique du travail du dimanche est relancée.
Ensuite, cela ne créera aucun emploi. Si la grande distribution embauche davantage d’employés (souvent dans des conditions particulièrement précaires), nous savons que ce sont les petits commerces qui pâtiront de cette concurrence déloyale et qui devront supprimer des postes.
Alors que la crise financière devrait nous rappeler à la nécessité de plus de régulation, à refuser que le marché impose ses règles, elle sert visiblement de prétexte à l’idée d’aller chercher la croissance en imposant le travail du dimanche. Il ne s’agit plus de créer des emplois, mais d’éviter leur destruction. Notons qu’en réalité, la proposition gouvernementale ne contient même pas le doublement du salaire avancé comme argument. Et le droit au refus du salarié, avancé comme l’arme fatale est absurde. Comme cela est développé sur rue89, cela "revient à prétendre qu’il suffirait d’inscrire le droit de refuser le harcèlement pour qu’il disparaisse, ou de penser que la question n’est pas un critère d’embauche".
Nicolas Sarkozy a essayé de justifier l’ouverture dominicale par l’argument touristique. Mais si nous recevons autant de touristes, c’est sans doute, comme le rappellent les syndicats, pour notre art de vivre que nous devons conserver. Nous devons continuer de profiter de nos musées, de notre patrimoine historique, de nos marchés traditionnels qui seront fermés si les grandes surfaces ouvrent le dimanche.
La majorité prend prétexte de la crise pour déréguler un peu plus ce qui est vu comme un frein au développement des grands groupes, au mépris de la qualité de vie et des avancées sociales durement acquises. À ce rythme-là, on nous expliquera bientôt que la crise justifie l’alignement du droit du travail français (trop contraignant c’est bien connu) sur le droit chinois.
Le dimanche doit rester le jour de repos commun, pour permettre à tout le monde de se retrouver. Notre vie n’est pas faite seulement pour produire et consommer, heureusement.